Stanislas LEM Titre original : Cyberiada, 1965 Première parution : Cracovie, Pologne : Wydawnictwo Literackie, 1965ISFDB Traduction de Lucie MAKOWSKI
DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 109 Dépôt légal : 2ème trimestre 1968 Première édition Recueil de nouvelles, 240 pages, catégorie / prix : 8,50 F ISBN : néant Format : 12,0 x 18,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
· Tyrans de toutes planètes, ne restez plus en difficulté !
Faites appel à ces deux super-ingénieurs cosmiques : Trurl et Klapaucius, les as de la cybernétique.
· Avec l'électrolyre, ils ont tué tous nos poètes. Avec leur super-machine érotique, ils peuvent vous guérir du mal d'amour. Et ils ont gagné la plus difficile des guerres en laissant tomber sur l'ennemi une pluie... de bébés.
Un univers truculent. Des récits fantastiques et philosophiques. L'humour et l'immense talent de l'écrivain polonais Stanislas Lem.
1 - Première expédition ou le piège de Gargancian (Wyprawa pierwsza, czyli pułapka Gargancjana, 1965), pages 11 à 23, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in La Cybériade (DENOËL, 1980) sous le titre Première croisade ou le piège de Gargancien - in La Cybériade (DENOËL, 1985) sous le titre Première croisade ou le piège de Gargancien
2 - Première expédition A ou l'Électrolyre de Trurl (Wyprawa pierwsza A, czyli Elektrybałt Trurla, 1965), pages 24 à 38, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in La Cybériade (DENOËL, 1980) sous le titre Croisade No 1 bis ou l'électrouvère de Trurl - in La Cybériade (DENOËL, 1985) sous le titre Croisade No 1 bis ou l'électrouvère de Trurl
3 - Deuxième expédition ou l'offre du roi Okrucius (Wyprawa druga, czyli oferta króla Okrucyusza, 1965), pages 39 à 67, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in La Cybériade (DENOËL, 1980) sous le titre Seconde croisade ou l'offre du roi férotien - in La Cybériade (DENOËL, 1985) sous le titre Seconde croisade ou l'offre du roi férotien
4 - Troisième expédition ou les Dragons de la Vraisemblance (Wyprawa trzecia, czyli smoki prawdopodobieństwa, 1965), pages 68 à 85, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in La Cybériade (DENOËL, 1980) sous le titre Troisième croisade ou le dragon des probabilités - in La Cybériade (DENOËL, 1985) sous le titre Troisième croisade ou le dragon des probabilités
5 - Quatrième expédition ou comment Trurl appliqua le féminitrône, afin de délivrer le prince Pantarktyk de ses peines amoureuses, et comment on arriva... (Wyprawa czwarta, czyli o tym, jak Trurl kobietron zastosował, królewicza Pantarktyka od mąk miłosnych chcąc zbawić, i jak potem do użycia dzieciomiotu przyszło, 1965), pages 86 à 95, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
3 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in Les Chefs-d'oeuvre de la science-fiction (PLANÈTE, 1970) sous le titre Quatrième expédition - in La Cybériade (DENOËL, 1980) sous le titre Quatrième croisade ou comment Trurl recourut au féminotron dans le but de délivrer le prince Pantarctique des tourments de l'amour et comment l'on en vint subséquemment à faire usage du lance-mômes - in La Cybériade (DENOËL, 1985) sous le titre Quatrième croisade ou comment Trurl recourut au féminotron dans le but de délivrer le prince Pantarctique des tourments de l'amour et comment l'on en vint subséquemment à faire usage du lance-mômes
6 - Cinquième expédition ou les farces du roi Baleryon (Wyprawa piąta, czyli o figlach króla Baleryona, 1965), pages 96 à 113, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in La Cybériade (DENOËL, 1980) sous le titre Cinquième croisade ou les tours du roi Jambonnier - in La Cybériade (DENOËL, 1985) sous le titre Cinquième croisade ou les tours du roi Jambonnier
7 - Cinquième expédition A ou la consultation de Trurl (Wyprawa piąta A, czyli konsultacja Trurla, 1965), pages 114 à 121, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in La Cybériade (DENOËL, 1980) sous le titre Croisade No 5 bis ou la consultation de Trurl - in La Cybériade (DENOËL, 1985) sous le titre Croisade No 5 bis ou la consultation de Trurl
8 - Sixième expédition ou comment Trurl et Klapaucius créèrent un démon du genre secondaire pour vaincre le brigand Gebon (Wyprawa szósta, czyli jak Trurl i Klapaucjusz demona drugiego rodzaju stworzyli, aby zbójcę Gębona pokonać, 1965), pages 122 à 141, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
3 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in La Cybériade (DENOËL, 1980) sous le titre Sixième croisade ou comment Trurl et Clapaucius conçurent un démon de seconde espèce afin de terrasser l'infâme Grandgueulier - in La Cybériade (DENOËL, 1985) sous le titre Sixième croisade ou comment comment Trurl et Clapaucius conçurent un démon de seconde espèce afin de terrasser l'infâme Grandgueulier - in Bifrost n° 104 (BÉLIAL', 2021) sous le titre Sixième croisade, ou comment Trurl et Clapaucius conçurent un démon de seconde espèce afin de terrasser l’infâme Grandgueulier
9 - Septième expédition ou comment la perfection de Trurl l'amena à faire une mauvaise action (Wyprawa siódma, czyli o tym, jak własna doskonałość Trurla do złego przywiodła, 1965), pages 142 à 151, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in La Cybériade (DENOËL, 1980) sous le titre Septième croisade ou comment la perfection de Trurl fut à la source de bien des maux - in La Cybériade (DENOËL, 1985) sous le titre Septième croisade ou comment la perfection de Trurl fut à la source de bien des maux
10 - Conte du roi Genalion et des trois machines qui racontent des histoires (Bajka o trzech maszynach opowiadających króla Genialona, 1965), pages 152 à 223, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in La Cybériade (DENOËL, 1980) sous le titre Histoire des trois machines à raconter du roi Genialain - in La Cybériade (DENOËL, 1985) sous le titre Histoire des trois machines à raconter du roi Genialain
11 - Le Prince Ferrycy et la princesse Cristal (o Królewiczu Ferrycym i królewnie Krystali : z dziela Cyfrotikon, 1965), pages 224 à 237, nouvelle, trad. Lucie MAKOWSKI
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in Contes inoxydables (DENOËL, 1981) sous le titre Le Prince Ferrice et la princesse Cristalie - in Contes inoxydables (DENOËL, 1989) sous le titre Le Prince Ferrice et la princesse Cristalie
Ce sont des contes. Avec monarques, cours et royaumes, armes et édits, monstres et dragons, et même vœux à exaucer. De la fantasy, donc. Un prince est amoureux de l'héritière de l'empire ennemi, un roi n'aime rien tant que jouer à cache-cache, un autre cherche désespérément un monde à opprimer, un démon dévide tous les secrets de l'univers devant un pirate aux cent yeux et, de façon générale, les souverains essaient d'échapper à leurs obligations pécuniaires. Et si les machines sont omniprésentes, beaucoup seraient remplaçables par des enchantements façon Mille et Une Nuits, depuis les cormes à échanger les personnalités jusqu'au royaume lilliputien contenu dans une boîte, en passant par la machine à versifier sapant le moral de tous les poètes, le conseiller mécanique par ailleurs télépathe ou des juristes verbeux.
Reste qu'il s'agit de machines. Y compris les personnages récurrents, Trurl et Clapaucius, constructeurs de ces invraisemblables machineries, vieux amis se détestant cordialement, et dont on apprend petit à petit (ou dès la quatrième de couverture) la réalité mécanique et l'appartenance à une de ces civilisations robotiques se succédant tous les 50 000 ans depuis la disparition des blafards (nous, quoi...). On ne s'étonnera pas que l'électrorimeur soit équipé d'égocentriseurs à introversions, avec leurs compresseurs narcissiques, que le rendement effectif du féminotron atteigne 96% dans le spectre voluptuaire pénétrant, ni que la théorie générale des dragons ait été élaborée à l'École supérieure de néantologie, qu'iceux dragons soient (im)probabilistes, ou que les démons soient magiques mais aussi thermodynamiques, anticlassiques et statistiques (et aient quelque lien avec celui de Maxwell).
Ces machines d'avant l'électronique généralisée (l'ouvrage est de 1965) relèvent donc du n'importe quoi systématique. On le sait dès le début, dès qu'une machine haute de huit étages ne s'avère capable que d'additionner deux et deux en se trompant et en se fâchant contre qui en fait la remarque, ou qu'une autre, pouvant créer tout ce qui commence par un « n », produise du néant et prive l'univers des merveilles que sont les baillons et les scontrelles. On ne peut que se réjouir. Et admirer le travail du traducteur, entre néologismes, approximations, jargons, noms de royaumes en avalanche, vers canularesques ou grandiloquents, etc. etc. etc. Le tout pour la jubilation du lecteur, qui a bien le droit de ne pas être sérieux. Et de se délecter de cette fantasy à réserver aux amateurs de SF...
Stanislas Lem est un auteur aimant l’humour et l’ironie. Il connaît également ses classiques et aime beaucoup les contes philosophiques tels que pouvaient les écrire Rabelais, Montesquieu ou Voltaire. La preuve ? La Cybériade, recueil de quatorze nouvelles de taille variable. Toutes mettent en scène Trurl, souvent accompagné de son confrère, ami et rival, Clapaucius. L’un et l’autre sont des constructeurs de machines plus étranges les unes que les autres. Et avec à chaque fois une bonne leçon de morale qui peut leur être infligée ou réservée à leurs clients indélicats. Comme nous sommes dans un livre de science-fiction, au moins dans la forme (dans le fond, la science y est très farfelue), les différents personnages sont eux-mêmes des robots ou des machines même s’ils se comportent parfois comme des êtres de chair et de sang.
Au fil des nouvelles, Lem va en profiter pour raconter les travers de ses concitoyens, mais également en filigrane ceux de la société dans laquelle il vit, à savoir la Pologne des années 60, sous la coupe de l’URSS et d’un communisme autoritaire. Il choisit pour ce faire d’utiliser tous les registres possibles de l’humour : de l’absurde aux jeux de mots en cascade en passant par le comique de situation, mais jamais le graveleux. La conception même des machines (dont un lance-bébés !), les problèmes à résoudre et même la description de l’univers (avec une population d’un État entier tenant dans une boîte à chaussures) relèvent du loufoque, et c’est ce qui fait une grande partie de la séduction de ces textes. Admirons au passage le travail de Dominique Sila, qui, dès la première nouvelle, a dû se livrer à des contorsions linguistiques pour restituer la saveur du texte original en restant compréhensible.
En revanche, gare à l’indigestion, mieux vaut picorer dans cette Cybériade plutôt que la dévorer d’une traite. Elle est peut être savoureuse, mais les aventures de Trurl et Clapaucius finissent par écœurer à être consommées d’un coup, et par barbouiller le lecteur au point qu’il ne se souviendra plus des différents événements et mélangera les noms et les péripéties, comme une Forêt noire trop riche et trop sucrée.