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Le Gène maudit

John BOYD

Titre original : The Doomsday Gene, 1973
Première parution : New York, USA : Weybright and Talley, 1973   ISFDB
Traduction de Jane FILLION
Illustration de Benjamin CARRÉ

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur précédent dans la collection n° 219 suivant dans la collection
Dépôt légal : janvier 2000
Roman, 260 pages, catégorie / prix : 2
ISBN : 2-207-25053-9
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
Certains survivants du Grand Holocauste possèdent un patrimoine génétique contaminé par un gène de mort. Ainsi ces hommes créent-ils le chaos, provoquant inconsciemment des catastrophes qui entraînent avec eux la mort de milliers de personnes. Et voilà qu'arrive à Los Angeles un de ces cobayes : Amal, un jeune sismologue arabe qui prédit un terrible tremblement de terre et ignore qu'il en est probablement la source. Comment empêcher une telle catastrophe ? Peut-on débarasser l'humanité renaissante de ces gènes maudits ?

     John boyd, né en 1919 à Atlanta, n'a commencé à écrire qu'à l'approche de la cinquantaine, mais la douzaine de romans d'inspiration et de ton très libres qu'il a alors livré coup sur coup l'ont imposé comme un des auteurs les plus attachants des années 70. Il est connu dans le monde entier pour son chef-d'oeuvre La planète fleur.
Critiques
Contrairement à ce que peut faire croire la lecture du résumé, Le gène maudit n'est pas un simple roman catastrophe. Sa principale conclusion témoigne d'ailleurs de l'actualité de ce récit de 1973 : « Nous ne devons pas être des jouets entre les mains de ces dieux de fer-blanc que sont les biologistes. » (p.202).

     Boyd dresse tout d'abord un portrait saisissant d'une Amérique marquée par l'Holocauste de 2034, conséquence du déchaînement brutal de la violence urbaine au-delà d'un seuil de surpopulation devenu intolérable. En quelques jours, la population mondiale a chuté de 75% !
     Cette évolution dramatique a entraîné une modification radicale des mœurs : contrôle rigoureux des naissances, pratiques sexuelles alternatives (homosexualité, partenaires androïdes…), disparition de la notion traditionnelle de famille… La chasse à l'homme est même devenue une mesure légale qui permet de vider les prisons.

     Dans cet univers redevenu serein, Lyn, étudiante en psychologie et américaine-type du XXIème siècle, rencontre Amal, un copte venu de Bagdad. Ces deux personnages ont des facultés inhabituelles. Lyn possède certains dons de télépathie et de clairvoyance, tandis qu'Amal est obsédé par les souvenirs d'un homme du XXème siècle. Nous sommes tous deux des monstres à la recherche du Frankenstein qui nous a créés, conclut Lyn (p.97).
     Mais ce qu'ils ignorent, c'est qu'Amal est le prototype d'une « expérience itinérante d'eugénisme » et qu'il serait atteint du « syndrome de Thanatos », sorte « d'aspiration à une mort prématurée », dont l'origine pourrait être héréditaire…

     En marge de la vie moderne, des enclaves ont été fondées. Certaines refusent toute technologie, comme celle des Skinheads. D'autres recréent des modes de vie du passé et servent de sujets d'études, mais aussi de loisirs ou de refuges. Lyn et Amal, sous l'influence des étranges souvenirs de ce dernier, se rendront à Dotham, où l'on vit à l'heure des années 1930. Ainsi, après la découverte de l'Amérique par Amal, nous assisterons également à la confrontation amusante et enrichissante entre des époques différentes.

     A côté de cette remarquable peinture, l'intrigue proprement dite, centrée sur l'annonce d'un tremblement de terre, paraît faible. Les agissements d'Amal sont peu convaincants et l'aspect roman catastrophe est peu crédible. Dans cette veine, on préférera le roman de McQuay et Clarke : 10 sur l'échelle de Richter.

     Le gène maudit s'achève en un thriller efficace mais un peu décevant car Boyd n'y exploite pas à fond les passionnants thèmes qu'il a initialement introduits. L'ensemble forme néanmoins un roman suffisamment lucide, riche et captivant pour faire pardonner les quelques faiblesses mentionnées.

Pascal PATOZ (lui écrire)
nooSFere

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Présence du futur (1977)


     Récemment, plusieurs milliers de chercheurs avaient demandé un moratoire (finalement repoussé) concernant certaines recherches du domaine de la génétique, jugée dangereuses pour l'espèce humaine. The doomsday gene, publié aux US en 1973, semble un écho anticipé à ces inquiétudes ; pour réagir contre le surpeuplement, des généticiens essayent de créer une nouvelle race d'hommes portant en eux une tendance à l'autodestruction. Ils sont pris de cours par l'Holocauste de 2034 (la population des grandes cités, soumise au stress, est décimée dans une série de convulsions sanglantes), mais sept mutants n'en sont pas moins créés, porteur du « gène maudit ». C'est le destin de l'un d'eux, un sismologue qui a prédit un tremblement de terre en Californie (et qu'il va peut-être aider à se produire), que l'auteur nous invite à suivre, dans un récit où l'émotion (l'amour de Lyn pour le porteur du gène de mort) et le sentiment de la fatalité (« Mais pourquoi poursuivre cette expérience alors que l'Holocauste l'avait rendue inutile ?... Tout simplement par routine. ») sont conjugés par habileté. Certes les problèmes idéologiques sont occultés, et cette Terre à demi-dépeuplée de la fin du XXIe siècle reste bien floue (ce qui permet sans doute à certaines notations d'acquérir du relief : usage sexuel de « gynodrones » dans une ère de néo-puritanisme, zones réservées où l'on vit à la mode 1930, parc de chasse où l'on peut traquer des criminels pour se défouler), mais le roman, grâce surtout à son réalisme psychologique, fonctionne bien et se lit avec plaisir. Oublié son insignifiant Quotient intellectuel à vendre, Boyd revient au premier plan des auteurs de second rang.
 

Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/1/1977
dans Fiction 276
Mise en ligne le : 1/12/2012

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