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Nanotikal

Marcus HAMMERSCHMITT

Titre original : Der Zensor, 2001
Traduction de Frédéric WEINMANN
Illustration de Xavier DELLA CHIESA

L'ATALANTE (Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne
Dépôt légal : novembre 2006, Achevé d'imprimer : octobre 2006
Première édition
Roman, 320 pages, catégorie / prix : 15,20 €
ISBN : 2-841-72316-X
Format : 13,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture

     Une civilisation est une erreur avec laquelle un certain nombre de gens ont appris à vivre.
     2136. Les Mayas, maîtres des nanotechnologies, dominent l'Espagne. Sur les ruines de Compostelle se dresse la puissante cité-État de Nanotikal.
     En ce monde fondé sur un ironique retournement de l'histoire, voici deux hommes, miroirs involontaires l'un de l'autre, happés dans un engrenage de complots parallèles. L'un, Yaqui, est un ahaw de haut rang, censeur suprême de Nanotikal; l'autre, Enrique, appartient à la résistance espagnole contre l'occupant.
     Quelles armes terribles fourbit-on en secret ? Pour quelle mission derrière sa mission a-t-on désigné Enrique ? Et quel jeu joue le Vatican, qui vient d'exhumer de ses caves un codex maya inconnu ? Une course-poursuite s'engage dans ce siècle à venir terrifiant.

 

Critiques
     L'Europe future décrite dans ce récit a subi un bouleversement historique assez improbable. S'appuyant sur leur haute maîtrise des nanotechnologies, les néo-Mayas, descendants des peuplades autrefois massacrées par les conquistadores, prennent leur revanche. L'Espagne, à son tour conquise, est soumise à l'autorité des Mayas. Le pouvoir a réinstauré les sacrifices humains pour plaire aux dieux. Les nouveaux maîtres assoient leur règne sur la peur et la cruauté.

     En cette année 2136, deux hommes vont voir leur parcours se croiser. D'un côté l'ahaw Yaqui, censeur suprême de Nanotikal, la cité-Etat qui s'élève sur les ruines de Compostelle ; de l'autre, Enrique Guerrero, un des chefs de la résistance espagnole contre l'envahisseur.

     Autres personnages clés : Don Rodriguez, nonce apostolique du pape, ambassadeur rusé, qui manoeuvre pour assouvir le désir de puissance de Chan Balum, le roi de Nanotikal. Et Wacah Chan, un supercalculateur si puissant qu'on lui attribue sans sourciller un titre de noblesse.

     A travers ses personnages et la société qu'il décrit, Marcus Hammerschmitt livre d'intéressantes réflexions sur le pouvoir. Et comme toujours en territoire occupé, des mouvements de résistance combattent dans l'ombre. Mais ils ont fort à faire, face à une technologie extrêmement performante, capable même de faire parler le cerveau des morts !

     Ce mélange de civilisation ancienne et de haute technologie est assez étonnant, original, créatif. Le censeur Maya Yaqui prend peu à peu conscience d'un immense complot qui se trame par-dessus sa tête. Il tombe en disgrâce. Qui complote ? Le résistant Enrique Guerrero découvre que le comité exécutif de son mouvement de libération veut l'éliminer. Pourquoi ? Les religions mayas et catholiques s'affrontent, arbitrées par les syncrétistes, une secte qui cherche à concilier les deux visions du monde en une seule. Dans quel but ? Et quel danger recèle vraiment une nouvelle arme nano technologique dont Guerrero est entré en possession ?

     Autant de questions à suspense. Il y a de l'action et la plus grande partie du roman fonctionne. On peut cependant regretter que sur la fin la situation devienne si compliquée qu'il semble que l'auteur s'emberlificote un peu dans son intrigue. Ou alors qu'il ait encore des idées et les tasse en vrac pour ne pas les oublier... Quoi qu'il en soit, la fin laisse ouverte la possibilité d'une suite et Nanotikal, dans son ensemble, est un récit de résistance en pays occupé qui se lit avec entrain.

Jean-François THOMAS (lui écrire)
Première parution : 15/10/2007 nooSFere


     On a beau chercher, on ne voit rien à redire. C'est ça qui est frappant, finalement, dans Nanotikal : l'oubli, le tiède, l'absence de traces, voilà encore un roman qui ne vous marque pas, pas de mal à une mouche. C'est peut-être la grande réussite de l'industrie du livre qui plaît à tout le monde, donc à personne, que d'avoir inventé le roman pour les mouches. Non pas ce qu'on verrait et entendrait si l'on était une mouche (l'invu, l'inouï), mais ce qu'entendent et voient les bêtes : un monde sans négatif, une représentation qui est aussi la réalité.

     Fruit de la démarche volontariste de l'éditeur vis-à-vis de la S-F européenne, Nanotikal réussit le miracle d'un livre accessible à tous, rapide, pas désagréable, dépourvu de malice et ne donnant presque jamais l'envie de dire « OFF ». Ce n'est pas ironique. Au bout de vingt pages, on s'attend au pire, mais pourtant on passe un bon moment. Economie d'énergie en sus : le lendemain, on ne se rappellera pas avoir pris le bouquin en main et il faudra faire un effort pour se souvenir de l'intrigue.

     « 2136. Les Mayas, maîtres des nanotechnologies, dominent l'Espagne. Sur les ruines de Compostelle se dresse la puissante cité-état de Nanotikal. »

     Le quatrième de couverture résume bien la chose, on n'en saura pas plus ; sauf que le Vatican, en retour de grâce, semble la seule puissance apte à contrecarrer les plans des nouveaux seigneurs au nez busqué. Par quel miracle une civilisation anéantie six siècles plus tôt a-t-elle bien pu renaître de ses cendres et maîtriser une technologie si avancée, au point de mener une sorte de reconquista contre l'Europe, dans un contexte géopolitique plutôt flou ? Mystère...

     Le censeur Yaqui fait partie des hauts dignitaires de Nanotikal, une des cités-états établies sur la péninsule ibérique ; il a la main sur l'éducation, les communications, et l'espionnage. Symétriquement, Enrique Guerrero, bâtard maya, ancien prince de surcroît, est une des têtes pensantes de la résistance espagnole contre l'oppresseur. L'un et l'autre étaient faits pour se rencontrer...

     Nanotikal va vous cocooner, comme les IA bichonnent les mayas au-delà de la prévenance. Huis clos des temples et des palais, impeccables complots, nano bombe parlante, ambiance sépia, séquences instructives sur la torture, la mythologie, les mœurs amérindiennes, on se sent lové comme chez grand-maman. Les dangers sont mous et les frayeurs décontractées, on ne rit jamais jaune. Parce qu'on est un critique élitiste et sectaire (c'est-à-dire quelqu'un qui, au regard du réalisme libéral-démagogique, creuse sa tombe), on se dit que tout ça manque un peu de méchanceté. Difficile en effet de faire plus inoffensif sur un tel sujet : comme un film de Mel Gibson (mettons Apocalypto) sans les dents. Marcus Hammerschmidt a peut-être quelque talent, mais il lui reste à travailler pour atteindre le niveau de ses compatriotes teutons (d'ailleurs publiés chez l'Atalante) Michael Marrak et Andreas Eschbach. Wait and see.

Sam LERMITE
Première parution : 1/4/2007 dans Bifrost 46
Mise en ligne le : 7/9/2008


     En 2136, les Mayas ont pris leur revanche. Dominant les nanotechnologies, ils ont conquis l'Espagne qui plie sous le joug de leur société durement hiérarchisée. Mais, tandis qu'ils négocient avec le Vatican le retour d'un de leurs livres sacrés, voilà qu'une mystérieuse arme, parvenue aux mains de la résistance espagnole, pourrait changer la donne...

     Après Des Milliards de tapis de cheveux, le chef d'œuvre d'Andreas Eschbach, puis l'excellent Lord Gamma de Michael Marrak, on ne peut qu'être avide de découvrir de nouveaux auteurs allemands. Si Marcus Hammerschmitt a déjà publié quelques nouvelles en France, Nanotikal est son premier roman traduit, d'autant plus attendu que cet univers maya futuriste apparaît prometteur.
     De fait, Nanotikal s'avère un agréable thriller, dont les quelques trois cents pages se lisent avec rapidité. Néanmoins, le sentiment dominant à la fin du roman est celui d'une déception, en raison d'un singulier manque d'ambition.
     En effet, Hammerschmitt n'essaye pas de rendre son univers crédible en retraçant de manière précise l'Histoire qui a permis cet extraordinaire renversement de situation. Il évoque à peine quelques événements ponctuels, qui ne permettent jamais d'avoir une idée claire de la façon dont les Mayas ont pu revenir au premier plan et de la façon dont le reste de la planète s'est comportée face à cette ascension inattendue. Difficile d'y croire dans ces conditions.
     De même, le peuple Maya apparaît figé dans son passé, ce qu'il est difficile d'accepter pour un peuple qui domine la nanotechnologie, tandis que les espagnols paraissent revenus au Moyen-âge, binant leurs champs et les délimitant par leurs petits murets péniblement bâtis pierre par pierre. La seule autre grande force en Europe est le Vatican. Là aussi, difficile de se croire en 2136, alors que rien ne vient réellement justifier ce retour en arrière — la seule présence de Mayas nano-équipés pourrait-elle avoir ainsi stoppé toute évolution des autres nations ?
     Enfin, l'intrigue principale elle-même apparaît bien simplette et pas vraiment convaincante. On peut à la rigueur admettre qu'ayant choisi de privilégier le « paradigme mythique », le peuple Maya se passionne pour leurs vieux codex détenus par le Vatican au point de se laisser manipuler, mais le fameux complot autour d'une nano-arme d'un nouveau genre relève, lui, d'un James Bond poussif. A l'image d'un dénouement peu palpitant, ou de personnages dont le parcours paraît curieux — comme celui de l'impitoyable censeur, que le roi écarte maladroitement et pour des raisons obscures, comme s'il manquait d'ennemi et souhaitait s'en créer un.

     Bref, Nanotikal se laisse lire, d'autant plus volontiers qu'il est toujours agréable de découvrir de nouveaux auteurs d'horizons différents. Mais on espère que Marcus Hammerschmitt saura développer de manière plus convaincante ses idées intéressantes dans ses prochains romans.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 8/1/2007 nooSFere

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