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Équateur

Brian ALDISS

Première parution : Paris, France : Denoël, Présence du futur, 1962 (recueil sans équivalent en langue originale)
Traduction de Stéphane ROUVRE

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur précédent dans la collection n° 58 suivant dans la collection
Dépôt légal : 3ème trimestre 1962, Achevé d'imprimer : 28 septembre 1962
Première édition
Recueil de nouvelles, 240 pages, catégorie / prix : 6,00 €
ISBN : néant
Format : 12,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     • Une affaire d'espionnage entre les Terriens et les Rosks, habitants d'Alpha du Centaure, auxquels les Terriens donnent l'hospitalité et qu'ils installent à Sumatra.
     • Les Rosks préparent-ils l'invasion de la Terre ?
     • Murray est-il un espion au service des Rosks ?
     • Tout en gagnant le cœur d'une belle Roskienne, Tyne Leslie parviendra-t-il à déjouer les desseins de Murray ?
     • Suspense, espionnage et anticipation se mêlent étroitement, additionnés d'humour.
     • Un roman extraordinaire suivi de quelques nouvelles qui comptent parmi les chefs-d'œuvre de la science-fiction.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Équateur (Equator / Vanguard from Alpha, 1958), pages 9 à 116, novella, trad. Stéphane ROUVRE
2 - Trois en un (Three's a Cloud / The Unbeaten Track, 1959), pages 117 à 128, nouvelle, trad. Stéphane ROUVRE
3 - Qui peut remplacer un homme ? (Who Can Replace a Man? / But Who Can Replace a Man?, 1958), pages 129 à 140, nouvelle, trad. Stéphane ROUVRE
4 - Conscience, instinct divin (Gene-Hive / Journey to the Interior, 1958), pages 141 à 165, nouvelle, trad. Stéphane ROUVRE
5 - Le Secret de la grande ville (Secret of a Mighty City / Have Your Hatreds Ready, 1958), pages 167 à 188, nouvelle, trad. Stéphane ROUVRE
6 - La Nouvelle amibe (Visiting Amoeba / What Triumphs?, 1957), pages 189 à 233, nouvelle, trad. Stéphane ROUVRE
Critiques

    Le talent très réel de Brian Aldiss a été révélé aux lecteurs de « Présence du Futur » par un roman, « Croisière sans escale », et un recueil de nouvelles, « L'espace, le temps et Nathanaël ». Ceux qui ont apprécié ces livres risquent d'être déçus par le nouveau volume qui leur est aujourd'hui proposé sous la signature de ce brillant auteur anglais. La faute, cependant, n'est pas uniquement de ce dernier.

    Sous le titre de « Galaxies like grains of sand », un recueil de huit nouvelles de Brian Aldiss parut en 1960 aux États-Unis. Les divers avenirs qui s'y trouvaient évoqués avaient été, pour l'occasion, unis par une trame nouvelle : l'auteur avait fait précéder chacun des récits d'une sorte d'introduction, qui l'unissait dans une certaine mesure au précédent. Ces liens ne dissimulaient pas le caractère quelque peu arbitraire de l'ensemble (les robots et les contacts avec des civilisations extra-terrestres disparaissaient brusquement à la fin d'un récit, sans représenter une nécessité dans l'architecture du suivant ; de même, l'ordre dans lequel ces nouvelles avaient été rassemblées ne s'imposait pas comme le seul possible). Ils offraient cependant l'intérêt de révéler Brian Aldiss dans un rôle nouveau, celui de chroniqueur de l'histoire future. Toutes proportions gardées, ils offraient la promesse de visions évoquant celles de Stapledon – visions qu'Aldiss précisera peut-être dans quelque ouvrage à venir. Or, au lieu de traduire simplement « Galaxies like grains of sand », on offre au lecteur français – sous ce titre d'« Équateur » – quatre seulement de ces récits (« Qui peut remplacer un homme », « Conscienceinstinct divin », « Le secret de la grande ville » et « La nouvelle amibe ») qui occupaient, dans la chronique ordonnée par l'auteur, les troisième, sixième, septième et huitième places respectivement ; on complète le volume par une cinquième nouvelle, et par le bref roman (un peu plus de cent pages) qui donne son titre au recueil. Il en résulte évidemment une impression de déséquilibre. Il est vrai que le lecteur français a la réputation de ne pas aimer les recueils de nouvelles, et que les réputations – même imméritées – ont la vie dure ; grâce à ce petit jeu de puzzle, on est parvenu à présenter un « roman extraordinaire suivi de quelques nouvelles » (voir la quatrième page de la couverture) et à ménager ainsi les préjugés, réels ou imaginaires, de l'amateur français de science-fiction…

    Le calcul se révèle cependant mauvais : l'accent est placé sur le roman, et ce roman est la pièce la moins satisfaisante du recueil. Il met en scène un vaisseau d'extra-terrestres venus demander asile à la Terre, et dont les intentions se révèlent progressivement belliqueuses. Brian Aldiss a-t-il voulu esquisser le thème de la coexistence pacifique ? Il l'abandonne en tout cas rapidement, pour égarer son récit dans les méandres d'une chasse à l'homme conventionnelle. En dépit d'une surprise terminale – habile mais arbitraire, et destinée surtout à raffermir le point final – cet « Équateur » n'est qu'un récit d'aventures qui laisse le lecteur sur sa faim. Il est écrit de façon très correcte, mais Brian Aldiss ne possède guère l'adresse avec laquelle son compatriote Edgar Wallace animait des romans analogues et, en dépit de quelques rebondissements préparés au moment opportun, l'odyssée de son héros se déroule comme à distance. Que Brian Aldiss soit un romancier, aucun lecteur de « Croisière sans escale » ne le contestera ; mais combien de lecteurs d'« Équateur » verront en lui un romancier d'aventures ?

    Les nouvelles forment sans doute la moitié la plus intéressante de ce volume, bien que l'une d'elles (« Le secret de la grande ville ») ne représente qu'une synthèse assez simpliste de deux thèmes familiers : l'attrait exercé par le mystère des bas-fonds et la satire des milieux cinématographiques. Cependant, Brian Aldiss l'a écrite en combinant une pointe de grandeur poétique avec l'ironie qu'imposait le sujet. De même, c'est la finesse du style – bien rendue en français par Stéphane Rouvre – qui confère son cachet à « Trois en un » ; cette nouvelle reprend le thème de l'homo Gestalt, dont Theodore Sturgeon avait tiré « Les plus qu'humains », mais sous un angle tout autre. Brian Aldiss s'attache à analyser les sentiments de l'être qui découvre, de la façon la plus inattendue, qu'il n'est plus seul, et colore sa vision d'une discrète nuance d'irréel (cette nouvelle, « Trois en un », est celle qui ne faisait pas partie de « Galaxies like grains of sand »).

    « Qui peut remplacer un homme ? » demande Brian Aldiss en intitulant ainsi une excellente petite histoire de robots. Il s'y attaque de transparente façon à la hiérarchisation systématique et parfois désastreuse de certaines grandes organisations où la notion de grade remplace celle de capacité réelle. Les robots – très spécialisés, évidemment – y dialoguent de savoureuse façon :

    — Quelle est la classe de votre cerveau, distributeur de semences ? demanda-t-il. 

    — Cinquième classe.

    — Le mien est un cerveau de troisième classe. Je suis donc votre supérieur.

    Ou bien :

    — Je vais vous donner les renseignements que j'ai obtenus dehors, dit-il très vite ; et en passant devant le préposé aux clefs et autres machines, il ajouta : 

    — Ces informations ne sont pas pour les cerveaux de faible catégorie. 

    Ou encore :

    — …C'est ce qui est à l'origine de cette déficience alimentaire.

    — Qu'est-ce que c'est qu'une déficience alimentaire ? 

    — Je ne sais pas. Mais c'est ce que l'opérateur radio a dit, et il a un cerveau de deuxième classe. 

    Il y a encore plusieurs autres remarques de ce genre qui, bien qu'étant placés dans la bouche (?) de robots, ont une allure de vraisemblance très humaine. Le message de Brian Aldiss est à la fois souriant et aisément déchiffrable. Reste évidemment à trouver l'homme, et ce sont peut-être les robots qui ont la tâche la plus facile à cet égard…

    D'une façon très différente de « Trois en un », la nouvelle intitulée « Conscience, instinct divin » examine une forme de mutation, dont l'espèce humaine risque de faire les frais. Si le côté purement narratif de celle-ci montre le métier de l'auteur plutôt que son individualité, on trouve dans ce récit une idée intéressante, celle de la Méditation Médicale : Brian Aldiss met en scène une femme-médecin qui, dans une sorte de transe, pénètre par la pensée à l'intérieur du corps de son patient, et s'efforce de le guérir ainsi.

    Mutation également, ou apparition de l'être qui succédera à l'homme ? La question peut être posée à propos de « La nouvelle amibe ». À dire vrai, la personnalité de cette « nouvelle amibe » – de ce surhomme, si l'on préfère – est surtout un prétexte à développer le côté absurde des guerres. Brian Aldiss ne s'en prive pas, mais le passage de cette farce sanglante à la révélation finale provoque une nette rupture dans son récit : les horizons qui sont entrevus à la fin paraissent bien gratuits après les scènes précédentes.

    Il y a, dans ce livre, des nouvelles dont la plupart méritent d'être lues, sans que l'on puisse voir en elles de futurs « classiques » de la science-fiction. Il y a aussi un roman plutôt médiocre, dont la traduction française ne constituait pas une nécessité. Cette composition inhomogène du volume en constitue une faiblesse supplémentaire. Il eût probablement mieux valu s'en tenir à la substance de « Galaxies like grains of sand » : sans être un chef-d'œuvre, ce recueil offrait une sorte de pseudo-cohérence beaucoup plus satisfaisante que cet arbitraire « Équateur ». 

Demètre IOAKIMIDIS
Première parution : 1/12/1962 dans Fiction 109
Mise en ligne le : 26/12/2024

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