GALLIMARD
(Paris, France), coll. Folio SF n° 230 Dépôt légal : octobre 2005, Achevé d'imprimer : 15 octobre 2005 Première édition Roman, 288 pages, catégorie / prix : F8 ISBN : 2-07-030833-2 Format : 10,9 x 17,8 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Parce qu'ils sont affligés d'une maladie dégénérative proche de la lèpre, les Muphormes sont condamnés à vivre reclus. C'est du moins ainsi qu'on a présenté la chose à Lucian Yeardance, le nouveau kommissar responsable de leur communauté.
Mais en les voyant se battre sans merci les uns contre les autres pour obtenir un surcroît de narcotiques ou de nourriture à chaque ravitaillement, Yeardance, outré, embrasse peu à peu la cause de ces parias au visage ravagé, liant irrévocablement son destin au leur. Pour cela, il devra aller jusqu'au bout de son sacrifice et faire face à une vérité qu'aucun être humain n'est capable de supporter.
Puissante métaphore de la colonisation, Visages volés retrace, à mi-chemin entre Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad et Les profondeurs de la Terre de Robert Silverberg, la descente aux enfers d'un homme en quête de rédemption.
Né en 1945, Michael Bishop est certainement l'un des talents les plus originaux de la science-fiction nord-américaine. Il a consacré une grande partie de son œuvre à la description de cultures extra-terrestres avec une démarche ethnologique qui n'est pas sans rappeler celle d'Ursula Le Guin.
Critiques
Lucian Yeardance, navigateur galactique accusé d'insubordination, est « placardisé » sur la planète Tezcatl, une colonie lointaine, un trou où il se voit chargé de l'administration du Sancorage, sorte de réserve abritant les malades de la muphormose, une lèpre sacrément répugnante... Entre dégoût, décrépitude morale et confrontation à une hiérarchie procédurière et pas claire, Yeardance découvre ses « malades », leur étrange culture ainsi que, comme il se doit, le secret que cache leur difformité...
Sans réelle actualité depuis des lustres, Michael Bishop, sans doute l'un des plus étonnants auteurs américains de sa génération, aux côtés de Michael Swanwick et Paul Di Filippo, nous arrive ce trimestre avec une novella chez Denoël (« Apartheid, supercordes et Mordecai Thubana » dans Les Continents perdus) et ce roman inédit chez Folio « SF ». Bref, de quoi soulever l'enthousiasme... Sauf que si sa novella dans l'anthologie « Lunes d'encre » convainc, il n'en est pas de même de ce roman. En fait, on en ressort même assez remonté contre l'éditeur. En effet, si on ne peut que saluer l'initiative de publier Bishop, écrivain essentiel, en inédit poche qui plus est, on reste perplexe devant le choix de ce titre, deuxième roman de l'auteur (1977) pas inintéressant, certes, mais néanmoins quelque peu laborieux (en dépit d'un retournement final saisissant), sous la claire influence des maîtres de l'ethno-SF (Silverberg et Le Guin en tête) et pâtissant qui plus est d'une traduction qu'on qualifiera de médiocre, par respect pour notre collaborateur et ami Thibaud Eliroff... Oui, pourquoi ce roman plutôt que le brillantissime Brittle Innings (1994), ou bien encore No Enemy but Time, très touchante histoire d'un voyage temporel à l'époque de l'homo habilis en son temps (1982) saluée par un prix Nebula ? Certes, ces romans sont plus longs, et il faut sans doute voir ici un début d'explication (rapport au coût de traduction). Mais quoi... Si cette double publication roman/novella avait pour ambition de « réhabiliter » un auteur par chez nous méprisé de façon impardonnable, Visages volés manque d'ambition, de force, en un mot d'impact, pour une telle entreprise. Dommage, vraiment.
ORG Première parution : 1/1/2006 dans Bifrost 41 Mise en ligne le : 9/4/2007