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La Fille dans le verre

Jeffrey FORD

Titre original : The Girl in the Glass, 2005
Première parution : Dark Alley / HarperCollins, 2005   ISFDB
Traduction de Gilles GOULLET
Illustration de Benjamin CARRÉ

DENOËL (Paris, France), coll. Lunes d'Encre précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 13 avril 2007
Dépôt légal : avril 2007, Achevé d'imprimer : 21 mars 2007
Première édition
Roman, 352 pages, catégorie / prix : 22 €
ISBN : 978-2-207-25893-4
Format : 14,0 x 20,5 cm
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture
Dans l'Amérique de la Prohibition et de la Grande Dépression, Diego, un immigré mexicain de dix-sept ans, Schell, un maître arnaqueur, et Antony Cleopatra, un ancien hercule de foire, soutirent de l'argent aux riches en organisant des séances de spiritisme habilement truquées. Un jour, lors d'une de ces arnaques, Schell aperçoit dans le panneau vitré d'une porte l'image d'une fillette disparue. Fantôme, hallucination ? II refuse de trancher et décide de retrouver l'enfant, lançant ainsi sa fine équipe dans la plus dangereuse des aventures, car on ne s'attaque pas impunément aux membres les plus radicaux du Ku Klux Klan.
 
Avec ce roman humoristique et engagé, lauréat du prix Edgar Allan Poe 2006, Jeffrey Ford dresse le portrait effrayant d'une Amérique en plein naufrage, où les puissants se croient tout permis, y compris le meurtre d'enfant.
 
Né en 1955, Jeffrey Ford fait partie des nouvelles stars de l'imaginaire. En quelques années à peine, il a reçu deux World Fantasy Awards, l'un pour son deuxième roman Physiognomy, l'autre pour son premier recueil de nouvelles, sans oublier le Grand Prix de l'imaginaire, les prix Hugo et Nebula pour d'autres nouvelles. La Fille dans le verre est son sixième roman.
Critiques
     Auteur rare (surtout en tant que romancier) et subtil (on se souvient de l'excellent Portrait de madame Charbuque — cf. critique in Bifrost n°40), Jeffrey Ford signe ici un roman impeccable, drôle, distrayant, intelligent et attachant. Bien installé dans un fantastique (très) léger qui relève plus du prétexte que de la profession de foi, La Fille dans le verre est une jolie parabole sur l'apparence et se lit en quelques heures sans que jamais le lecteur n'ait vraiment envie d'aller se coucher. Vue par les yeux de Diego, jeune Mexicain sorti du ruisseau par Schell, sorte de magicien-charlatan-medium-marabout de génie, cette histoire abracadabrante se déroule le plus classiquement du monde en pleine dépression des années 30 aux Etats-Unis. Déclinaison imaginaire d'Oudini version politisée, Schell survole tranquillement la crise en dépouillant les riches crédules, certes, mais avec tact, élégance et beaucoup de sérieux. Secondé par Antony, véritable force de la nature (le genre qui tord les barres d'acier, tout de même) et Diego, ce Copperfield du pauvre dispense allègrement ses talents de manoirs en opulentes demeures, à grand renfort de magnésium, de tables tournantes, d'apparitions diverses, de ventriloquie et de gourous indiens. Cette lucrative activité change du tout au tout le jour où Schell aperçoit un vrai fantôme à travers une fenêtre. Une petite fille disparue, qui plus est. Disparition qui, comme dans tout roman à suspense qui se respecte, donne lieu à une enquête. Et une enquête beaucoup plus compliquée que prévue, hantée de ci de là par les fantômes eugénistes du décidément très rigolo Ku-Klux-Klan.

     Servie par des personnages aussi fouillées qu'attachants (dont beaucoup sont de véritables figures historiques), une écriture fluide (traduction impeccable, au passage) et un second degré distancié permanent, La Fille dans le verre est l'archétype même du bon bouquin bien ficelé. Sans renouveler quoi que ce soit, Jeffrey Ford se contente de nous raconter une histoire, l'intelligence en plus. Quant à l'ambiance du livre, tout en nuances et en circonvolutions (d'événements comme de style), elle est tout simplement formidable. Laissez revenir le gamin qui sommeille en vous et dépêchez-vous de lire ce roman. Ça ne changera ni la face du monde, ni la littérature avec un « L », mais ça vous donnera beaucoup de bonheur... Qui s'en plaindrait ?

Patrick IMBERT (site web)
Première parution : 1/7/2007 dans Bifrost 47
Mise en ligne le : 7/11/2008


     Schell est un grand illusionniste ; il n'a rien trouvé de plus lucratif, dans l'Amérique de la Prohibition, que d'organiser des séances de spiritisme pour gogos à fric. Il se fait aider par Anthony Cleopatra, ancien monsieur muscle, et Diego, un jeune immigré mexicain en qui il voit son successeur. Malgré des états d'âme ponctuels (est-ce bien que d'arnaquer des personnes crédules ?), ils continuent à plumer leurs clients, jusqu'au jour où Schell voit dans une vitre, lors d'une séance, le visage d'une jeune fille. Il apparaît très rapidement que celle-ci, fille d'un riche potentat, est morte ; cette découverte a le don de déstabiliser Schell, qui décide de mener sa propre enquête. Celle-ci le conduira vers des personnes hautement infréquentables.
     On connaissait Jeffrey Ford l'auteur tordu, celui qui créait des mondes basés sur les excréments (Physiognomy) ou censés représenter un paysage mémoriel (Memoranda), ou celui qui était capable d'écrire des nouvelles d'une page entière sous la forme d'une seule et unique phrase (nouvelles in Fiction). La Fille dans le verre est beaucoup plus classique : trame habituelle d'un roman policier noir avec enquête, femmes fatales, méchants mafieux, rebondissements... C'est une des premières surprises de cet ouvrage : découvrir un Ford comme assagi, prenant le temps de raconter une bonne histoire, avec des personnages éminemment attachants (ce qui n'est pas le cas de Physiognomy et de ses suites). On rentre ainsi tranquillement dans l'intrigue, et on s'habitue au train-train comique des séances où des pigeons en quête de sensationnalisme avalent les plus belles couleuvres. Puis arrive la vision de Schell, et là, changement de ton brutal : l'ambiance devient plus grave, et même carrément glauque lorsque le corps de la fille est découvert. Dès lors, on va quitter la comédie pour entrer peu à peu dans l'horreur la plus crasse, une horreur très actuelle (qu'on taira par souci de ne point dévoiler trop de choses de l'intrigue) bien que frappée au fer du Ku Klux Klan. C'est là qu'on retrouve un peu l'esprit de l'auteur : déstabiliser le lecteur en le dirigeant sur une fausse piste, qu'on s'empresse de quitter au bout d'un moment. Toutefois, l'auteur n'abandonne jamais réellement une certaine distanciation ironique vis-à-vis de ses personnages, et c'est sans doute là où le bât blesse : malgré le côté abject de ce qu'il décrit, on ne frissonne pas véritablement, et le roman perd en profondeur ce qu'il gagne en pur plaisir de lecture. Car, ne nous en cachons pas, La Fille dans le verre est un livre sympathique, hautement recommandable ; il aurait néanmoins sans doute gagné à aborder de manière plus frontale les terreurs qu'il suggère.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 9/5/2007 nooSFere

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