Kate WILHELM Titre original : A Sense of Shadow, 1981 Première parution : Houghton Mifflin, 22 avril 1981ISFDB Traduction de Sylvie AUDOLY Illustration de André PARIS
DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 353 Dépôt légal : janvier 1983 Première édition Roman, 224 pages, catégorie / prix : 5 ISBN : 2-207-30353-5 Format : 11,0 x 18,0 cm✅ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
John Daniel Culbertson, qui régnait en despote sur son domaine de l'Oregon, sur ses femmes successives et sur ses quatre enfants, agonise. Mais ce vieillard obstiné refuse même à la mort le pouvoir de desserrer son emprise sur sa fille et sur ses fils. Avec l'aide d'un psychologue qui a quelques théories originales sur les ondes cérébrales, il met au point une manoeuvre destinée à assurer définitivement sur eux son pouvoir absolu.
Dès le lendemain de sa mort, un climat d'épouvante s'installe. Bientôt, on ne sait plus qui est qui dans cette maison où rodent des ombres qui prennent relief et substance. Par la lauréate du prix Apollo, un roman fantastique si proche du quotidien qu'il fait naître une angoisse tenace et sourde, impossible à dissiper.
Critiques
L'œuvre de Kate Wilhelm, plus abondante que ne le laissent supposer les quatre ou cinq livres traduits chez nous, échappe à toute classification rigoureuse. D'une part, parce qu'elle aborde avec un égal bonheur de nombreux genres littéraires, l'anticipation sociale (Hier les oiseaux. Le temps des genévriers),le « thriller » politique (City of Gain),le suspense horrifique (The Clewiston test) ou humoristique (Oh Susannah),ou encore, comme c'est le cas avec La mémoire de l'ombre, la « ghost story » ; d'autre part, parce qu'à l'intérieur de genres aussi codifiés que peuvent l'être la SF ou le récit de possession, elle se situe le plus souvent sur les marges, sur la frange mouvante où ces genres tendent à se confondre avec ce qu'on appelle la littérature générale (qu'on se souvienne de ses deux recueils Le villageet Quand Somerset rêvait).
Le présent roman reste centré autour du thème essentiel qui sous-tend l'univers littéraire de Kate Wilhelm : la survivance. Survivance du groupe, du clan, du couple, et ici de l'individu, et plus précisément de la mémoire de l'individu. Pour John Daniel Culbertson qui, sa vie durant, a tyrannisé ses enfants et ses épouses successives, survivre c'est, par-delà la mort continuer son œuvre de destruction, de terreur et d'emprise ; c'est faire revivre les fantômes qu'héberge notre inconscient, c'est semer le doute et la folie dans ces zones d'ombre de notre cerveau où l'imaginaire joue à tromper le réel.
A ne lire La mémoire de l'ombre qu'au niveau du « thriller » qu'il est indubitablement, on serait déjà séduit par le talent de conteur de Kate Wilhelm. Mais à considérer l'œuvre comme un roman de l'ambiguïté et de l'illusion (au même titre que le cinéma d'Antonioni ou de Resnais), on ne peut retenir son admiration devant ce tour de force littéraire.