Le second
Galaxies nouvelle série est arrivé et comme ça ne pouvait pas être pire que le premier, on va dire que c'est mieux... En fait, guère mieux...
Avant toute autre considération, la mise en pages souffre de défauts assez redoutables : le sommaire page 3 est hideux ; la police utilisée dans la majeure partie de la revue, un sous-Helvetica très moche, est buguée (les î et ï sont décalés) ; la publicité pour la convention de Bellaing ressemble à un tract pour une maison de correction Rachida Dati
TM. Les polices de caractères utilisées rendent la revue aussi agréable à lire que les annonces de marabouts africains dans
L'officiel des spectacles, c'est dire. Sans oublier les innombrables coquilles, comme «
Prix Lotus », ah ah ah, les erreurs de grammaire trop nombreuses pour ne pas être pénibles, ou les interversions de couvertures dans la rubrique critique.
Côté nouvelles hors dossier, pas grand chose : les extraits de Damasio sont bien du Damasio, aucun doute là-dessus (j'ai tenu quatre lignes) ; «
Douce Apocalypse » de Will McIntosh, une nouvelle de speed-dating sur fond de crise économique, est la plus intéressante du lot sans toutefois tutoyer les cimes littéraires ; quant à la nouvelle très seventies de Daniel Paris, palpitante comme la conversation d'une aumônière comateuse, j'ai dû me forcer pour la finir.
Mais le
meilleur pire reste à venir : le dossier
space opera. Du lourd. Déjà le simple fait de voir le nom de Kevin J. Anderson au sommaire fait peur, car KJA est au
space opera ce que Bolino est à la cuisine pour femmes qui travaillent. Le reste est du même tonneau, nouvelles mal traduites (celle de Linda Nagata relève du cas d'école), nouvelle correcte mais qui n'a aucun rapport avec le
space opera (celle de Stephen Woodworth), article de fonds grotesque, rédigé par quelqu'un, Denis Labbé pour ne pas le nommer, qui visiblement n'y connait rien et ne sait pas circonvenir le sous-genre qu'il a décidé de présenter. Sans oublier qu'il n'a rien d'intéressant ou d'original à en dire (l'entrée wikipédia est d'un aussi grand secours). Symptômes supplémentaires de ce naufrage, les deux tentatives de définition du genre dues à Alain le Bussy et P.J Héraut (plutôt que
M. John Harrison,
Serge Lehman ou
Iain M. Banks). M. Bolino, parlez-moi de gastronomie italienne, vous avez trente secondes (de micro-ondes)...
On ne m'ôtera pas de l'idée que confier la réalisation d'un dossier
space opera à Denis Labbé, c'est un peu comme commander un film sur l'affaire d'Outreau à Uwe Boll...
Quant à la rubrique critiques « coordonnée » par
Olivier Noël, ben, justement, elle a l'air tout sauf coordonnée, les papiers se suivent sans qu'on puisse comprendre pourquoi ils ont été placés dans cet ordre, pourquoi tel livre bénéficie de trois pages alors que tel autre est expédié en vingt lignes, pourquoi les nouveautés et rééditions sont mélangées, etc. Sans parler de la qualité des dits papiers qui va de l'excellent, ceux de François Chauvin, au grotesque absolu, les notules de Denis Labbé (encore lui !).
Couvrant tout le spectre de la science-fiction, de la plus littéraire/snob (David Mitchell/Damasio) à la plus populaire/parasitaire (P.J Hérault/Kevin J. Anderson),
Galaxies évoque un bateau sans gouvernail, sans capitaine, sans étrave, qui pour le moment dérive sur des eaux grises, médiocres et ennuyeuses. Denis Labbé fait des trous dans la coque, le maquettiste décoche des flèches enflammées dans les voiles, Olivier Noël écope et le sympathique Pierre Gévart cherche sa longue-vue les pieds dans l'eau salée et les méduses urticantes. Ne reste plus qu'aux lecteurs qu'à se mutiner.
Le
Galaxies d'aujourd'hui est une revue de science-fiction qui globalement n'aime pas la littérature alors qu'on a précisément besoin de l'inverse en France : de revues littéraires qui aiment/respectent la science-fiction.