« Fenêtres sur l'obscur », de Kurt Steiner (Fleuve Noir), se déroule dans un château espagnol et ses protagonistes sont une jeune Française, Évelyne ; son mari, Ruy ; et le fils de ce dernier d'un premier lit, Juan. Évelyne, somnambule, souffre d'hallucinations. Elle s'imagine en effet que les ancêtres de son mari veulent se débarrasser d'elle et du petit Vincent, fils qu'elle a eu d'un premier mariage. Mais est-ce uniquement de l'imagination ? Comment se fait-il, par exemple, qu'une bague qu'elle a perdue se retrouve, peinte, sur un tableau représentant Philippe II, puis revienne à son doigt, disparaissant de celui du roi ? Si encore elle était seule à avoir ces hallucinations, mais, non, son mari et son beau-fils reconnaissent qu'eux aussi… Est-ce la vieille Pilar qui fait appel à la sorcellerie pour se débarrasser d'une maîtresse qu'elle hait et jalouse ? Est-ce Ruy qui en a assez de sa femme parce qu'il la croit infidèle avec Juan ? Il y a de cela peut-être, mais il y a également l'ombre de l'inquisition d'il y a quatre siècles, il y a aussi ces danseurs du Bal Masqué dont on ne sait s'ils sont des êtres en chair et en os ou des ombres. Un livre bien découpé, écrit avec habileté et un sens certain du suspense.