FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions
(Paris, France), coll. SF n° 67 Dépôt légal : mai 1999, Achevé d'imprimer : avril 1999 Première édition Roman, 224 pages, catégorie / prix : 5,34 € ISBN : 2-265-06698-2 Format : 11,0 x 17,8 cm Genre : Science-Fiction
Sous-collection Space.
Quatrième de couverture
Laurent Genefort, lauréat 95 du Grand Prix de l'Imaginaire, est un éclaireur de la nouvelle SF française. La galaxie n'est pas trop vaste pour ce créateur d'univers, fils spirituel de Stefan Wul (Niourk), de Frank Herbert (Dune) et de Bruce Sterling. À 31 ans, il a déjà une vingtaine de romans derrière lui et ne cesse, livre après livre, d'affiner l'exploration de ces mondes foisonnants, toujours prétextes à l'aventure et au voyage. Les engloutis font voir du pays sur leur planète en cours de terraformation. Mais quand la révolte éclate, l'atmosphère est explosive...
Un monde en devenir, aux confins de la galaxie, baigné par une atmosphère plus mortelle que du cyanure.
Ruben, paisible ingénieur, aurait dû réfléchir à deux fois avant d'accepter cette affectation. Le travail est risqué à l'extérieur du dôme. Il y a, surtout, le chef d'une bande de fanatiques qui prône une croisade insensée. Pour combattre l'image d'une humanité conquérante, sourde au bruit du cosmos et imperméable au vent des choses, les Engloutis sont prêts à tout. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Un grand moment d'évasion qui apporte un éclairage inattendu sur l'écologie et remet en question nos convictions les plus profondes : celles qui poussent l'Homme à conquérir les étoiles.
Critiques
Sur Hanouri, des terroristes écologistes se livrent à des actes de sabotage pour empêcher la terraformation de la planète. Mais les Engloutis, atomisés en autant de tribus ayant développé des modes de vie différents, ne peuvent que retarder l'échéance. Ruben, un ingénieur, devient leur otage. Aram l'emmène avec lui fédérer les divers groupuscules pour réduire à néant les efforts des colons. Son projet : creuser des tunnels sous les monts Himmelen pour que la mer en cours de formation, en fait un océan de boue, engloutisse le magnétolanceur qui isolerait la colonie du reste de l'univers. Mais Aram est un fanatique qui projette de détruire dans le même temps le dôme de la colonie.
En lisant ce roman on pense aux Indiens d'Amérique s'opposant à la conquête de l'Ouest. Ruben, dans le rôle du naïf, est le personnage point de vue progressivement gagné à la cause des Engloutis, à la fois fasciné par le charisme d'Aram et opposé à ses méthodes. L'idée de départ remet en question un aspect de la conquête spatiale auquel personne n'avait jusqu'alors songé dans la littérature de science-fiction : peut-on admettre que l'homme, après avoir saccagé sa planète, transforme celles qu'il découvre et s'oppose à leur évolution naturelle ?
Récit d'aventure à la trame attendue, rehaussé par une féconde imagination dans la description d'un monde exotique, ce roman a le mérite de dénoncer l'indécrottable esprit conquérant de l'homme.
Laurent Genefort poursuit sa petite visite guidée des planètes à environnement hostile. Quoique, après le monde en fusion de Dans la Gueule du dragon, celui-ci, en cours de terraformation, fait presque figure de lieu de villégiature. L'histoire débute par un attentat contre un train et par l'évasion d'Aram FedRiken, terroriste dont la tête a été mise à prix par les dirigeants de l'Eudox, la multi-mondiale qui gère la planète Hanouri.
Ruben, un ingénieur de l'Eudox, va devoir bon gré mal gré suivre Aram et ses compagnons, et découvrir ainsi la vie de tous ces clans qui s'opposent à la terraformation d'Hanouri, pour des raisons souvent contraires, et qu'Aram va tenter d'unir.
Les Engloutis s'ouvrent sous les meilleurs auspices, à savoir une citation de Greg Egan. Et on retrouve en effet dans ce roman certaines idées développées par l'Australien, en particulier dans L'Enigme de l'univers. Mais Genefort reste assez superficiel dans ce domaine, préférant insister sur la description d'Hanouri et du mode de vie de ses populations. Et bien sûr, Fleuve Noir oblige, sur l'action.
Tous ceux qui suivent Laurent Genefort depuis ses débuts laborieux ont pu constater les énormes progrès dont il a fait preuve au fil des ans. Reste qu'il n'a pas encore réglé tous ses problèmes. Contrairement à ce que dit mon camarade Org, dans sa critique de Dans la Gueule du dragon (in Bifrost 11), il me semble que ses personnages manquent toujours cruellement d'épaisseur et sont dans l'ensemble assez falots. Dans le cas présent, l'intrigue en pâtit, et le coup de théâtre final apparaît tout à fait artificiel. La chute de ce roman est en outre assez décevante, Genefort ayant une fois de plus recours à un procédé un peu trop facile pour boucler son intrigue. Sans doute ces défauts ne sont-ils pas étrangers au fait que Genefort doive publier quatre ou cinq romans par an pour vivre. On souhaite que les éditeurs lui donnent les moyens d'écrire moins, et mieux. Les Engloutis est tout de même un agréable roman d'aventure hard science, lisible sinon à lire.