Couverture : atelier Pascal Vercken. On notera le Frédéric Brown en quatrième de couverture.
Quatrième de couverture
Du côté de Londres des flammes léchaient le ciel, et de gros nuages de fumée rouge s'élevaient en tournoyant. Bientôt ils purent entendre le fracas de milliers de pas cadencés.
Les cheveux de Bill se dressèrent quand, au travers des cris et des grondements, lui parvinrent les lambeaux d'un chœur entonné par des milliers de poitrines, un chant ample... pour tout dire... « Siegfried au Rhin » chanté par des voix noires, puissantes et profondes.
Le chant s'enflait. Une voiture s'avançait en cahotant, précédée de motocyclistes couverts de poussière.
A l'intérieur se trouvait Adolf, avec ses yeux pâles, la moustache teinte en rouge, l'énorme coiffure de plumes coquettement inclinée sur l'oreille, et, par sollicitude pour la race noire, un os dans le nez, généralissime des armées noires et rouges.
Né près d'Anvers en 1938, Paul Van Herck est un des écrivains marquants du domaine néerlandais. II débuta en 1965 par un recueil de nouvelles, et il vit en 1972 couronné à Trieste son roman « Sam of de Pluterdag ». Publié depuis aux U.S.A. par Daw Books. Dans CAROLINE OH ! CAROLINE, la science fiction, la satire, le fantastique s'unissent en une farce énorme qui rappelle la verve de certains Frédéric Brown.
Un univers parallèle prétexte à tirer à hue et à dia les ficelles de l'Histoire : Napoléon a gagné la bataille de Waterloo, toute l'Europe est francisée, Noirs et Indiens ont rejeté les Blancs à la mer et se partagent l'Amérique, le Moyen-Orient est israélien. Là-dessus vient se greffer une « autre » GM-2, au cours de laquelle Noirs et Indiens, sous la conduite d'un Adolf Hitler ayant jeté un voile pudique sur ses théories racistes, débarquent en Europe et se la partagent au cours d'un Yalta-bis. Contrairement à ce qu'en dit le préfacier-traducteur, ce roman néerlandais ne se place pas sous le parrainage de Marcel Aymé, mais bien du cinéma burlesque et nonsensique juif-américain, des Marx Brother's à Woody Allen, avec ses tombereaux de gags, de références détournées, d'anachronismes (les Indiens dressant des tribunes et distribuant le programme avant une séance de poteau de torture...). Même si c'est facile, si parfois la tension baisse, et si on se passerait volontiers de l'infra-trame du récit (l'univers parallèle pratique la réincarnation et tout un chacun peut conserver avec les anges, Saint-Pierre ou le diable, sans parler du « Patron »), on rit ou on sourit souvent, et de bon cœur. Les romans de s-f humoristiques sont trop rares, et trop souvent sinistres, pour qu'on puisse se permettre de bouder ou d'ignorer ce truculent exercice flamand.