Le diable, retiré des affaires, revient déguisé en employé du gaz ; un homme tue son compagnon car son ombre ressemble à une araignée ; une Anglaise collectionne dans la cire les sosies d'hommes célèbres ; une mouche et une araignée s'entendent pour dévorer un homme.
Du fantastique, du suspense, de l'étrange, des contes atroces, de l'insolite, de la SF, de l'humour noir, des récits troubles et cruels, à la limite de la folie : le Carrousel des maléfices est un recueil de récits magistraux par un maître de la littérature fantastique.
Jean Ray (1887-1964) est l'auteur d'une œuvre considérable, dominée par le fantastique à l'état pur. Ses principaux romans ou longues nouvelles sont Les Contes du whisky, Le Grand Nocturne, Les Derniers Contes de Canterbury, La Cité de l'indicible peur, Malpertuis. Autour de son nom se constitue ce que l'on a appelé « l'École belge de l'étrange ».
1 - Mathématiques supérieures, nouvelle 2 - La Tête de monsieur Ramberger, nouvelle 3 - L'Envoyée du retour, nouvelle 4 - Bonjour, Mr. Jones !, nouvelle 5 - Histoires drôles, recueil de nouvelles 6 - Têtes-de-Lune, nouvelle 7 - Le Banc et la porte (De bank en de deur, 1959), nouvelle 8 - Croquemitaine n'est plus... (De Boeman is dod, 1948), nouvelle 9 - Puzzle, nouvelle 10 - La Sotie de l'araignée, recueil de nouvelles 11 - Le Beau dimanche, nouvelle 12 - Le "Tessaract", nouvelle 13 - La Sorcière, nouvelle 14 - Les Gens célèbres de Tudor street (Beroemde lui in Tudor Street, 1953), nouvelle 15 - Trois petites vieilles sur un banc (Drie oudevrouwtjes op een bank, 1956), nouvelle 16 - La Conjuration du lundi, nouvelle 17 - Un tour de cochon, nouvelle 18 - Smith..., comme tout le monde..., nouvelle 19 - Le Formidable secret du Pôle, roman
Critiques
Ce recueil rassemble nombre de thèmes chers à l’auteur, traités à travers certains de ses meilleurs textes. L’hyper-géométrie sert de toile de fond à « Mathématiques supérieures », « Le Tessaract » et « Smith contre tout le monde ». Un fantastique de facture classique anime « Bonjour M. Jones ! » et « La Sorcière ». Le sordide quotidien s’illustre dans « Le Banc et la porte ». La tête autonome permet différentes variations, comme autant d’exercices de style dans « La Tête de Monsieur Ramberger », ou la tête vivante dans « Histoires drôles », florilège d’historiettes au comique absurde et grinçant. « La Sotie de l’araignée » revient à l’animal cher à Jean Ray depuis Les Contes du whisky (le nectar écossais laissant place pour ce recueil à la chartreuse verte, évoquée plusieurs fois). « Croquemitaine n’est plus », récit au ton flamand qui évoque le peintre James Ensor, est un bel exemple de la manière dont Jean Ray recyclait ses lectures (ici empruntées au Magasin pittoresque).
On retiendra surtout deux nouvelles, « Trois petites vieilles sur un banc », réinterprétation des trois Moires au fil d’un récit terrifiant, et surtout « Tête-de-Lune », probablement l’un des plus beaux textes de Jean Ray, illustration au vitriol de ce que Hegel appelait « le dimanche de la vie », soit l’idéal bourgeois du paradis, fait d’un plantureux déjeuner familial, suivi d’une promenade digestive. Sur le même thème, en mode comique, l’auteur propose également « Le Beau dimanche ».
Dans sa première édition, le recueil est complété par Le formidable secret du pôle, court roman pour la jeunesse signé à l’origine John Flanders. L’intrigue convoque Thulé et l’Atlantide et se place sous les auspices de Jules Verne et de Ridder Haggard, ce dernier donnant son nom à l’un des personnages. Un roman dispensable, qui ne sera d’ailleurs pas repris dans l’édition Alma en 2018.