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Confession du pêcheur justifié

James HOGG

Titre original : Private memoirs and confessions of a justified sinner, 1824
Traduction de Dominique AURY

GALLIMARD (Paris, France), coll. L'Imaginaire n° 186
Dépôt légal : septembre 1987
Roman, 322 pages, catégorie / prix : 38 FF
ISBN : 2-07-071069-6
Genre : Fantastique


Autres éditions
   MARABOUT - GÉRARD, 1976
Sous le titre Les Confessions d'un fanatique
   TERRE DE BRUME, 1998

Quatrième de couverture
     Vous possédez la vérité ? Vous êtes l'élu du Seigneur, choisi et sauvé de toute éternité ? Prenez garde, l'étranger vêtu de noir qui vous ressemble comme un frère, vous encourage et vous protège, c'est le prince de ce monde, le démon qui règne sur les âmes en perdition. Le misérable héros de ce récit, enivré par la perfection de sa propre foi, va tuer en toute bonne conscience ceux qui sont à ses yeux des impies. Il ne comprendra pas pourquoi bientôt son protecteur l'abandonne, le jette au désespoir, et le pousse à se tuer lui-même.
     James Hogg, contemporain et ami de Walter Scott, auteur d'élégies et de chansons populaires, a composé il y a plus de deux cent soixante ans cette féroce et profonde parabole sur le fanatisme. Il l'a située à l'époque triomphante du presbytérianisme en Ecosse, après la victoire de Cromwell. Mais aucun récit n'est plus moderne dans sa structure et sa facture que ce roman en trois temps récit d'un chroniqueur, confession du héros, épilogue un siècle plus tard. Le souci bien écossais de la froide exactitude y va de pair avec l'extravagance des songes le démon se profile dans les brumes au-dessus d'Edimbourg, et ce sont les corbeaux et les corneilles qui annoncent au criminel l'approche de sa fin. Et comment donc a-t-il pu se pendre avec une corde de foin ?
     Ce chef-d'œuvre impitoyable, encore inconnu en France à la fin de la dernière guerre, a été proclamé, donné à traduire, et préfacé par André Gide.
Dominique Aury
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition TERRE DE BRUME, Terres Fantastiques - Littérature (1998)

     Xavier Legrand-Ferronnière poursuit son impeccable travail éditorial qui valorise les chefs-d'œuvre des XIXe et XXe siècles sous-estimés. De Lord Dunsany à James Hogg, de Machen à Walter Scott — La Veuve des Highlands et autres contes fantastiques est à paraître, des terra incognita fantastiques s'ouvrent au lecteur actuel, heureux de réévaluer ses lectures habituelles, de rétablir des chaînons manquants dans l'imaginaire qui l'attire. En l'occurrence, Les Confessions d'un fanatique (1824) est un texte important tant pour les représentations élusives ou précises du diable que pour la stratégie narrative adoptée, digne des fictions modernes qui jouent avec les attentes du lecteur.
     Tout commence, dans l'Écosse des années 1700, par un épisode comico-sérieux pour s'achever dans des circonstances sanglantes. Colwan, hobereau de Dalcastle, épouse une jeune fille d'obédience calviniste, guidée par l'excessif pasteur Wringhim. Colwan a du mal à exercer son droit marital, mais finit par avoir deux fils. L'aîné, George, est son portrait craché ; le cadet, Robert, suit plutôt les préceptes de Wringhim : ils en font un garçon sectaire, vindicatif, surtout envers son frère. La haine du jeune fanatique prend des proportions inquiétantes sous l'influence d'un étrange personnage, capable de changer d'apparence à volonté — le lecteur l'assimile vite à Satan. L'inévitable advient : le fratricide. Dès lors, Robert perd le contrôle de son existence, tombe dans la déchéance. Seule échappatoire : s'abandonner corps et âme à son alter ego diabolique...
     Non content de livrer une intrigue passionnante, Hogg la transcrit dans un récit double. L'Éditeur assume le premier, dans une version policée, urbaine, qui met à distance le surnaturel. Le second récit, enchâssé, correspond aux mémoires rédigés par Robert Colwan. Le style est moins sûr, la vérité plus ambiguë ; des pages entières s'apparentent à un délire schizophrène, avec des échappées dans l'imaginaire du double. Indécis, le narrateur convoque des on-dit ruraux, rapporte les contes obscurs débités dans un dialecte pittoresque — mention spéciale pour la légende d'Auchtermuchty. Le roman tire ainsi le meilleur parti de la confrontation entre l'esprit des Lumières et la crédulité immémoriale. À la façon de Melmoth, l'Errant (1820) de Maturin, le livre de Hogg est une marqueterie de tons, de textes (du journal à la lettre envoyée au Blackwood's Magazine), de discours (écrits ou oraux) qui, dans sa profusion, questionne le statut de la fiction. À lire aussi plusieurs versions d'un même événement, on assiste à une peinture sociale décalée, peu conventionnelle... une dimension idéologique soulignée dans la sérieuse préface de Douglas S. Mack.
     Le « Berger d'Ettrick » offre une œuvre majeure qui transpose la tradition orale écossaise dans un récit complexe : la forme, hétérogène et sans réelle autorité omnisciente — Hogg apparaît sous les traits d'un berger tour à tour fiable et trompeur — prolonge la dénonciation de vérités absolues et l'indétermination attachée au fantastique. À coup sûr, la réédition — une réhabilitation, étant donné la collection de qualité qui l'accueille — de cette diablerie littéraire ne finira pas d'enthousiasmer les tenants de la narratologie et de ravir les lecteurs avides du charme des contes anciens et du surnaturel soi-disant suranné.

Guy ASTIC
Première parution : 1/10/1998
dans Ténèbres 4
Mise en ligne le : 2/11/2003


Edition MARABOUT - GÉRARD, Bibliothèque Marabout - Fantastique (1977)


     Illustration du vers de Shakespeare « Le diable pour ses fins peut citer l'Evangile », ou pamphlet contre les partisans en Ecosse de John Knox dont la doctrine calviniste de la prédestination est montrée sapant la moralité, ce livre peut à la rigueur passer pour fantastique en tant que cas de possession diabolique ; mais ni la couverture « gothique » ni l'épithète de « frénétique » ne conviennent à sa démarche minutieuse jusqu'à la lourdeur : avec sa construction en deux parties reprenant de l'extérieur puis de l'intérieur la même histoire d'une damnation, il brille plus par la rigueur que par la vigueur, et fait un peu trop sentir qu'il a été écrit il y a un siècle et demi.

George W. BARLOW
Première parution : 1/3/1977
dans Fiction 278
Mise en ligne le : 1/7/2012

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