« ... celui qui mène le bal — Dieu, ou tu l'appelleras comme tu voudras — doit adorer s'amuser. [...] Mais cela ne peut se faire que dans des circonstantces bien précises. Comme ce soir.
Toi, tout seul dans la nature... ta mère malade... besoin d'un moyen de transport...
Dans moins de dix kilomètres, on va commencer à voir les premières maisons. Dans moins de quinze, on atteindra les limites de la ville. Ce qui signifie qu'il faut que tu te décides tout de suite.
— Que je décide quoi ?
— Qui monte dans le Bolid' et qui reste à terre. Toi ou ta mère. »
Une nouvelle diabolique, la première diffusée, en anglais, sur le Net, au printemps dernier.
Critiques
Lorsqu'Alan McCurdy apprend que sa mère a été victime d'une attaque, il n'hésite pas à partir en stop pour Lewiston, à deux cent kilomètres de son université. Il est d'abord emmené par un agent d'assurances, un conducteur un peu bizarre, mais pas autant que George Staub, le jeune homme qui le prend à bord de sa Mustang, tout près d'un cimetière, à la tombée de la nuit. Qui est-il ? Un mort ? La mort ? Le Diable ? Car Staub le confronte à un terrible dilemme : quelqu'un doit mourir, et c'est soit Alan, soit sa mère.
Un tour sur le Bolid' est la publication en français et sur papier de la novella Riding the bullet, initialement diffusée en anglais sur Internet au début de l'année. Le cadre en est le Maine, avec ses petites villes peuplées de gens simples ou dégénérés, ses cimetières et ses ombres nocturnes. Le protagoniste est un jeune étudiant de condition modeste, dont le portait est composé de ces petites touches propres à l'auteur, celles qui ont les couleurs du passé et du présent, du bonheur et des épreuves quotidiennes. Le fantastique se rapproche de celui de La ligne verte plutôt que Ça ou Désolation : subtil et allusif, sans effet spectaculaire ni monstre mais avec une atmosphère angoissante et un personnage vrai. Confronté à la mort d'un proche, donc à la sienne, à la Mort tout court. Un tour sur le Bolid' rejoint en cela Insomnie ou La ligne verte ; tout comme dans ce dernier, d'ailleurs, les lignes finales, fort belles, résonnent longtemps après qu'on ait refermé le livre.
Alors n'hésitez à prendre place à bord du Bolid' : le ticket coûte 15 francs, le tour ne dure que 90 pages, mais on a en pour son argent car c'est un Stephen King en forme qui mène la danse. Quelle danse ? Un rock, bien sûr, un rock endiablé.
Philippe HEURTEL (site web) Critique déjà parue sur ce site Parution sur nooSFere : 1/7/2001 Dragon & Microchips 19 Mise en ligne le : 21/10/2003