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La Mémoire de la lumière

Kim Stanley ROBINSON

Titre original : The Memory of Whiteness, 1985
Première parution : New York, U.S.A. : T. Doherty Associates, 1985   ISFDB
Traduction de Jean-Pierre PUGI
Illustration de Jackie PATERNOSTER

LIVRE DE POCHE (Paris, France), coll. SF (2ème série, 1987-) précédent dans la collection n° 7278 suivant dans la collection
Dépôt légal : novembre 2005
Réédition
Roman, 416 pages, catégorie / prix : 8,00 €
ISBN : 2-253-11516-9
Format : 10,9 x 17,7 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
L'Orchestre. Un ensemble d'instruments et de claviers dont un homme seul peut jouer.
Le plus puissant des outils de création, sons et lumières, dont ne se soit jamais dotée l'humanité.
Le plus fragile aussi. Et le plus utile. Car il apaise les tensions politiques qui se sont instaurées entre les mondes habités.
En ce XXXIVe siècle, l'Orchestre va accomplir une nouvelle tournée à travers le Système Solaire. Pour la première fois, Johannes Wright en est le Maître.
Pour le première fois aussi, l'Orchestre est menacé.
Par une secte inconnue qui cherche à faire régner le désordre dans l'univers.
Voici, par l'un des maîtres américains de la science-fiction, un space opera où se mêlent l'art le plus subtil et l'aventure la plus échevelée.
Critiques

    Au XXXIVe siècle, l’Humanité a conquis le Système solaire grâce à Arthur Holywelkin, génial physicien, qui, trois cents ans plus tôt, a établi un paradigme à l’aune duquel comprendre le monde. Sur cette base a été fondé un nouveau mode de distribution de l’énergie qui est « téléportée » partout. Cet univers est déterministe mais les personnages l’ignorent encore. Le passé, et surtout l’avenir, ont été écrits de tout temps, et rien de ce qui peut y advenir n’échappe à l’inéluctable enchaînement des causes et effets. Nul libre arbitre – au mieux une illusion, qu’il semblerait toutefois judicieux de préserver. La secte des Gris, qui contrôle la production d’énergie depuis le soleil, est la détentrice de ce bien lourd secret sur lequel elle veille jalousement.

    Dans cet univers, l’Humanité est plus que jamais plurielle, n’offrant plus d’unité : chacun des milliers de mondes existe dans l’indifférence des autres. L’unique lien subsistant désormais entre eux est la musique. La musique (non vocale) est un langage universel, non symbolique, et peu importe que vous soyez allemand, japonais, malien ou brésilien pour la jouer. Elle ne dit rien, se contentant juste d’être.

    À la fin de sa vie, Holywelkin a créé l’Orchestre, un unique méta-instrument comprenant toute une philharmonie et conçu pour être joué par un seul interprète. Johannes Wright vient d’en être nommé neuvième titulaire et va entreprendre une tournée à travers tout le Système solaire, de Pluton à Mercure, via Mars et la Terre. Selon une prédiction – tout étant déjà écrit –, il pourrait, par sa musique, dernier vecteur commun à toute l’Humanité (enfin mûre ?), permettre à celle-ci de s’imprégner du paradigme d’Holywelkin. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde, notamment d’Ernst Ekern, le directeur de l’Institut Holywelkin, qui entend imposer son libre-arbitre par le truchement d’un métadrame pour manipuler la réalité tel un démiurge et ne pas laisser Wright parvenir au but que les Gris lui ont signifié.

    Le roman est la chronique de cette tournée et des péripéties qui l’émaillent…

    Il apparaît que KSR, à travers les nombreuses digressions ponctuant le récit, tente de répondre à son propre questionnement quant au libre arbitre – une illusion à laquelle on n’échappe pas, à l’instar de toute réalité. Notre monde est déterministe car il ne saurait y avoir d’effet sans cause, mais il est aussi imprédictible car la complexité conduit à l’incalculabilité. Si l’on était à même de connaître l’enchaînement de toutes causes et effets, le futur pourrait être prédit – en vain, puisqu’il ne saurait être modifié – et l’information circulerait de l’avenir vers le passé : un changement de paradigme radical, et la fin du libre arbitre. Si Frank Herbert, dans Dune, s’est attaché à la question, KSR – pas le meilleur des conteurs d’histoire de la SF – s’y essaie aussi avec ce roman donnant indubitablement matière à penser.

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/4/2022 dans Bifrost 106
Mise en ligne le : 18/3/2025


     Au XXXIVe siècle, l'humanité a essaimé dans le système solaire, grâce notamment à une technologie issue de la physique quantique permettant de créer des soleils miniatures autour des planètes et satellites qui en nécessitent. Dans ce contexte d'une humanité fragmentée, la musique reste le principal vecteur culturel. Le même physicien ayant unifié la théorie des dix dimensions (cinq macro et cinq micro-dimensions), Arthur Holywelkin, est l'inventeur de l'Orchestre, qui regroupe en une seule mécanique un ensemble d'instruments et de claviers manipulables par un seul joueur. Pour certains, il ne s'agit que d'une boîte à rythme géante, pour d'autres l'unique et fragile Orchestre attend encore le compositeur qui saura l'utiliser pleinement. Johannes Wright, le Maître en titre, est peut-être celui-là : il cherche à écrire une œuvre basée sur les équations décrivant l'univers, dont la portée dépasserait le simple art musical.

     Mais on cherche à le tuer, lors de sa tournée qui le mène de Pluton jusqu'à Mercure. S'agit-il des Gris, une secte très secrète vouant un culte au soleil et qui aurait de l'univers une vision déterministe, ou bien d'Ernst Ekern, le directeur de l'institut en charge de l'Orchestre, qui ne cache pas son antipathie pour Wright ? À l'opposé des Gris, ce dernier, qui pratique le métadrame, un art faisant de la vie une scène de théâtre, défend une théorie respectant le libre-arbitre. Dent Ios, critique musical sur Hollande, autour d'Uranus, est amené à couvrir les concerts ; il se lie d'amitié avec le musicien qui aime échanger avec lui des mérites de la connaissance par l'expérience et par le discours. Avec l'équipe chargée de la sécurité de Wright, il tente de déjouer le complot, tandis que Wright poursuit ses recherches sur Holywelkin, qui semble bien avoir percé un secret de l'univers qu'il aurait dissimulé dans l'Orchestre.

     Les passages hard science dignes d'un Greg Egan alternent avec les descriptions poétiques et des considérations politiques qui préfigurent la trilogie martienne. On ne peut qu'être conquis par la maestria avec laquelle K. S. Robinson parvient à combiner, au sein d'un space opera avec ce qu'il faut de mondes exotiques et de rebondissements palpitants, physique quantique, art et philosophie autour d'une intrigue magnifiquement structurée, la dialectique autour de la connaissance expérimentale et discursive faisant pendant à la musique comme outil de perception de la nature de l'univers.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/4/2006 dans Galaxies 39
Mise en ligne le : 5/2/2009

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