Lorsque Ki et Vandien débarquent dans la ville de Jojorum, c'est avec l'intention d'y prendre un repos bien mérité. Mais leurs chances de s'y établir incognito sont minces, d'autant plus que le conseil des Ventchanteuses n'oublie pas facilement les affronts. Ki tombe dans un piège et traverse la Porte de Limbreth, un portail donnant sur une autre dimension. Au terme d'une quête où elle rencontrera un dieu mourant d'ennui, la jeune femme apprendra enfin la vérité sur ses origines. Mais parviendra-t-elle à rejoindre son propre monde ?

 

     Megan Lindholm n'est autre que Robin Hobb, auteure rendue mondialement célèbre par les cycles de L'assassin royal, des Aventuriers de la mer et du Soldat chamane, trois sagas désormais incontournables dans le paysage de la fantasy contemporaine. La tétralogie de Ki et Vandien est son premier cycle publié.

 

     « Les signes précurseurs d'un talent. »

     ActuSF

     Il est rare que les trois volumes d'une trilogie soient aussi différents l'un de l'autre que le sont les trois volumes de la série de Megan Lindholm : Ki et Vandien. Alors que le premier, Le Vol des Harpies, évoquait avec pudeur des événements tragiques, le second, Les Ventchanteuses, se révélait un peu décevant, jouant maladroitement dans un registre comique. La Porte du Limbreth, le troisième tome, réunit les qualités des deux autres sans aucun de leurs défauts.

     Tandis que Ki et Vandien discutent de leurs différences de comportement — elle réfléchit toujours avant d'agir, lui est impulsif — et décident, chacun de son côté, de changer « pour une fois », Yoleth, une Ventchanteuse, prépare un piège pour Ki. Avec la complicité du Gardien, elle l'amènera à franchir la Porte du Limbreth, univers dont nul ne revient. Parce qu'il faut équilibrer, un enfant sera envoyé dans le monde de Ki, sacrifié, car il ne peut supporter la lumière du soleil qui le brûle. Vandien prendra soin de lui avant de partir à la rescousse de son amie. Ainsi, tout le long du roman, les rôles sont inversés. Le Limbreth amène Ki à agir contre sa nature et Vandien doit calculer les conséquences de chacun de ses actes s'il veut avoir une chance de ramener Ki. Pendant ce temps, la Ventchanteuse Rebeke tente de réparer le mal causé par sa consœur.

     La façon dont le Limbreth s'empare de la volonté de Ki n'est pas sans évoquer les manipulations mentales pratiquées par les faux gourous de sectes. Mais ce voyage, bien qu'involontaire et destructeur, se révèle initiatique. Ki apprend beaucoup sur elle-même, sur son histoire, et ces révélations sont passionnantes pour le lecteur. L'écriture est excellente, avec un rythme de narration qui diffère selon qu'il est question de Ki, de Vandien, ou des Ventchanteuses, et très bien rendue par la traduction de Guillaume Le Pennec. Si Les Ventchanteuses s'étaient révélées décevantes sur ce point, le tir est parfaitement rectifié.