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Spin

Robert Charles WILSON

Titre original : Spin, 2005
Première parution : New York, USA : Tor, avril 2005
Cycle : Spin  vol. 1 

Traduction de Gilles GOULLET
Illustration de MANCHU

DENOËL (Paris, France), coll. Lunes d'Encre
Dépôt légal : novembre 2007
Retirage
Roman, 560 pages, catégorie / prix : 25 €
ISBN : 978-2-2-07-25804-0
Genre : Science-Fiction


Autres éditions
   DENOËL, 2007, 2007, 2007, 2009
   in Spin - Axis - Vortex, FRANCE LOISIRS, 2013
   GALLIMARD, 2010, 2010, 2012, 2015
   in La Trilogie Spin, 2016
   GALLIMARD, 2017

Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     Une nuit d'octobre, Tyler Dupree, douze ans, et ses deux meilleurs amis, Jason et Diane Lawton, quatorze ans, assistent à la disparition soudaine des étoiles. Bientôt, l'humanité s'aperçoit que la Terre est entourée d'une barrière à l'extérieur de laquelle le temps s'écoule des millions de fois plus vite. La lune a disparu, le soleil est un simulacre, les satellites artificiels sont retombés sur terre. Mais le plus grave, c'est qu'à la vitesse à laquelle vieillit désormais le véritable soleil, l'humanité n'a plus que quelques décennies à vivre...
     Qui a emprisonné la terre derrière le Bouclier d'Octobre ?
     Et s'il s'agit d'extraterrestres, pourquoi ont-ils agi ainsi ?

     Spin est le roman le plus ambitieux de Robert Charles Wilson à ce jour. Une ambition récompensée en septembre 2006 par le prix Hugo, la plus haute distinction de la science-fiction.

     Robert Charles Wilson est né en Californie et a immigré au Canada à l'âge de neuf ans. Ses romans d'un profond humanisme lui ont valu de nombreuses récompenses.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2007)

     A la lecture du palmarès récent du prix Hugo, on pouvait légitimement se poser la question de savoir s'il constituait encore une récompense valable pour un prix de science-fiction. En effet, il a consacré durant les cinq dernières années un roman de fantasy, Harry Potter et la coupe de feu en 2001, un roman mythologique, American Gods (de Gaiman) en 2002, un livre de SF, Hominids de Robert Sawyer en 2003, une nouvelle fantasy avec Paladin des âmes de McMaster Bujold en 2004, et enfin un roman fantastique de Susanna Clarke (Jonathan Strange & Mr. Norrell) en 2005. Bref, un palmarès qui laisse particulièrement dubitatif, car un seul texte de « vraie » SF en 5 ans, et des lauréats pas nécessairement de qualité inoubliable (le Bujold). Si l'on compare avec certains des lauréats de la décennie précédente — Kim Stanley Robinson, Vernor Vinge, Neal Stephenson, Joe Haldeman — on se dit que quelque chose ne tourne pas rond au pays du Hugo (même si les ferments du grand n'importe quoi étaient déjà là, Bujold ayant glané trois prix sur les cinq attribués entre 1991 et 1995). Aussi, le bandeau proclamant « prix Hugo 2006 » qu'arbore fièrement Spin ne prouvait rien, et pouvait même inquiéter. Toutefois, connaissant Robert Charles Wilson, et ses faits d'armes précédents, Les Chronolithes et Blind Lake, notamment, on savait l'auteur versé dans la SF la plus pure et capable de nous enthousiasmer. Allait-il être en mesure de rééditer cet état de fait ?
     Un jour, les étoiles disparaissent. Hormis ce point, le monde semble fonctionner comme auparavant. Néanmoins, des caméras embarquées sur des fusées lancées par les principales nations de l'aérospatiale montrent la Terre prisonnière d'une sorte de membrane. A l'extérieur, le temps ne s'écoule plus du tout de la même manière que sur notre planète : cinq années terrestres correspondent à cinq cent millions d'années du reste de l'univers... Jason Lawton, un scientifique de renom, va s'attaquer à ce problème. A ses côtés, Tyler Dupree, ami d'enfance et médecin, qui va se retrouver partagé entre Jason et sa soeur Diane, qu'il aime secrètement, et qui, elle, va opter pour la religion pour résoudre son conflit existentiel né du phénomène du Spin.
     Dès le titre du premier chapitre, Wilson sème le trouble : « 4 x 109 ap. J.-C. ». Malgré tout, le monde décrit ressemble fortement au nôtre ; on comprend donc qu'il s'est passé des choses en relation avec la trame temporelle. L'auteur ne garde d'ailleurs pas le secret bien longtemps, puisque quelques chapitres plus loin il décrit le phénomène Spin. Néanmoins, notre curiosité a été piquée au vif. En très bon artisan qu'il est, Wilson saura l'entretenir par une construction alternée entre « temps présent » (Tyler et Diane sont en fuite, on ne sait pour quelle raison ; et quel est donc ce médicament que s'injecte Tyler, au prix de longues journées de fièvre presque mortelle ?) et flash-backs narrant les conséquences de l'irruption de la membrane dans la vie des terriens. Car, si certains de ceux-ci vont s'en remettre au destin, de nombreuses nouvelles religions se créant alors, d'autres, tel Jason, vont se rendre compte de l'immense potentiel que constitue l'effet Spin : l'Homme est en effet en mesure d'observer de manière beaucoup plus pragmatique l'évolution de l'univers. Voire même de l'influencer... Tout en restant bien conscient que le Soleil finira par mourir, sonnant le glas de la Terre beaucoup plus rapidement que prévu. Wilson s'autorise au passage quelques scènes saisissantes de beauté, comme celle où, lors du premier envoi de fusées sur Mars, Jason égrène les secondes en indiquant ce que sont devenues ces fusées à l'extérieur de la membrane. Même si on est loin de la hard science (de nombreuses questions sur la faisabilité de l'envoi de lanceurs hors du voile se posent), les développements que propose l'auteur sont intellectuellement très stimulants, et ce jusqu'à la toute dernière page (ce qui n'était pas toujours le cas dans ses précédents livres).
     Une des constantes de Wilson est son profond humanisme. Aussi ses personnages sont-ils toujours particulièrement travaillés. C'est bien évidemment le cas ici, alors qu'ils auraient pu facilement être caricaturaux (le savant fou, l'illuminée, la mère alcoolique ou le père castrateur). Les figures fortes ont leurs fêlures, les faibles — a priori — se révèlent doués d'une volonté insoupçonnés. Tous cherchent une raison à leur existence, et si les moyens diffèrent pour y parvenir, le Spin sera pour tous le catalyseur de leur évolution personnelle. Bref, comme dans les romans précédents de Wilson, la spéculation science-fictive et le développement des personnages sont intimement liés.
     Avec Spin, Robert Charles Wilson a franchi un cap. D'écrivain intéressant, il est devenu auteur majeur, l'un des tout meilleurs actuellement. Et Spin est sans doute le meilleur roman de SF du XXIe siècle à ce jour. Les fans peuvent se réjouir : on a retrouvé le prix Hugo.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 4/3/2007
nooSFere


Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2007)

     Prix Hugo largement mérité et premier volume d'une trilogie en cours d'écriture, Spin est un roman impressionnant, maîtrisé de bout en bout et plutôt emblématique d'une génération vaguement larguée. Fidèle à ses habitudes, Robert Charles Wilson y déploie une science-fiction humaniste, via une histoire tourmentée dans laquelle des personnages attachants vont se confronter à un mystère d'envergure cosmique à l'aune de leur propre faiblesse.

     Thème classique, on le voit, parfaitement représentatif des textes de Wilson, où des hommes comme les autres sont projetés malgré eux dans une longue suite d'événements dramatiques. Cette apparente simplicité autorise beaucoup de choses et l'auteur excelle dans la peinture d'antihéros dépassés, souvent paumés, affectivement instables et étonnamment touchant pour les lecteurs qui dépassent la trentaine en perdant peu à peu leurs illusions et en voyant leurs premiers amis mourir du cancer ou se planter bêtement contre un arbre après une soirée arrosée.

     De ce sentiment de fin du monde, on retient la montée d'une incompréhension totale à l'égard d'une société devenue folle et la nostalgie assumée d'une jeunesse perdue à jamais, engloutie dans la glace du passé. Et science-fiction mise à part, c'est exactement de ça que Spin traite magistralement : la perte, l'inconnu, le vide d'une existence sans valeur ni sens et, tout au bout, la mort.

     Dans un futur si proche qu'on pourrait allègrement l'appeler aujourd'hui, Spin traite à la fois du destin de trois enfants et de l'avenir de l'humanité en tant qu'espèce. C'est là que Wilson réussit son coup : décrire l'isolement de la planète Terre (placée dans une sorte de congélateur cosmique qui recrée les conditions climatiques actuelles et la fixe dans une temporalité réduite alors que le reste de l'univers file à une vitesse inimaginable — plusieurs millions d'années par années terrestres subjectives) et ses conséquences sociales à travers les yeux de trois gamins qui, devenus adultes, prendront chacun une voie différente.

     D'un côté Jason et Diane, les deux enfants d'un riche couple (père influent et mère alcoolique), et de l'autre, Tyler, le fils de la bonne. Trois gamins qui assistent ensemble au Spin, la nuit où les étoiles disparaissent du ciel, la nuit où la Terre est recouverte d'une sorte de membrane artificielle, modifiant à jamais la destinée humaine.

     De leur vie, de leur amour et de leur perte, Robert Charles Wilson dresse un portrait doux-amer, alors que Jason met son indéniable génie au service du gouvernement, que Diane s'embarque dans une vague quête mystique qui la conduit au sein d'une communauté d'allumés quasi millénaristes, et que Tyler (narrateur et personnage principal) trace sa route comme médecin sans jamais vraiment comprendre ce qui lui arrive et pourquoi on en est là.

     Qui a bien pu isoler la Terre de cette façon ? Qui, et pourquoi ? Autre détail désagréable, si le temps au-delà de la membrane s'écoule en accéléré (ou le temps terrestre au ralenti, ce qui revient au même), la mort du soleil risque d'arriver bien plus tôt que prévu... D'ici peu, pour tout dire, une cinquantaine d'années... Et avec elle, la fin du monde...

     C'est donc la chronique d'une condamnation à mort que s'offre un Robert Charles Wilson en grande forme, excellant à décrire la grande panique et ses conséquences à travers les yeux de protagonistes plus ou moins acteurs. Les efforts des terriens pour contrer l'isolement terrestre (par de mystérieuses entités joliment nommées les Hypothétiques) doivent-ils passer par la terraformation de Mars ? La fuite vers les étoiles ? Autant de scénarios aberrants qui prennent soudain un autre sens quand on réalise peu à peu qu'une échelle temporelle décalée permet beaucoup de choses.

     Et si l'épée de Damoclès penche dangereusement, n'est-ce finalement pas le lot de toute existence ? C'est presque une forme de clin d'œil pour une humanité habituée d'entrée de jeu à l'idée d'une mort certaine, mais qui se réveille en sursaut le jour venu, se passe la main dans les cheveux, cherche un paquet de clopes et soupire : merde, déjà ?

     Convaincant du début à la fin, Spin est la preuve éclatante (en fallait-il vraiment une ?) que Robert Charles Wilson a dépassé ses faiblesses récurrentes et donné à son talent d'auteur une direction plus cohérente, plus efficace et encore plus intelligente. De ce beau roman qui hante le lecteur longtemps après, on retiendra ce vague sentiment de tristesse un peu fataliste quand l'inéluctable disparition de ce qu'on aime devient réalité, le cabotinage en moins. Une résignation douloureuse, mais inspiratrice.

Patrick IMBERT (site web)
Première parution : 1/1/2007
dans Bifrost 45
Mise en ligne le : 14/3/2008

Prix obtenus
Grand Prix de l'Imaginaire, Roman étranger, 2008
Hugo, Roman, 2006


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