Sur Terre, la société mercantile a pris le pouvoir.
Mais, chez les écolos exilés sur Vénus, la résistance s'organise. Ceux qui ne veulent pas arroser leur Poulgrain de Surcafé en y trempant des mouillettes de Co-Pain, l'oeil rivé sur l'Omni-V, ceux qui refusent les offres promotionnelles, les bons d'escompte, les primes spéciales et les objets de collection en similivoire véritable, ont décidé de reprendre le flambeau abandonné par Mitchell Courtenay. Il n'est que temps. Car, sur notre planète natale, les publicitaires tout-puissants sont désormais prêts à tout, y compris la guerre à coups de projecteurs limbiques, de technique de conditionnement et de suggestion campbellienne, pour réduire les derniers foyers de réfractaires au Dieu Consommation.
En Nouvelle-Guinée, dans le désert de Gobi, au Soudan... et bientôt sur Vénus... Trente ans plus tard, sans Cyril Kornbluth, mais avec une verve juvénile qui lui rend hommage, Frederick Pohl raconte notre Planète à gogos.
L'auteur.
Né en 1919 à New York, Frederick Pohl est, tant par ses activités de rédacteur en chef dans l'un des magazines les plus célèbres que par son oeuvre littéraire, couronnée, entre autres, par cinq Hugo, deux Nebula, un Apollo, l'un des artisans de la S.-F. américaine.
Critiques
Avec Planète à Gogos, le tandem Pohl-Kornbluth avait signé, il y a plus de trente ans déjà, un livre à l'humour féroce et qui tranchait sur la production de l'époque. Un roman qui était vite devenu un des classiques du genre. Ecrire une « suite et fin » un tiers de siècle plus tard, alors qu'un des co-auteurs était mort entre-temps, tenait de la gageure. Mais Fred Pohl avait gardé un atout majeur dans sa manche en dehors de son talent d'écrivain : il avait su conserver l'enthousiasme de sa jeunesse, cette attirance pour la farce « noire » qu'il partageait avec le regretté Cyril M. Kornbluth...
Ceci fait que l'on éprouve pas l'impression d'une coupure entre les deux romans, même si Tennison Tarb a remplacé le Mitchell Courtenay de Planète à Gogos. Les deux livres forment une suite logique et, en refermant Les Gogos Contre-Attaquent, le lecteur éprouve le sentiment d'avoir bouclé la boucle. C'est donc un point important qu'il fallait souligner, à une époque où la mode des « suites » est loin de se justifier à tous les coups...
Quant au roman en lui-même, c'est un festival d'humour noir où l'absurde et l'horreur deviennent le pain quotidien des malheureux consommateurs traqués par des publicistes fous comparés auxquels les ayatollahs iraniens sont des enfants de chœur. Satire dévastatrice de l'invasion de la publicité, Planète à Gogos et Les Gogos Contre-Attaquent (car on ne peut pas vraiment séparer les deux livres) possèdent la redoutable qualité de devoir rester d'actualité encore pour longtemps. Ce qui est, vous en conviendrez avec moi, une perspective guère réjouissante pour nous...