Jean Mazarin, en général plus à l'aise en polar (il faut avoir lu Collabos-song, qui d'ailleurs n'en est pas vraiment un, de polar) qu'en SF, nous donne avec Nausicaa un ouvrage sensiblement différent des précédents. Ce qui gêne le plus souvent chez Mazarin, c'est le fait que ses récits ne sont que des carcasses, des épures où les personnages manquent singulièrement de vie. L'action de Nausicaa s'étalant sur un demi-siècle, et les personnages n'apparaissant en général que le temps d'un chapitre (parfois réduit à un rapport administratif), l'écriture sèche de l'auteur a pour une fois rejoint son mode de récit.

     Il y est question de l'arrivée des hommes sur une planète dépourvue de vie, où grondent cependant souterrainement d'énormes machines d'origine mystérieuse, mais dont les humains captent l'énergie. Il y a des mirages, des disparitions mystérieuses, l'acclimatation d'une vigne qui produit un vin qui sera source de profit pendant une ou deux décennies. Puis la planète finit par chasser les colonisateurs, comme on s'y attendait — sans que les mystères soient résolus, à la frustration du lecteur...

     Il y a un peu de Planète interdite, beaucoup de Chroniques martiennes dans cette variation en mineur sur le thème bien connu de la planète hostile en douceur. Vite écrit, vite lu. mais sans déplaisir : on a écrit ça de beaucoup de « Fleuve » ; cette opinion lapidaire va comme un gant à Nausicaa.