Ce roman est usurpé. Le véritable et authentique auteur en est le fameux Kilgore Trout, écrivain imaginaire né sous la plume tranchante de Vonnegut...
Bon, soyons sérieux. Dans une introduction, Farmer nous explique la genèse de son oeuvre et les démêlés qui l'ont opposé à Vonnegut. Il ne cache pas sa satisfaction de voir son roman publié sous son vrai nom, après quelques péripéties.
Après l'anéantissement par déluge de l'humanité, perpétré par les Hoonhors...
« S'il y a une chose qu'ils ne supportent pas, c'est de voir des gens saborder leur propre planète. Dites pollution, et ils voient rouge. Leur méthode est simple : on repère les coupables et on vidange. »
« L'assainissement, ils appellent ça. Pour la seule Voie Lactée, ils en sont bien à leur millième planète assainie. Réellement, vous n'avez jamais entendu parler d'eux ? »
Résistant à la tentation sans doute un peu trop systématique chez moi de vous concocter un résumé du livre, j'ai préféré vous en fournir un échantillon. Voilà donc à peu près comment ça commence. Simon, le seul rescapé terrien, accompagné par un chien, un hibou et une femme robot, se lance dans l'univers à la poursuite de réponses à ses questions. Ce qu'il cherche ? Le sens de la vie. Naît-on uniquement pour souffrir ?
Naturellement, il ne trouvera aucune réponse satisfaisante. Mais qui en doutait ? Pas Farmer, assurément, qui prend ce prétexte pour s'amuser aux dépens de tous et en particulier des extraterrestres qu'ils inventent à loisir. Le système social terrien vous paraît absurde ? Eh bien il vous démontre par A+B que les habitants des autres planètes n'ont rien à nous envier.
Que reprocher à l'auteur ? Presque rien, sinon d'être parfois passablement lourd dans son humour.
Un roman pour se distraire. Mais attention : si vous prenez tout au pied de la lettre, vos méninges vont surchauffer et les milliards de questions qui vont vous assaillir comme une nuée de moustiques géants resteront à jamais sans éclaircissement.
« — Pourquoi ? Pourquoi ? hurla simon Wagstaff. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Le vieux Bingo siffla son verre de bière et rota.
— Pourquoi pas ? fit-il.«
GENTLEMAN FARMER
Réédition de la traduction de
1977 (Lattes), qui n'avait pas obtenu grand succès (pas plus que les autres titres de la collection, malgré leurs mérites parfois éclatants). La traductrice, Iawa Tate, s'en est fort bien tirée, et voilà un visage inconnu de plus de Farmer, qui n'hésite pas à prendre ses pseudos en utilisant des créatures imaginaires. Le Trout dont il est question n'a rien à voir avec son homonyme qui devient Prix Nobel dans le
Breakfeast du Champion de Vonnegut Jr (J'ai Lu — à lire ou à relire). Farmer n'est pas Vonnegut.
Ce livre ne se raconte pas, il fait en quelque sorte pendant à la biographie de Tarzan (voir plus haut) ; il accumule les inventions les plus saugrenues et les clichés les plus éculés dans une étrange macédoine. Les signes de connivence sont si nombreux qu'on ne sait plus où l'on se trouve exactement. A ceci près qu'on est dans un univers aussi « littéraire » que dans l'Histoire Vraie de Lucien (Folio 415), et dont les références sont extraites de « la SF à l'ancienne ». Seul détail qui m'ait fait tiquer, le titre. Venus on a half Shell renvoie à la Naissance de Vénus de notre collaborateur Botticelli, et la couverture de 77 en tenait compte, ce qui corrigeait un peu l'inopportunité du titre. Ici, Le Privé du Cosmos renvoie plutôt aux goûts personnels de la traductrice (fort charmante, certes !) pour les films de la grande époque du cinéma américain de thrillers. Mais ça peut dérouter le lecteur. Cela dit, il suffit, comme souvent chez Farmer, d'ouvrir la première page, le plaisir suit...