DENOËL
(Paris, France), coll. Lunes d'Encre Dépôt légal : janvier 2000, Achevé d'imprimer : janvier 2000 Réédition Recueil de romans, 528 pages, catégorie / prix : 149 FF ISBN : 2-207-24958-1 Format : 14,0 x 20,5 cm Genre : Science-Fiction
Morgan Chane est le seul Loup des étoiles d'origine terrienne, un pirate, un assassin doté d'une force physique et de réflexes hors du commun. Après avoir tué l'un des siens, il se voit obligé de fuir... Mais où peut se réfugier un homme pourchassé par les Loups des étoiles et qui, aux yeux de tous, reste l'un des leurs à jamais ? Désormais sa route est tracée. Morgan Chane, l'homme qui ne voulait pas mourir, partira à la recherche de l'arme de nulle part, affrontera les dangers des mondes interdits et retournera sur la planète des Loups...
Peu avant La guerre des étoiles, bien avant La menace fantôme, Edmond Hamilton signait la trilogie des Loups des étoiles. Non seulement les rapports entre son univers et celui de George Lucas sont évidents, mais il y a plus : c'est la femme d'Edmond Hamilton, Leigh Brackett — aussi scénariste de Rio Bravo — , qui est l'auteur du scénario de L'empire contre-attaque. Ainsi Morgan Chane, pris dans la tourmente, en quête d'identité, s'impose-t-il comme le frère aîné de Han Solo.
Edmond Hamilton (1904-1977) est avec E. E. Doc Smith le père du space opera. Son cycle des Loups des étoiles, rythmé par le fracas d'immenses batailles spatiales, reste d'une étonnante modernité et propulse le lecteur à travers une myriade de planètes dangereuses, au contact de nombreuses races extra-terrestres et de secrets astronomiques vieux de millions d'années.
Edmond Hamilton est surtout connu pour Les Rois des étoiles, un space opera flamboyant datant de 1949 que l'on peut sans hésiter qualifier de classique de la S-F. La présente trilogie ici réunie en un volume, écrite à la fin des années 60, met en scène Morgan Chane, un enfant terrien élevé sur la planète des Loups des étoiles, de redoutables pirates galactiques. Pourchassé par ceux-ci parce qu'il a tué l'un d'eux, il est recueilli par un groupe de mercenaires en compagnie de qui — et notamment de leur chef, John Dilullo — il va vivre trois aventures dans la grande tradition du genre. Que le but de la quête soit une arme fabuleuse, un mode de transport révolutionnaire ou, tout simplement, un bijou merveilleux, il est avant tout prétexte à des aventures endiablées, pleines de bruit et de fureur, où le souffle épique de l'auteur entretient sans peine la suspension de l'incrédulité chère à la S-F en dépit de quelques approximations sur le plan scientifique. De plus, Hamilton trouve le moyen de coller à l'actualité sans en avoir l'air. Ainsi, l'Errance libre, que l'on découvre dans Les Mondes interdits, fait irrésistiblement penser, jusque et y compris dans les motifs employés par Chane pour la condamner, à une métaphore du voyage psychédélique. Et l'on ne sera pas surpris que cette inscription dans une réalité contemporaine de cette écriture fasse de ce titre le meilleur et le plus profond de la trilogie, puisque toute bonne S-F ne parle que du présent.
C'est du space-opera, et on pourrait souvent remplacer les planètes par des îles des Caraïbes, les astronefs par des navires. Dans un univers rempli pour l'essentiel de cousins de l'homme, qu'il a découverts en commençant à naviguer dans les étoiles, le seul Terrien d'un peuple de pirates haïs, fort d'avoir survécu à la pesanteur monstrueuse de leur planète, se retrouve dans les rangs de mercenaires corsaires, qui, de port en port et de bouge en bouge, arnaquent tel peuple au service de tel autre, vont chercher une expédition perdue dans une jungle, ou doivent récupérer des œuvres d'art auparavant volées pour des collectionneurs fous.
Reste qu'on ne s'ennuie pas, fût-ce une demi-page. Que si la psychologie du héros n'est pas des plus crédibles, cela même permet de s'identifier à lui pour quelques heures, ce qui est bien agréable. Qu'on a le droit d'aimer les chants de guerre gallois. Que la force et la ruse ne sont pas tout, que le savoir est respecté sans d'ailleurs que sa valeur morale soit mythifiée, et qu'on cultive la nostalgie du sol natal, fin fond des Pouilles ou planète géante. Plus de belles idées de SF, dont une machine qui fait voyager dans les étoiles mais a les effets sociaux d'une drogue des plus dévastatrices. Qu'en dehors des humains, différents de monde en monde, et d'un canidé ancêtre putatif de Chewbacca, on trouve un curieux navet télépathe et des extragalactiques incompréhensibles, impassibles et impressionnants. Que si cette quintessence du space-opera ne fera pas aimer la SF aux fans du mainstream littératurant, mais tant pis, l'amateur de SF, lui, peut en acheter autant d'exemplaire qu'il connaît de jeunes à qui faire découvrir le genre — plus un, pour lui-même, pour le déguster en douce, comme on vide un pot de confiture.
Les loups des étoiles sont les pirates les plus redoutés de la Galaxie. Ils sillonnent l'espace et pillent les richesses des autres mondes lors de raids éclair. La forte gravité de leur monde natal leur confère une force, une rapidité et une résistance hors du commun, ce qui leur permet de subir des accélérations qui tueraient n'importe quel autre humain. Morgan Chane est l'un d'eux ou du moins il le croyait... Fils de missionnaires terriens morts sur Varna, le monde des loups, il a été élevé comme un varnan et a participé à de nombreux raids. Mais voilà qu'à la suite d'un différent, il a dû tuer un loup des étoiles voulant s'approprier sa part de butin. Margan Chane est alors obligé de fuir sa patrie. Il trouve refuge avec des mercenaires terriens dont seul le chef connaît sa véritable nature et parcours la galaxie pour des missions toujours plus dangereuses.
Les trois romans rassemblés ici constituent l'archétype même du space-opéra. Héros baroudeur et sans morale, doté d'une force colossale, ignorant la peur, et parcourant l'espace en quête d'aventures. Mais, loin de se limiter au seul cliché, Edmond Hamilton écrit tout simplement de bonnes histoires pleines de rebondissement, sans pour autant négliger ses personnages. Les trois romans réunis dans ce volume, bien que racontant des histoires distinctes, constituent de plus un tout parfaitement cohérent.
« Les étoiles l'observaient et il lui sembla qu'elles lui murmuraient : Meurs, Loup des étoiles. Ta course s'achève ici. »
Nous voilà tout de suite dans l'ambiance ! Cette phrase à la fois grandiloquente et drôle ouvre une oeuvre que tout amateur de SF connaît au moins de nom comme l'exemple-type du space opera...
Comme Doc Smith, Hamilton est en effet demeuré célèbre pour ses seuls opéras de l'espace, tandis que d'autres auteurs — comme Jack Williamson — ont débuté à leurs côtés pour se tourner ensuite vers des oeuvres plus ambitieuses.
C'est donc avec une certaine curiosité — et la crainte d'une amère déception — que l'on ouvre ce recueil des trois romans qui composent la saga des Loups des étoiles : L'arme de nulle part, Les mondes interdits et Le monde des Loups.
Eh bien, avouons-le d'emblée, ces Loups conservent malgré les années un dynamisme et un enthousiasme communicatif. C'est évidemment à la fois naïf et belliqueux, mais si l'on délaisse un temps son scepticisme, force est de reconnaître que le récit demeure efficace et distrayant.
L'amateur inconditionnel de space opera se plongera donc avec délice dans ces aventures qui valent bien celles de La guerre des étoiles ou de Star Trek, tandis que le lecteur allergique au bruit et à la fureur des batailles intergalactiques pourra passer son chemin.
Edmond Hamilton (1904-1977) fait partie de ces écrivains qui ont donné son visage à la SF. Eh quoi ! Sans son apport, aurions-nous connu la saga de La Guerre des Étoiles ? Une citation : « On croisait certains passants qui portaient de longs manteaux munis de capuchons comme s'ils souhaitaient dissimuler leurs traits. » Ces passants du marché de la planète Mruun (Le Monde des Loups)ne sont-ils pas cousins des Jawas de Tatooine ? Et Gwaath le Paragaran, monstre poilu de trois mètres de haut, ne ressemble-t-il pas furieusement à Chewbacca, jusque dans ses défauts, maladresse et ivrognerie ? Aucun doute : George Lucas s'est largement inspiré de l'univers créé par Edmond Hamilton, un des pères du space opera.
Il faut dire que l'empreinte laissée par Hamilton est profonde. D'aucuns pourraient penser que son œuvre n'est plus de première fraîcheur. C'est vrai qu'il a publié sa première nouvelle en 1926, l'ancêtre ! Mais la trilogie des Loups des étoiles, éditée entre 1967 et 1968, est une œuvre de maturité, vieillotte, mais pas vieillie. Cela explique sa réédition en un volume, précédemment réalisée pour la collection Lunes d'encre des Éditions Denoël.
Lorsque l'humanité a découvert le secret du voyage spatial en immersion, elle s'est aperçue qu'une autre espèce « aux caractéristiques humaines » avait, dans un lointain passé, ensemencé de nombreux systèmes stellaires. La galaxie, loin d'être vide, se révèle surpeuplée. Prétexte à conflits interstellaires et foisonnantes aventures galactiques entre maintes peuplades exotiques.
Trois romans composent la trilogie : L'Arme de nulle part, Les Mondes Interdits et Le Monde des Loups. On affirmera sans crainte que le meilleur des trois est celui qui ouvre la série. On y fait la connaissance de Morgan Chane, Terrien élevé sur la planète Varna, repaire des plus terribles pirates de la galaxie. Ces êtres félins ne songent qu'à piller les planètes au moyen de leurs élégants vaisseaux-aiguilles. Morgan Chane, devenu renégat pour avoir tué un de ses compagnons, est recueilli par un vaisseau de mercenaires terriens auxquels il va se joindre.
L'intérêt de cette série est multiple. D'abord par la dimension cosmique des aventures rapportées. À cet égard, L'Arme de nulle part, tant par son idée que dans son dénouement, ouvre de vertigineuses perspectives sur la relativité du temps et la petitesse de l'homme. Les Mondes Interdits plonge de son côté dans le vertige spatial et souligne les dangers de la science. Ensuite, dans les relations entre le rugueux et vieillissant John Dilullo, le chef des mercenaires, et Chane, dont il est le seul à connaître la véritable identité. Dilullo, dont les actes et les paroles placent sans cesse Chane, qui ne connaît ni morale ni religion (malgré des parents missionnaires !), face à des émotions qu'il voudrait nier.
L'ensemble est aussi d'une désarmante naïveté, tant dans les explications données à ce crétin de lecteur que dans les réactions infantiles de certains personnages. Mais cette naïveté même, assortie d'un brin de machisme primaire (tiens, Mademoiselle, avec ce corps magnifique, vous avez un cerveau ?) et d'une technologie désuète (paralyseur, microfilms), concourt au charme suranné d'un bon vieux space opera, aux images grandioses et saisissantes.
Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantesFrancis Valéry : Passeport pour les étoiles (liste parue en 2000) pour la série : Les Loups des Etoiles