D'abord il y a Katherine, qui danse dans la rue. Dure comme un roc et pourtant fragile. Elle veut aller jusqu'au bout. Sa maladie est sa révolte. Sa violence porte en elle « le bonheur en puissance ». Et puis il y a Roddy, l'homme-caméra. Le super-voyeur, l'idéaliste perverti qui a vendu ses yeux au diable. Cet enfant de la technologie s'est fait greffer l'ultime jouet, celui qui fixera à tout jamais le moindre geste, la moindre émotion... Il n'aura pas la force de « regarder la mort en face ».
Autour d'eux, il y a la télévision de demain, les romans qu'on écrit par ordinateur, les agressions contre la vie privée, le besoin pressant d'une surconsommation d'émotions, bref un monde où « tout est important et où rien ne compte... »
Sauf peut-être Katherine et ce qu'elle représente. Formidable suspense de sentiments, la Mort en direct est construit autour d'une histoire d'amour à triple détente dont le lyrisme bouleversa un auteur tel que Theodore Sturgeon.
Nulle morbidité, nulle complaisance. Mais une ironie aiguë, pénétrante.
Cette radiographie de la culpabilité est traversée de grandes ondes d'émotions qui donnent, étrange paradoxe, à cette histoire de mort, le goût du bonheur.
BERTRAND TAVERNIER