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(Paris, France), coll. Le Livre d'or de la science-fiction n° 5061 Dépôt légal : 4ème trimestre 1979, Achevé d'imprimer : 31 octobre 1979 Première édition Recueil de nouvelles, 384 pages, catégorie / prix : 5 ISBN : 2-266-00794-7 Format : 10,8 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
Henry KUTTNER (1914-1958) a écrit plus de 200 nouvelles et près d'une vingtaine de romans, la plupart en collaboration avec C.-L. Moore qu'il épouse en 1940. Parmi les dix-sept pseudonymes utilisés par Henry Kuttner et Catherine L. Moore, les plus connus sont ceux de Lewis Padgett (Deadlock, le Twonky, Tout smouales étaient les Borgroves) et de Lawrence O'Donneil (Vénus et le Titan).
Née en 1911, Catherine MOORE aborde la S.F. avec Shambleau, publié dans « Weird Tales » en 1933, qui la classe d'emblée au tout premier rang. Elle signe avec Henry Kuttner la série des Mutants (1945-1953) et celle de Galleher Galloway. Sous son nom propre elle donne encore la Nuit du jugement (1943) et, après la mort d'Henry Kuttner, la Dernière Aube.
1 - Alain DORÉMIEUX, Préface, pages 7 à 32, préface 2 - Impasse (Deadlock, 1942), pages 33 à 52, nouvelle, trad. Frank STRASCHITZ 3 - Un bon placement (Endowment Policy, 1943), pages 53 à 72, nouvelle, trad. Frank STRASCHITZ 4 - Gallegher bis (Gallegher Plus, 1943), pages 73 à 128, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH 5 - Problème de logement (Housing Problem, 1944), pages 129 à 149, nouvelle, trad. Frank STRASCHITZ 6 - L'Heure des enfants (The Children's Hour, 1944), pages 150 à 204, nouvelle, trad. Frank STRASCHITZ 7 - Ce qu'il vous faut (What You Need, 1945), pages 205 à 225, nouvelle, trad. Frank STRASCHITZ 8 - En direct avec le futur (Line To Tomorrow, 1945), pages 226 à 243, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 9 - Il se passe quelque chose dans la maison (This Is the House, 1946), pages 244 à 272, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 10 - Juke-box (Juke-Box, 1947), pages 273 à 291, nouvelle, trad. Frank STRASCHITZ 11 - Ne vous retournez pas (Don't Look Now, 1948), pages 292 à 311, nouvelle, trad. Alyette GUILLOT-COLI 12 - Androïde (Android, 1951), pages 312 à 353, nouvelle, trad. Frank STRASCHITZ 13 - Sinon... (Or Else, 1953), pages 354 à 365, nouvelle, trad. Frank STRASCHITZ 14 - (non mentionné), Bibliographie de Catherine L. Moore, pages 366 à 369, bibliographie 15 - (non mentionné), Bibliographie de Henry Kuttner et Catherine L. Moore, pages 369 à 381, bibliographie
Critiques
SACRÉ DUO
Comme toujours, une excellente introduction et une complète bibliographie très utile, ce qui relève du tour de force, compte tenu du nombre invraisemblable de pseudonymes utilisés. Voici donc 12 nouvelles, dont 8 inédites en France, les autres méritant la reprise. Les inédits sont de qualité : Impasse traite le thème du robot à la limite de l'humain dans une perspective très 1950, comme chez Asimov, avec l'humour en plus. Un bon placement renvoie au dédoublement temporel avec astuce. Problème de logement est un pur chef-d'œuvre mi-merveilleux, mi-s.f., qui vaut à soi seul qu'on achète l'ensemble. Comme Juke box, petit joyau. Androïde est pré-dickien, et marque que chez ces auteurs la peur se cache souvent sous le masque lisse de l'ironie. J'ai moins aimé les deux autres. Couverture de Siudmak très en harmonie avec l'esprit du livre.
La SF américaine a-t-elle connu un âge d'or ? On peut le croire, en relisant Catherine L. Moore, Henry Kuttner et John W. Campbell.
Catherine L. Moore (1911-1987) et Henry Kuttner (1915-1958) restent à ce jour le couple d'auteurs le plus connu de la SF. Le début de cette renommée ne date pas de leur union littéraire (1937) ou matrimoniale (1940). Catherine Moore avait déjà surpris les lecteurs de la revue Weird Tales en y contant, dès 1934, les amours exotiques d'un aventurier de l'espace, Northwest Smith. Thème audacieux pour l'époque, même si l'érotisme de ce cycle, qu'inaugure la célèbre nouvelle Shambleau, a perdu beaucoup de sa saveur aujourd'hui. Henry Kuttner, quant à lui, avait également produit quelques dizaines de textes, bien que sa popularité fût loin d'égaler celle de sa future épouse.
Comme le démontre Alain Dorémieux, qui réunit et préface l'anthologie Ne vous retournez pas, l'alliance Moore-Kuttner donne lieu à une synergie originale et féconde, qui dépasse la somme de ses parties. Au romantisme de l'auteur de Shambleau, s'ajoute l'humour désinvolte de Kuttner. L'oeuvre commune en oscille à chaque nouvelle, tantôt drame et tantôt facétie. Ainsi Dorémieux voit-il dans le tragique L'heure des enfants prédominer la sensibilité de Catherine L. Moore, alors qu'il attribue au seul Henry Kuttner la pérennité de Sinon..., petit conte sardonique. Ces deux récits, outre leur valeur d'exemple, offrent la particularité de traiter le même sujet : la rencontre de terriens et d'extra-terrestres infiniment plus évolués. Dans L'heure des enfants, la race supérieure, qui vit simultanément dans une multitude de réalités, se sert de pions humains pour l'éducation sentimentale de sa jeunesse. Sinon... décrit de son côté l'accueil que réservent deux mexicains irascibles à un messie pacificateur débarqué des étoiles. Lyrisme ou caricature : les deux registres fonctionnent avec une égale efficacité.
Les époux ont souvent oeuvré ensemble sous pseudonymes singuliers : Lawrence O'Donnell, C. H. Liddell ou Lewis Padgett. C'est cette dernière signature que porte L'échiquier fabuleux (1946), récemment réédité. Le roman, qui a pour cadre la guerre à n dimensions que se livrent deux factions de mathématiciens guettés par la folie, voit défiler gadgets et paradoxes. Détail qui a son charme, le livre commence et prend fin avec la même phrase : « Le bouton de porte ouvrit un oeil bleu et le regarda. »
Autre figure incontournable de la SF : John W. Campbell (1910-1971), auquel un Classique de la collection Ailleurs et Demain vient d'être consacré. Campbell ne fut pas que le rédacteur charismatique de Astounding Science-Fiction, qui lança Asimov, Heinlein et Sturgeon. Ses talents d'auteur de fiction sont également indéniables, comme en témoignent Le ciel est mort et ses autres nouvelles. Ses biographes, Joseph Altairac et Francis Valéry, vont même jusqu'à déclarer : « La science-fiction campbellienne est la science-fiction ».