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L'Homme tombé du ciel

Walter S. TEVIS

Titre original : The Man Who Fell to Earth, 1963
Première parution : New York, USA : Gold Medal Books, février 1963 (révisé en 1976)   ISFDB
Traduction de Nicole TISSERAND
Traduction révisée par Pierre-Paul DURASTANTI
Illustration de EIKASIA

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 154 suivant dans la collection
Dépôt légal : mars 2004
Roman, 274 pages, catégorie / prix : F8
ISBN : 2-07-042799-4
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Il est venu seul de sa planète détruite par les guerres et dont la civilisation va disparaître. Il est venu chercher de l'aide, mais à qui peut-il s'adresser sans passer pour un envahisseur ? Pourtant, si les rescapés d'Anthéa parvenaient à le rejoindre sur Terre, leur science et leur expérience pourraient éviter à notre planète de subir un destin similaire. Mais il est si seul, écrasé par une pesanteur trop forte, malhabile, malheureux malgré la fortune que lui rapportent ses brevets d'inventions...
     Et puis, que peut apporter à sa race ce monde arriéré qui a brisé ses ailes ?
     Une oeuvre mélancolique et grave, qui a donné lieu à une adaptation cinématographique où David Bowie, plus diaphane que jamais, tenait magistralement le rôle de L'homme qui venait d'ailleurs.

     Professeur de littérature à l'université d'Ohio, Walter Tevis (1928-1984) fait ses débuts d'écrivain dans la revue Galaxy en 1957. Il publie L'Homme tombé du ciel, son premier roman, en 1963. Puis Tevis cesse d'écrire pour faire un retour en 1980 avec L'Oiseau d'Amérique, qui sera comparé, à sa publication, au Meilleur des mondes d'Aldous Huxley.
Critiques
     David Bowie ayant merveilleusement incarné à l'écran L'homme qui venait d'ailleurs (c'était le titre du film), il est préférable de se souvenir de cet « homme tombé du ciel » sous les traits du créateur de Diamond Dogs et Ziggy Stardust plutôt que de s'inspirer de la couverture de cette nouvelle édition pour se représenter T.J. Newton, alias Rumpelstitskin (les spécialistes des frères Grimm apprécieront). En effet, si les idées de l'illustrateur sont à la fois intéressantes et cohérentes avec le texte, le résultat est d'une laideur repoussante. À tel point que j'ai été tenté de conseiller aux lecteurs qui souhaiteraient acquérir l'ouvrage aujourd'hui de chercher chez les bouquinistes l'une des éditions antérieures, chez Denoël « Présence du Futur ». Toutefois, je n'en ferai rien, car qu'importe finalement la couverture ? Le contenu est infiniment plus passionnant, et, à ce sujet, pas de doute : la traduction révisée par Pierre-Paul Durastanti est tellement plus fluide que celle des versions précédentes qu'aucune hésitation n'est permise. Donc, même si vous avez encore dans votre bibliothèque un Homme tombé du ciel vieux de trente ans, n'hésitez pas, pour une relecture, à vous procurer cette traduction révisée : en sus de la richesse du roman original, vous aurez droit à un beau texte en français, ce qui n'est pas négligeable. Walter Tevis (1928-1984) est un contemporain quasi-exact de Dick, mais la comparaison entre les deux auteurs s'arrête là (ou presque : seule une certaine vision — paranoïde ? — de l'Amérique les rapproche vraiment). Écrivain peu prolifique, Tevis n'a laissé à la SF que trois romans et quelques nouvelles, d'ailleurs inégales. Et si ce n'était L'Homme tombé du ciel, tout porte à croire que Tevis resterait davantage dans la mémoire des amateurs de polar (pour La Couleur de l'argent, entre autres) que dans l'histoire de la littérature conjecturale. Mais voilà, justement...

     La quatrième de couverture annonce une « œuvre mélancolique et grave ». Je souscris sans réserve. Situé dans un monde aujourd'hui devenu passablement uchronique (le livre date de 1963, l'action se situe entre 1983 et 1988), L'Homme tombé du ciel fait partie de ces récits pessimistes qui flirtent avec la dystopie sans toutefois s'y rattacher directement. Quelques passages sur la perception qu'ont les États-Unis du monde qui les entoure ont peut-être encore plus de saveur en 2004 qu'ils n'en avaient voici quarante ans. Quoi qu'il en soit, rarement roman de SF n'aura davantage mérité, de par l'atmosphère qu'il dégage, le qualificatif de « crépusculaire », et la vision de notre espèce acharnée à son propre anéantissement, qui passe par la destruction de sa planète, entre ici en une curieuse et fascinante résonance avec le tableau d'Anthéa, le monde mourant de Newton. La dimension écologique, si ce n'est écologiste, du roman n'échappera bien entendu à personne, même si (avantage des textes précurseurs ?) l'auteur ne tombe jamais dans le piège du prêchi-prêcha qui caractérise souvent la littérature militante. Au final, une œuvre lucide et belle dans son désespoir hiératique.

     Nostalgie, ô combien, et à double titre, du moins pour certains d'entre nous. En effet, au-delà du ton général de cette histoire, et des idées et visions qu'elle véhicule, reprendre ce roman trente ans après l'avoir découvert, à l'occasion de sa parution en français, est une expérience étrange, que seuls les plus mûrs des lecteurs de Galaxies pourront s'offrir. Doit-on la recommander ? Oui, avec un conseil d'utilisation : veillez à bien vider dans l'évier la bouteille de gin qui traîne dans le frigo avant de relire L'Homme tombé du ciel. Le risque est en effet réel de voir votre moral tomber, si ce n'est du ciel, du moins bien bas.

Bruno DELLA CHIESA
Première parution : 1/6/2004 dans Galaxies 33
Mise en ligne le : 22/12/2008

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
Denoël : Catalogue analytique Denoël (liste)
Albin Michel : La Bibliothèque idéale de SF (liste parue en 1988)
Lorris Murail : Les Maîtres de la science-fiction (liste parue en 1993)
Stan Barets : Le Science-Fictionnaire - 2 (liste parue en 1994)
Association Infini : Infini (1 - liste primaire) (liste parue en 1998)

Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
L'Homme qui venait d'ailleurs , 1976, Nicolas Roeg
Man Who Fell to Earth ( The ) , 1987, Bobby Roth (Téléfilm)
The Man Who Fell to Earth , 2022, Alex Kurtzman, Jenny Lumet (Série)

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