Frederik POHL Titre original : Man Plus, 1976 Première parution : The Magazine of Fantasy and Science Fiction, avril à juin 1976. En volume : Random House, août 1976ISFDB Traduction de Philippe R. HUPP Illustration de Wojtek SIUDMAK
POCKET
(Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5395 Dépôt légal : septembre 1990, Achevé d'imprimer : septembre 1990 Roman, 288 pages, catégorie / prix : 7 ISBN : 2-266-03742-0 Format : 11,0 x 18,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Le premier Martien sera un homme. C’est facile à dire ; mais quand on le réalise, les choses se compliquent. Roger Torraway a été prévenu ; il a tout accepté. Pour devenir apte à résister aux conditions de “vie” à la surface de Mars, il se laisse transformer par les chirurgiens. On lui implante des organes artificiels ; il devient un cyborg, mi-chair mi-machine, premier représentant d’une race incertaine. Il ne se reconnaît plus dans la glace.
Mais les gens qui lui ont fait ça auraient tort de triompher trop vite. Peut-on bricoler impunément le matériau humain ? L’Homme-Plus, au terme de sa métamorphose, se sentira-t-il encore lié au sort de ses “semblables” ? Et quelle est la force mystérieuse qui infléchit subtilement le cours de l’expérience ? Quand on joue les Frankenstein, on ne sait jamais, au départ, comment ça va se terminer.
Frederik Pohl né en 1919, est un spécialiste des avenirs de cauchemar : on le sait bien depuis L’Ère des Gladiateurs, écrit en collaboration avec C. M. Kombluth. II a surpris son monde en publiant La Grande Porte, chef-d’œuvre du space opera moderne : une grande échappée vers les étoiles, et pourtant... le cauchemar continue.
Intégration de la politique-fiction à la hard-science (le tout réconcilié sans doute au sein de la fiction-spéculative), ce très récent roman de Pohl raconte par le menu l'entraînement d'un cosmonaute pour une survie de longue durée sur la planète Mars, où le président des Etats-Unis, pour des raisons pas très évidentes pour le lecteur (mais pour l'auteur ?...) veut l'envoyer, avant le déclenchement d'une possible guerre nucléaire. Le récit acquiert sa dimension tragique (sans laquelle il ne serait qu'un « documentaire-fiction ») par le fait que le volontaire, afin de satisfaire à sa mission, est charcuté d'abominable façon (il est castré, doté d'yeux et d'un épiderme artificiels, etc.), devient un cyborg, certes adapté à la vie sur Mars, mais qui n'a pratiquement plus rien d'humain. Hommage ambigu à la « conquête de l'espace » (le point de vue de l'auteur change nettement entre le début de l'histoire, où il nous fait partager l'horreur de cette déshumanisation, et sa fin, où il nous convainc de l'ivresse qu'éprouve Torraway dans l'environnement martien où son corps transformé fonctionne à merveille), ce roman est le meilleur Pohl en solo : la solidité de sa construction, la crédibilité du documentaire, le fouillé des psychologies forment un ensemble passionnant. Dommage que l'auteur se soit cru obligé d'ajouter une chute à double-détente vaguement dickienne, qui n'ajoute à cette étouffante épopée en chambre pressurisée qu'un inutile point d'interrogation.