L'auditeur impérial Miles Vorkosigan est de retour sur Barrayar, auréolé du succès de sa mission sur Komarr. Une réussite qui doit beaucoup à l'appui reçu d'Ekaterin Vorsoisson, une charmante veuve dont il est éperdument épris et qu'il souhaite épouser.
Las, Miles est un soldat qui pense conquérir la main d'une femme comme on gagne une bataille. A son grand dam, le « plan de campagne » élaboré tourne vite au fiasco. Et pour ajouter à sa confusion, voilà que ses ennems politiques l'accusent du meurtre du mari de la belle, tandis que le secret-défense l'empêche de produire les preuves qui lui permettraient de se disculper. Lord Vorkosigan sera-t-il bafoué par le déshonneur ?
Née en 1949 dans l'Ohio, Lois McMaster Bujold est passionnée de SF et a commencé à écrire dès l'adolescence. Elle a obtenu quatre fois le Prix Hugo du meilleur roman pour différents épisodes d'un même cycle — La Saga Vorkosigan — , fait inégalé dans les annales de la SF. Voici Miles se démenant au sein d'un maelström d'intrigues amoureuses et diplomatiques les plus tourmentées !
Lois McMaster Bujold est un auteur plébiscité aux États-Unis, tant par le public que par les professionnels : son cycle, Barrayar, a remporté quatre prix Hugo du meilleur roman, fait inégalé dans l’histoire de la SF. Il met en scène Miles Vorkosigan, membre de la caste militaro-aristocratique de la planète barrayarane, nabot génial aux prises avec la mentalité moyenâgeuse de sa planète.
C’est dans l’espace que Miles fera reconnaître ses talents militaires, entraînant le lecteur dans des aventures intrépides et pleines d’humour. De là, il n’y a qu’un pas à franchir pour définir, en France, McMaster Bujold comme un auteur de SF militariste, avec les notions péjoratives que cela induit. L’écrivain ne se situe certes pas dans la lignée du space opera moderne qui propose de grandes fresques épiques à l’instar du cycle de la Culture de Iain M. Banks ou de celui d’Hypérion de Dan Simmons. Si le cycle de Barrayar est plus traditionnel, il nous propose cependant des récits de qualité, avec aventures et enquêtes à multiples rebondissements, appuyés sur un style alerte et drôle. Les récits de science-fiction n’ont pas besoin d’être pessimistes pour être appréciables !
Au-delà du plaisir que l’on prend à suivre Miles dans ses aventures, McMaster Bujold pose en filigrane une question qui semble lui tenir à cœur : à travers les questionnements d’un personnage «anormal» sur sa place au sein d’une société eugéniste, elle insiste sur la problématique plus globale de l’identité, à travers la gestion difficile des contradictions internes aux individus, induites par toute société, et la confrontation de cultures opposées et les incompréhensions ou drames qui en résultent, thème d’actualité s’il en est.
Avec Ekaterin, McMaster Bujold nous livre le onzième volet de la série Vorkosigan. Et «voici Miles se démenant au sein d’un maelström d’intrigues amoureuses et diplomatiques des plus tourmentées». Cette citation extraite de la quatrième de couverture résume assez bien l’esprit de cet opus : Ekaterin tourne essentiellement autour des déboires sentimentaux, non seulement de Miles, mais aussi de Mark, son frère-clone ; et il faut attendre la 351ème page pour voir démarrer une intrigue très en deçà de ce que nous propose habituellement l’auteur.
De manière plus globale, le personnage d’Ekaterin, que l’on retrouve pour la seconde fois, est moins attachant que les femmes volontaires décrites par Bujold au cours du cycle. L’auto-flagellation de la pauvre veuve et ses doutes permanents sur ses capacités sont un tantinet horripilants.
Avec Memory, McMaster Bujold avait réussi un exercice difficile en cassant l’image de son héros galactique pour le transformer en un détective impérial au service de sa planète, redonnant ainsi au cycle une nouvelle vie. Cependant, on sent un essoufflement depuis Komarr, qui se confirme avec ce volet. Et c’est malheureux, car ce récit ne donne pas la réelle mesure du talent de Bujold, souvent assimilée à tort à un auteur facile et réactionnaire. Ekaterin plaira cependant aux inconditionnels qui ne voudront rater sous aucun prétexte les aventures du mutant de génie. Et si ce volet déçoit, il faut faire confiance au talent de l’auteur et à son imagination fertile pour nous offrir un nouvel opus… digne d’un cinquième Hugo!
À ceux qui ne connaissent pas encore McMaster Bujold, nous conseillerons plutôt quelques-uns des meilleurs récits de la série (elle n’en manque pas!) : Miles Vorkosigan, prix Hugo 1991, qui nous conte les débuts de sa carrière, La Danse du miroir, prix Hugo 1995, et Les Frontières de l’infini, recueil de trois superbes novellas, représentatives du cycle et de la (des) personnalité(s) de Miles.