Pas de révélation personnelle. Voilà qui n'était pas ordinaire. Personne ne s'intéressait à l'avenir abstrait, collectif. A croire que le médium n'était pas très bon ; son enseigne laissait prévoir quelques vagues généralités ! Mais Cussick était intéressé. Cet homme partait battu et pourtant il se tenait là. Après tout, la bonne aventure c'est 99% de boniment et 1% d'intuition. Il aurait pu apprendre les ficelles du métier en moins que rien, auprès des autres forains. Et pourtant, il avait délibérément choisi cette présentation peu engageante. Tout, dans l'attitude du corps hideux affaissé là, indiquait la ténacité. Il avait décidé de tenir le coup, Dieu sait depuis combien de temps. A en juger par son enseigne à demi effacée, ça pouvait faire des années. C'était Jones. Mais à l'époque, bien sûr, Cussick ne le savait pas.
Et s'il se trouvait un jour un ambitieux qui ait la possibilité de voir dans l'avenir, à une année de distance ? Quel sera alors le destin de ce dictateur, prisonnier de sa faculté, prisonnier des chaînes de l'avenir ?
Critiques
Un des tous premiers romans de Dick, originellement publié en 1956 : un homme doué de précognition qui devient dictateur grâce à sa connaissance de l'avenir ; la colonisation d'une planète (Vénus) par des humains « transformés » ; l'arrivée sur Terre d'étranges créatures stellaires qui provoquent une crise à cause du bouleversement qu'elles introduisent... Certains des thèmes de prédilection de Dick sont déjà là — et notamment le fonctionnement d'un pouvoir générateur de corruption et de folie ; mais tout ici est à l'état d'ébauche, les situations n'aboutissent pas, et les divers plans du récit semblent dériver au hasard plutôt qu'être liés par une logique organique. Un Dick grisâtre, comme la plupart de ceux publiés au Masque, qui semble décidément être voués aux fonds de tiroir du grand homme.