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Sept jours pour expier

Walter Jon WILLIAMS

Titre original : Days of Attonement, 1991
Traduction de Jean BONNEFOY
Illustration de Éric SCALA

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF n° 81
Dépôt légal : décembre 2001
Roman, 528 pages, catégorie / prix : F10
ISBN : 2-07-042101-5
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Perdue au fond du Nouveau-Mexique, la petite ville minière d'Atocha se meurt doucement, oubliée à l'orée du XXIe siècle, à peine troublée par le Centre de recherches en physique quantique récemment installé à ses portes.
     Jusqu'au jour où cet univers provincial va se détraquer pour Loren Hawn, le chef de la police locale : fermeture de la mine de cuivre, troubles en ville, alerte au Laboratoire de technologie avancée.
     Mais ce n'est rien à côté de cet homme qui vient mourir un soir sans ses bras, criblé de balles. Loren Hawn le connaît bien, comme il connaît tout le monde dans le pays : il est déjà mort dans un accident de voiture vingt ans plus tôt...
     A la fois technothriller et chronique du Sud profond à la Steinbeck, un roman où l'aventure individuelle témoigne d'un désarroi général : celui d'un monde encore lesté de passé face à un passé déjà en marche.

     Né en 1953, Walter Jon Williams vit à Albuquerque, Nouveau-Mexique. Après avoir écrit des romans d'aventures maritimes, il s'est imposé en quelques romans comme l'une des figures centrales de la science-fiction contemporaine, dans la lignée des créateurs d'un futur proche modelé par les nouvelles technologies.
Critiques
     Loren Hawn est le chef de la police d'Atocha, une petite ville du Nouveau-Mexique qui risque de disparaître par suite de la fermeture de sa mine de cuivre. Méticuleux, obstiné et intuitif, il a toutes les qualités du bon flic, mais il est également violent et corrompu, par pur respect des traditions locales. Son ambition est de faire de sa ville un petit coin paisible. Après tout, n'est-il pas « le bras et le glaive du Seigneur » ?
     A Atocha, anglos et hispaniques vivent en assez bons termes. Les seuls « étrangers » sont les scientifiques du L.T.A. — le Laboratoire de Technologie Avancée — , qui vivent à l'écart des natifs sous la surveillance d'une milice privée dirigée par le paranoïaque William Patience, un ancien des forces spéciales.
     Un jour, un homme blessé par balle vient mourir aux pieds de Hawn, qui reconnaît dans la victime le jeune Randal Dudenhof. Or, celui-ci est déjà mort vingt ans auparavant. Doit-on croire aux miracles ?
     Avant tout polar classique, centré sur une enquête criminelle rigoureuse, ce roman est aussi un véritable western moderne où l'affrontement entre Hawn et Patience transpose dans un futur proche la lutte archétypale d'un shérif solitaire contre une bande de mercenaires. Ce bras de fer, où le policier est d'autant plus seul qu'il se heurte aux magouilles de ses propres concitoyens, s'achève en un duel final digne de Rio Bravo. Un duel d'autant plus absurde que les deux hommes sont de la même trempe, partageant la même aversion pour le « désordre » et la même incompréhension face au « futur ».
     Au-delà de ce conflit entre deux fortes personnalités, l'opposition qui structure le roman est celle de deux époques. La petite bourgade d'Atocha n'a guère évolué depuis la conquête de l'Ouest, tandis que le L.T.A. est un symbole du troisième millénaire. Alors que Hawn avoue détester ce XXIe siècle où les gens sont « incapables de défendre leurs voisins, leurs institutions ou le bon droit » et où déferlent « des technologies incompréhensibles et menaçantes » (p.63), son enquête va le confronter au principe d'incertitude de Heisenberg et aux onze dimensions de l'univers de Kaluza-Klein ! En effet, les scientifiques du L.T.A. ne se limitent pas à l'étude des collisions de particules pour comprendre les origines du cosmos, ils rêvent aussi à la possibilité de créer un deuxième univers au sein des sept dimensions demeurées vacantes faute d'énergie. Pas étonnant qu'en reprenant le train à lévitation magnétique qui le ramène du laboratoire chez lui, Hawn ait l'impression de revenir « vers un siècle antérieur » (p.245), paradoxalement rassuré car désormais certain que « le bon vieux Far West est toujours là (...). Il est simplement un peu plus loin sur l'axe des t » (p.474).
     Témoignage de la pesanteur du passé, la religion sature Atocha qui ne compte pas moins de 41 églises de confessions différentes. « Apôtre d'Elohim et du Nazaréen », Hawn appartient à une secte qui propose un Yom Kippour d'une semaine — sept jours d'expiation pour chacun des sept péchés capitaux. Avant de faire sien le péché de colère, Hawn constatera que si la science illustre parfaitement l'orgueil, elle ne contredit pas ses convictions, car remonter aux origines du cosmos, c'est probablement découvrir « un univers simple, élémentaire : faute d'y voir Dieu, vous y apercevrez du moins la trace de sa main » (p.239).
     Rythmée par les sermons du pasteur Rickey, cette construction crée une progression dramatique d'une telle tension que l'on peut comparer Hawn à une particule « en train d'accélérer à l'intérieur d'un long tunnel, accumulant l'énergie, accumulant la puissance. Se préparant pour la collision » (p.475). L'enquête policière, passionnante même si le résultat en est d'emblée évident, se double de la noire chronique d'une ville étouffée par un passé déjà mort et par un puritanisme instinctif. La plupart des personnages secondaires présentent défauts, faiblesses, fêlure ou grain de folie, à l'instar de Hawn, « héros » ambigu voire malsain, mais malgré tout attachant par la sincérité de son combat.
     Polar et western, drames humains et hard science, tout cela fait bon ménage dans ce récit intelligent et sensible, certes sans originalité fondamentale sur le plan science-fictif, mais si bien construit et si captivant que ses 500 pages se dévorent d'une traite.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 1/3/2002 dans Galaxies 24
Mise en ligne le : 11/9/2003

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Présences (1993)

     L'homme qui mourut deux fois
     Coktail détonnant, le dernier roman de W.J. Williams brasse tous les genres : polar, fresque sociale et science-fiction.
     Loren Hawn est chef de la police à Atocha, Nouveau-Mexique, au début du siècle prochain. Il n'est pas facile de maintenir l'ordre dans ce comté désertique où la fermeture des mines de cuivre a réduit au chômage la moitié de la population. Aussi, pour asseoir son autorité, Hawn n'hésite pas à faire respecter le code à coups de crosse et à fermer les yeux sur les menus trafics de quelques généreux protecteurs.
     Une seule zone échappe à son contrôle : le Laboratoire de Technologie Avancée, que les militaires ont bâti près d'Atocha. Tout y est clos, interdit, invisible. Le L.T.A. dispose même de sa propre police, chargée de protéger ses chercheurs et leurs obscures expériences de physique nucléaire.

     Etrange résurrection
     C'est un meurtre qui donnera à Loren Hawn l'occasion d'ébranler le mur de silence dont s'entoure le mystérieux centre de recherche. Un homme, le corps criblé de balles, vient un soir expirer à ses pieds. Le chef de la police est convaincu que la victime a essuyé le feu croisé des vigiles du L.T.A. Mais les suspects nient, les indices disparaissent et toute la ville s'emploie à décourager son enquête.
     Un fait singulier intrigue le policier : il a reconnu le blessé ; dans son agonie, celui-ci lui a même demandé secours en l'appelant par son nom. Or cet homme, Hawn l'a déjà vu mourir. C'était... vingt ans plus tôt, dans un accident de voiture.

     Le héros transmuté
     Loren Hawn n'aura de cesse que soit résolue l'énigme de cette résurrection. Son bon sens, sa foi, ses privilèges, il devra tout abandonner au vestiaire des illusions. Le héros va peu à peu changer, tourner le dos au passé, renoncer à ses convictions naïves pour le vertige de la mécanique quantique. Sa transmutation sera aussi morale : de flic corrompu et ignare, il deviendra justicier solitaire, abandonné de tous sauf de Dieu.
     Une telle trajectoire ne peut s'achever qu'en Apocalypse ; Walter Jon Williams boucle son roman en déchaînant le feu purificateur. Mais si l'auteur cède au plaisir vengeur du final pyrotechnique, il n'en conclut pas moins une véritable épopée, s'accordant même un ultime rebondissement. Le lecteur, quant à lui, aura vécu cinq cent pages furieuses, riches de portraits, de paysages et d'émotions inoubliables.

François ROUILLER (site web)
Première parution : 24/6/1993
24 heures
Mise en ligne le : 5/11/2000

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