Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Airs de terre

Brian ALDISS

Titre original : The Airs of Earth, 1963
Première parution : Faber and Faber, 1963   ISFDB
Traduction de Michel DEUTSCH

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur précédent dans la collection n° 81 suivant dans la collection
Dépôt légal : 1er trimestre 1965, Achevé d'imprimer : 12 février 1965
Première édition
Recueil de nouvelles, 240 pages, catégorie / prix : 6,15 FF
ISBN : néant
Format : 12,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     • A la fin du XXe siècle, l'homme était presque amoureux de sa voiture ; il l'est maintenant totalement d'un satellite.
     • La guerre atomique va éclater ! Une nouvelle drogue hilarante ne sera-t-elle pas l'arme de dissuasion de l'avenir ?
     • Terriens ! Si vous restez sur votre planète d'origine, vous deviendrez peut-être, des héros, mais vous en subirez les conséquences.
 
     Sept nouvelles de l'auteur anglais Aldiss, qui ont pour cadre, soit la Terre telle qu'elle sera peut-être demain, soit les régions les plus étranges de la Galaxie.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Introduction à l'édition anglaise (Introduction, 1963), pages 9 à 13, introduction, trad. Michel DEUTSCH
2 - La Métamorphose de Derek Ende (A Kind of Artistry, 1962), pages 15 à 43, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
3 - Le Métier de soldat (Soldiers Running / How to Be a Soldier, 1960), pages 45 à 57, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
4 - Base de négociation (Basis for Negotiation, 1962), pages 59 à 107, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
5 - Esquilles (Shards, 1962), pages 109 à 119, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
6 - Un amour sans pareil (O Moon of My Delight!, 1961), pages 121 à 154, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
7 - Le Sourire des nations (The International Smile, 1963), pages 155 à 183, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
8 - Être un dieu (Segregation / The Game of God, 1958), pages 185 à 239, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
Critiques

    Le volume intitulé The airs of Earth a été publié en 1963 en Grande-Bretagne. Quelques-unes de ces nouvelles furent incorporées, dans le volume Starswarm paru l'année suivante aux États-Unis, dans une sorte de panorama historique analogue à celui que l'auteur présenta sous le titre de Galaxies like grains of sand : chaque récit est précédé d'une introduction où, en quelques paragraphes, l'auteur esquisse le décor – spatial ou temporel – dans lequel l'action va se dérouler. Ces petites introductions contiennent souvent la quintessence du talent de leur auteur, et il est peut-être regrettable que l'on ait choisi de traduire The airs of Earth plutôt que Starswarm. Mais il y a une compensation : pour le premier de ces livres, Brian Aldiss avait écrit une introduction (au sens habituel du terme, c'est-à-dire exempte de toute intention affabulative) et celle-ci figure dans cette traduction française. Elle peut provoquer une petite surprise, puisque mention y est faite d'une nouvelle (Old hundredth) qu'en chercherait en vain dans les pages du livre ; ce récit a été inclus dans un ouvrage précédent de la collection, l'inégale anthologie Loin de Terra. 

    À dire vrai, l'introduction n'apporte rien de véritablement nouveau, puisqu'elle est constituée d'arguments précédemment ressassés (l'auteur de science-fiction doit construire son univers avant d'avoir le droit de narrer son histoire, etc.) et d'un plaidoyer pro domo sua. Mais, après tout, il est parfaitement logique que Brian Aldiss défende surtout le genre dans lequel se classent ses propres œuvres : écrit-il ainsi parce qu'il était convaincu, au départ, de la supériorité de ce genre, ou cette dernière lui est-elle apparue comme conséquence de sa propre intervention littéraire ? Il n'importe guère. La cause est présentée avec esprit et cohérence, et le point principal soulevé par Aldiss ne peut rencontrer que l'approbation.

    Ces critiques […] savent que si un récit de science-fiction n'est pas conforme aux critères littéraires classiques, c'est un récit raté, écrit Aldiss ; ils savent aussi que, pour être une réussite, ce récit a besoin d'avoir un quelque chose de plus. 

    Ce « quelque chose » de plus étant ce qui permettra au lecteur de ne pas se sentir étranger dans un monde éloigné de son expérience quotidienne.

    Assez curieusement, les moins réussies de ces nouvelles sont celles dans lesquelles les aventures des protagonistes restent relativement proches de l'« expérience quotidienne » que peut avoir le lecteur. Cela tient sans doute au fait que Brian Aldiss possède un style dont les deux manifestations extrêmes sont un humour britannique (au mauvais sens de l'adjectif) et un raffinement sophistiqué (sans nuance péjorative). Dans Un amour sans pareil et Le sourire des nations, ces deux tendances révèlent leurs faiblesses. La première de ces nouvelles est un épisode dans lequel une liaison amoureuse et un cadre insolite ne suffisent pas à cacher la banalité du sujet, en dépit d'une écriture soignée : Le sourire des nations est une farce bien grosse sur les effets bénéfiques qu'un euphorisant pourrait avoir sur les relations internationales de l'avenir. Le métier de soldat, banal cauchemar d'une guerre future agrémenté d'une révélation-chute terminale, est plus satisfaisant parce que mieux « ramassé ».

    Les autres récits sont d'une classe variant du bon à l'excellent. Ils illustrent la souplesse d'un écrivain qui ne se laisse pas dominer par son métier et son style, et qui utilise au contraire ceux-ci avec une réelle virtuosité dans ses meilleurs moment. Esquilles  est une évocation plausible du processus mental d'animaux médicalement préparés pour l'espionnage. Dans Base de négociation, Brian Aldiss brosse un tableau inquiétant d'une déclaration de guerre – en date du 1er juillet 1971 – et la puissance de ce tableau provient de ce qu'il présente les événements par le mauvais bout de la lorgnette : on y voit le désarroi de ceux qui « voudraient faire quelque chose » mais qui se trouvent paralysés par l'affolement, la désorganisation et les informations contradictoires. En plus, la nouvelle examine l'opposition entre l'opportunisme et l'idéalisme, à travers les réactions d'un narrateur – homme politique assez important – que choque le pacifisme choisi par le Premier Ministre anglais. Quelle que soit la valeur du message, celle du récit paraît difficilement contestable du pur point de vue littéraire. 

    La métamorphose de Derek Ende et Être un dieu mettent en scène des personnages – humains et non-humains – unis par des rapports complexes et insolites. Dans le premier de ces récits, l'accent est mis sur la structure sociale d'une civilisation raffinée et décadente, alors que le problème est d'ordre psychologique dans le second. L'une et l'autre de ces nouvelles sont assez proches de la science-fiction américaine, mais Aldiss leur apporte les ressources d'un style individuel, littéraire (par opposition au « scientifique » d'Asimov ou de Clarke, ou au « poétique » de Bradbury) qui donne à ces récits un brillant qui leur est propre. Cette dernière qualité a généralement été respectée par Michel Deutsch, auteur de la traduction.

    Trois récits décevants, quatre satisfaisants : la proportion est honorable. D'autant plus honorable que les défauts d'Aldiss sont l'hypertrophie ou la caricature de ses qualités : ce livre est donc bien représentatif de son autour.

Demètre IOAKIMIDIS
Première parution : 1/8/1965 dans Fiction 141
Mise en ligne le : 2/7/2023

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87251 livres, 112067 photos de couvertures, 83685 quatrièmes.
10815 critiques, 47149 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3915 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD