Frederik POHL Titre original : Man Plus, 1976 Première parution : The Magazine of Fantasy and Science Fiction, avril à juin 1976. En volume : Random House, août 1976 Traduction de Philippe R. HUPP
CALMANN-LÉVY
(Paris, France), coll. Dimensions SF Dépôt légal : 1er trimestre 1977 Première édition Roman, 288 pages ISBN : 2-7021-0182-8 Format : 14,0 x 21,0 cm Genre : Science-Fiction
La premier martien sera un homme : un cosmonaute, Roger Torraway, que l'on transforme chirurgicalement afin de l'adapter aux conditions de vie sur Mars. Mi-chair mi-machine, métamorphosé dans son apparence même, Torraway est le premier d'une race incertaine entre l'homme et le cyborg.
Mais peut-on se permettre de jouer impunément avec le matériau humain ? L'Homme-Plus se sent-il encore lié au sort de l'humanité ? Et quelle est la force mystérieuse qui infléchit subtilement le cours de l'expérience ?
Dans ce nouveau roman, Frederik Pohl nous offre une version inattendue (et prophétique ?) du héros traditionnel de la science-fiction : le cosmonaute, monstre de Frankenstein.
Critiques
Intégration de la politique-fiction à la hard-science (le tout réconcilié sans doute au sein de la fiction-spéculative), ce très récent roman de Pohl raconte par le menu l'entraînement d'un cosmonaute pour une survie de longue durée sur la planète Mars, où le président des Etats-Unis, pour des raisons pas très évidentes pour le lecteur (mais pour l'auteur ?...) veut l'envoyer, avant le déclenchement d'une possible guerre nucléaire. Le récit acquiert sa dimension tragique (sans laquelle il ne serait qu'un « documentaire-fiction ») par le fait que le volontaire, afin de satisfaire à sa mission, est charcuté d'abominable façon (il est castré, doté d'yeux et d'un épiderme artificiels, etc.), devient un cyborg, certes adapté à la vie sur Mars, mais qui n'a pratiquement plus rien d'humain. Hommage ambigu à la « conquête de l'espace » (le point de vue de l'auteur change nettement entre le début de l'histoire, où il nous fait partager l'horreur de cette déshumanisation, et sa fin, où il nous convainc de l'ivresse qu'éprouve Torraway dans l'environnement martien où son corps transformé fonctionne à merveille), ce roman est le meilleur Pohl en solo : la solidité de sa construction, la crédibilité du documentaire, le fouillé des psychologies forment un ensemble passionnant. Dommage que l'auteur se soit cru obligé d'ajouter une chute à double-détente vaguement dickienne, qui n'ajoute à cette étouffante épopée en chambre pressurisée qu'un inutile point d'interrogation.