LIVRE : Imaginé, rêvé, créé, détruit, recréé et écrit par Philip Goy.
MACHINE : Dessinée, montée, démontée, rodée et composée par Philip Goy.
Ce livre est une utopie montée sur un axe satirique.
Ce livre est une création qui fera date dans l'histoire de l'écriture et de la mécanique.
Ce livre broie la démocratie électoraliste dans un étau paranoïaque.
Ce livre fonctionne avec un moteur schizoïde.
Ce livre n'a pas de morale.
Ce livre est.
MACHINE !
Quelque part dans notre futur, dans une ville comme tant d'autres, Bloc-Rome, le bonheur du quotidien. Nos descendants vivent le principe du plaisir / Apparence / Plaisir-Marchandise acheté avec des voix électorales-Monnaie / Réalité / Liberté absolue, absence d'inhibition / Apparence / Contrôle total de la population par des trusts économiques qui se disputent le pouvoir / Réalité.
Sous le couvert du plaisir ludique, de la liberté absolue, du bonheur idéal se dissimule le spectre de la manipulation.
Pour l'intelligence de quelques rouages de la Machine :
— Induction-relax = Tranquillisants, hypnotiques, antidépresseurs, télévision, intox quotidien...
— Induction-viscères = Euphorisants, stupéfiants, identification...
— Induction-extase-mystique = Religion, militantisme...
— Optimisation = Psychothérapie, réadaptation sociale...
Dans cette ville où les élections succèdent aux orgies, les fêtes aux réunions des firmes politico — marchandes, un jour, un homme sort (Matteo).
Cet instant passé hors de la cité suffit à le désintoxiquer totalement (« Le fil d'huile casse, le moteur casse »). Il rencontre à l'extérieur le pape Pie XIV, vieil hermite mystico-dément, qui lui apprendra les principes tyranniques, ascétiques du catholicisme. Matteo écrit alors le Livre/Machine, Bible mise au goût du jour qui a pour but de « libérer » les habitants de Bloc — Rome de la tyrannie insidieuse des firmes. On pourrait croire, à ce stade, qu'une idéologie malsaine va se dégager du texte. Pas du tout. Philip Goy fait avorter systématiquement toutes les ébauches d'organisation communautaire. Ce livre n'a donc pas de morale, pas de solution. Livre/nihiliste ? Livre/machine, du genre bulldozer si vous voyez ce que je veux dire.
Pour couronner ce succès, Philip Goy fait preuve d'un humour intelligent, ce qui donne à son livre une dimension plaisante à parcourir. Il bouleverse avec réussite le vocabulaire (sensiblement à la manière d'Anthony Burgess, «
L'Orange mécanique ») et s'amuse avec l'écriture sans jamais sombrer dans le piège de l'hermétisme intellectualisé.
Un grand livre, qui concrétise le retour en force de la SF francophone et qui laisse augurer d'un avenir florissant.
— CAISSE, CAISSE : 300 000 lecteurs pour Philip Goy !