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La Mécanique des ombres

Benjamin LEGRAND



DENOËL (Paris, France), coll. Présences n° (26)
Dépôt légal : février 1996
Première édition
Roman, 320 pages, catégorie / prix : 115 FF
ISBN : 2-207-24357-5
Format : 14,0 x 20,5 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Un berger allemand à la recherche de ceux qui ont tué son maître...
     Un collier de perles noires racheté à une vieille dame contre de faux dollars...
     Un braquage de banque sanglant...
     Une station spatiale soviétique dont les occupants ont perdu les pédales... et une expédition de secours qui tourne mal...
     Une boîte noire au mystérieux contenu que l'on se transmet de génération en génération dans une vieille famille hollandaise, chaque héritier signant de son sang la promesse de ne jamais l'ouvrir...
     Une perle noire roulant dans les escaliers d'une H.L.M...
     Une voix venue du futur au cours d'une expérience de spiritisme...
     Des ombres persécutrices... Des morts en chaîne...

     Des nouvelles ? Non, un foisonnement de faits divers embrassant les multiples dimensions du temps et de l'espace pour tracer le cheminement d'une malédiction. Un roman aux chapitres montés comme les perles d'un collier, ces perles que l'on voit, ensemble ou séparément, passer de main en main, de convoitise en convoitise, déclenchant mystérieusement un chassé-croisé de catastrophes. Le tout donnant lieu à une illustration particulièrement originale de la théorie du chaos.

     Benjamin Legrand vient du cinéma, où il a travaillé comme assistant réalisateur (entre autres de Jacques Demy et Jacques Rivette) et scénariste (notamment aux côtés de Philippe Druillet pour Sloane et Bleu, L'Enfant de la Terre). Auteur d'un livre remarqué sur le Bronx, traducteur, scénariste de plusieurs bandes dessinées (dont l'une de Jacques Tardi) et séries télévisées pour la jeunesse, musicien à ses heures, il possède un sens et un amour du récit qui devaient fatalement le mener au roman.

Critiques
     Autant le dire tout de suite : le premier roman de Benjamin Legrand commence très mal. Dès les premières lignes, il est évident que l'histoire est racontée du point de vue d'un chien — ce pour tout lecteur de Science-Fiction normalement constitué, habitué par définition aux récits où les protagonistes sont non-humains et donc aux points de vue non-humains. Le récit avançant, le lecteur se demande ce que ce chien a de spécial : est-il télépathe ? est-ce un chien mutant ? sa « jambe » va-t-elle se réparer toute seule par nano-technologie ? Bernique. Il s'agit d'un chien tout ce qu'il y a de plus bête. Et l'auteur nous assène « la » révélation dans les dernières lignes du premier chapitre : ah ! ah ! l'histoire est racontée par un berger allemand ! Personne n'avait deviné ?
     Non, personne...
     A ce point de la lecture, le critique jette un œil à la pile de livres qu'il s'est promis d'examiner (sinon de lire), et se demande si oui ou non il va risquer de perdre son temps avec ce qui ressemble fort au premier roman « de genre » d'un auteur de littérature générale inculte, aventuré en terre paralittéraire sur l'air de « vous allez voir ce que vous allez voir », mais ne faisant que réinventer l'eau tiède à chaque page. Coup d'œil à la quatrième de couverture : le livre a l'air de valoir mieux que ça. Le critique décide donc de persister, au moins pour quelques chapitres de plus...
     Et il ne le regrette pas.
     Le titre de cet ouvrage est fort bien choisi. Il s'agit en effet d'une mécanique — elle se met peu à peu en place, au fil de chapitres ayant l'apparence de courtes nouvelles à chute. Dans la première, un agent de sécurité est abattu lors d'un hold-up, le jour où il est venu travailler sans son chien, renversé la veille par une voiture. Dans la seconde, un escroc international liquide son complice après avoir fait un gros coup. Dans la troisième, des petits loubards jouent aux pirates de l'autoroute et provoquent un accident. Trois histoires en apparence indépendantes. Le quatrième chapitre revient sur les événements évoqués dans le premier, mais du point de vue d'un autre personnage, tandis que le cinquième entraîne le lecteur dans l'espace, à bord d'une station orbitale russe dont les locataires ont pété les plombs.
     A partir de ce moment, le lecteur devra avoir compris que Benjamin Legrand est en train de mettre en place une histoire beaucoup plus complexe. Chaque chapitre devient une pièce d'un puzzle : des détails frontaliers permettent d'ajuster le chapitre au bon endroit, là où le raccord se fait sans problème. Cette construction reste valable jusqu'à la moitié du roman qui compte trente-deux chapitres. Elle a ensuite tendance à s'effriter : certains chapitres sont composés de plusieurs fragments indépendants, comme s'ils traînaient des miettes de récit qu'il fallait d'urgence exposer au lecteur, tandis que d'autres sont des expositions d'événements historiques anciens et explicatifs des événements contemporains au lecteur.
     Je n'en ai encore rien dit : si tous les personnages 1 connaissent une fin tragique, c'est parce qu'une malédiction attachée à un collier de perles chemine tout au long du récit, et en est le véritable fil conducteur. La quatrième de couverture précise que ce roman est « une illustration particulièrement originale de la théorie du chaos. » On peut effectivement le voir ainsi.
     En dépit d'un démarrage laborieux, La mécanique des ombres est un roman tout à fait intéressant et convaincant, plutôt bien construit 2, écrit sans recherche mais avec fluidité 3, et ménageant quelques réelles surprises. Son appartenance à la Science-Fiction est tout à fait marginale (quelques scènes orbitales particulièrement réussies) mais l'auteur, visiblement, possède une bonne connaissance du genre et s'amuse à glisser quelques références que je vous laisse le soin de retrouver.

Notes :

1. ou presque : deux enfants et un couple de naufragés sont épargnés.
2. certains chapitres ne sont peut-être pas tout à fait à leur place, mais c'est là un point de vue d'auteur. Par contre certains « emboîtages » sont très forts, comme l'utilisation de l'entrée dans l'atmosphère de la station orbitale (chapitre 28).
3. selon l'usage denoëlien l'orthographe est « réformé », périphérique s'écrivant avec un f (périférique !) ou bloc avec un k (block !)

Francis VALÉRY
Première parution : 1/7/1996 dans Cyberdreams 7
Mise en ligne le : 15/9/2003

Prix obtenus
Gérardmer / Fantastic' Arts, [sans catégorie], 1996


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