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Le Pêcheur

Clifford Donald SIMAK

Titre original : The Fisherman / Time Is the Simplest Thing, 1961
Première parution : Analog Science Fact -> Fiction, avril 1961 (sous le titre "The Fisherman"). En volume : États-Unis, New York : Doubleday, mai 1961 (sous le titre "Time Is the Simplest Thing")   ISFDB
Traduction de Jean ROSENTHAL
Illustration de Tibor CSERNUS

J'AI LU (Paris, France), coll. Science-Fiction (1970 - 1984, 1ère série) précédent dans la collection n° 609 suivant dans la collection
Dépôt légal : 2ème trimestre 1975, Achevé d'imprimer : 10 juin 1975
Réédition
Roman, 320 pages, catégorie / prix : 2
ISBN : néant
Format : 11,2 x 16,5 cm
Genre : Science-Fiction

Le traducteur n'est pas mentionné sur l'ouvrage.

Autres éditions
   J'AI LU, 1984, 1990, 1995, 1997
   in Les Mines du temps, OMNIBUS, 2004
   in Demain les chiens / Le Pêcheur, OPTA, 1966

Quatrième de couverture
 Clifford D. Simak est né aux Etats-Unis le 3 août 1904 à Millville, Wisconsin. Il a grandi dans la ferme de ses parents où il a acquis le goût de la poésie de la nature. Il fut instituteur, puis journaliste, avant de devenir un des plus célèbres écrivains américains du moment.     
 
Finalement les fusées étaient trop lentes. Mieux valait confier l'exploration spatiale à des hommes aux pouvoirs télékinésiques prononcés. Leurs facultés psi leur permettaient, sans se déplacer corporellement, de projeter leur esprit jusqu'aux étoiles. Leur centre, surnommé l'Hameçon, commercialisait ensuite les idées et les techniques que les explorateurs avaient rapportées des planètes lointaines.
Lorsque Shepherd Blaine ramène une entité extra-terrestre qui a pénétré son esprit, il sait que, dans un tel cas, l'Hameçon ne prend pas de risque : on supprime l'explorateur qui n'est plus totalement humain. Il lui faut fuir mais, hors de l'Hameçon, les hommes doués de facultés psi sont massacrés par la foule qui a peur d'eux.
Shepherd Blaine est donc perdu. Toutefois Blaine n'est plus seul désormais, une entité aux pouvoirs inconnus l'habite...
 
    
Critiques
 
     Il y a la race humaine incapable de se déplacer physiquement dans l'espace, comme dans Les hommes stellaires de Leigh Brackett ; il y a des mutants traqués par des normaux, comme dans A la poursuite des Slans ; il y a une créature extra-terrestres paralysant l'esprit d'un homme, comme dans quatre ou cinq romans à votre choix. Ces éléments disparates montés avec brio font un roman au suspense certain mais pas très convainquant, et qui sent le déjà vu. Simak a manifestement écrit Le pêcheur au fil de la plume pour une parution en épisodes dans une revue, et cela se sent un peu trop. Bien sûr l'auteur reste maître de son style simple et de sa philosophie humaniste, mais on s'étonne tout de même de trouver sous la plume de ce rousseauiste un hommage inattendu à la science, ainsi qu'un éloge de la « libre Amérique » que ne renierait pas un Poul Anderson.

Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/11/1975 dans Fiction 263
Mise en ligne le : 17/12/2014

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition J'AI LU, Science-Fiction (1985 - 1993, 2ème série - dos violet) (2001)

     A la base du roman, un prétexte technique déjà dépassé (ou sur le point de l'être) lors de sa parution en 1961 : nous savons à présent que les ceintures de Van Allen n'empêchent pas les vols spatiaux habités. Peu importe — toutes sortes de raisons physiques ou économiques pourraient mener à un futur comme celui que Simak envisage, où l'espèce humaine, au rebours des plans élaborés par la SF, est bloquée sur Terre. L'originalité ici est que la parapsychologie vient au secours de l'exploration interstellaire : le projet Hameçon a rassemblé des gens capables de projeter leur esprit sur d'autres planètes, et même de téléporter de petits objets. Banni par les USA, qui entretiennent une peur superstitieuse des talents parapsychologiques, Le Hameçon, installé au Mexique, est devenu un acteur majeur de l'économie mondiale. Ses innovations technologiques se vendent dans des comptoirs installés un peu partout, et approvisionnés par téléportation.
     Shepherd Blaine est un des explorateurs télépathiques du Hameçon. Lors d'une rencontre avec un extraterrestre, il hérite d'une copie complète de l'esprit de celui-ci — et, dès lors, se considère (avec raison) comme un homme traqué, car le Hameçon fait disparaître ceux de ses employés considérés comme contaminés. Dès la dixième page, Blaine est donc en fuite, bénéficiant d'une série de coups de main trop opportuns pour être fortuits.
     Simak replonge ainsi dans sa ruralité de prédilection, et l'essentiel du livre est une sorte de road movie, si on prend le road movie, dévoué qu'il est à l'exploration des paysages de l'Ouest américains (et de ses habitants les plus primitifs), pour la forme contemporaine du western. Western auquel Simak emprunte plus que des lieux : du vocabulaire (dans le texte original), des personnages comme le shérif ou le prêtre et des épisodes comme l'attaque de la diligence (un camion) par des Indiens (ce sont des jeunes télékinètes, ne pinaillons pas) ou le lynchage d'un prisonnier défendu plus ou moins mollement par le shérif. Blaine, certes, a acquis des pouvoirs extraterrestres sur le déroulement du temps, mais il ne s'en sert que de façon parcimonieuse, un coup chacun, histoire de réserver des surprises au lecteur.
     Le pêcheur est une illustration classique du thème des mutants ; comparés à diverses minorités défavorisées (Amérindiens, mais aussi Noirs ou, explicitement, Juifs), ceux qui détiennent des pouvoirs parapsychologiques sont victimes d'un racisme américain qui nuit aussi à la prospérité même de ceux qui en sont coupables. C'est un livre daté — les voitures circulent sur coussin d'air, sont munies d'ailerons tout droit copiés sur les Cadillac de 1958, et, quand il faut communiquer d'une ville à l'autre, on décroche le téléphone et on demande un numéro à l'opérateur... Quant à la manière dont le Hameçon traite ses agents mentalement contaminés par l'étranger, elle sort tout droit des fantasmes de la guerre froide et des romans d'espionnage (y compris la station balnéaire où les agents “grillés” habitent une cage invisible). C'est aussi un livre généreux, prêchant la tolérance envers la différence, et plus qu'agacé par le comportement du monde des affaires.
     On ne prétendra pas que ce soit un roman majeur, ni magistralement exécuté au niveau de l'intrigue (tous les fils ne sont pas recousus) ou des sentiments (parfois tissés de clichés). Il fournit un cas d'école du fonctionnement de la SF de cette époque, qui s'affranchissait du bon goût littéraire, en négligeant les aspects prosaïques du vécu quotidien ou de l'affectivité pour coudre à la va-vite des pans entiers de mythologies populaires existantes (western, espionnage) et tirer de cet assemblage de fortune sa propre mythologie (les mutants, la sagesse venue des étoiles).
     A la différence de bien des auteurs, Simak introduit des ingrédients religieux dans son cocktail mythique. Les pouvoirs psi sont vus autant sous l'angle du miracle que celui de la science ; le contempteur des télépathes, Finn, est présenté comme un prêcheur itinérant, tandis que le Père Flanagan (catholique, à noter) fournit à Blaine une aide qui est (la seconde fois) telle coïncidence qu'elle relève de la Divine Providence ; enfin les efforts de Blaine pour sauver une communauté de mutants incrédules envers le péril, et son départ découragé de la ville, suivent le canevas du récit de Lot. A cela près que Sodome, ici, n'est pas une cité pécheresse — Simak était trop gentil pour endosser un concept pareil.

Pascal J. THOMAS (lui écrire)
Première parution : 1/4/2001
dans Bifrost 22
Mise en ligne le : 17/12/2002

Cité dans les listes thématiques des oeuvres suivantes
Stups & Fiction - Drogues
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