Japon, 1489. Dans un pays sombrant dans le chaos des guerres civiles, l'enquêteur Ryôsaku est chargé par le shôgun de pourchasser de mystérieux assassins prenant pour cibles des samouraïs. En compagnie de Kaoru, Keiji et Sôzô, trois adolescents maîtrisant l'art du sabre, mais hantés par un passé douloureux, il traque sans merci ces tueurs insaisissables. Armé de son seul « marteau à sagesse », Ryôsaku devra éviter à ses compagnons de tomber dans des pièges aussi nombreux que pervers et affronter l'essence même du mystère.
Les jeunes samouraïs et leur mentor auront fort à faire pour mettre au jour un secret plus terrifiant encore que tout ce qu'ils auraient pu imaginer...
Musicien et écrivain, Jérôme Noirez a publié quatre romans pour les adultes. Sa trilogie de fantasy Féérie pour les ténèbres a été nominée au Grand Prix de l'imaginaire, au prix Imaginales et au prix Merlin. Leçons du monde fluctuant, son dernier roman a été remarqué dès sa sortie comme une oeuvre aussi « étrange que jubilatoire ». Ecrivain inclassable à l'imaginaire foisonnant, il impose désormais son ton unique à la littérature de jeunesse.
Critiques
« Japon, 1489. Dans un pays sombrant dans le chaos des guerres civiles, l'enquêteur Ryôsaku est chargé par le shôgun de pourchasser de mystérieux assassins prenant pour cibles des samouraïs. En compagnie de Kaoru, Keiji et Sôzô, trois adolescents maîtrisant l'art du sabre, mais hantés par un passé douloureux, il traque sans merci ces tueurs insaisissables. Armé de son seul marteau à sagesse, Ryôsaku devra éviter à ses compagnons de tomber dans des pièges aussi nombreux que pervers et affronter l'essence même du mystère. » Extrait du quatrième de couverture.
Voilà pour l'histoire. N'en disons pas plus.
Quant à la critique, peut-être faudrait-il, avant d'y plonger, remonter aux sources les plus vives de ces Fleurs de dragon, c'est-à-dire parler du chanbara (ou chambara), un genre théâtral et cinématographique typiquement japonais, codifié, qui est, en un sens, l'équivalent de nos bons vieux films de cape et d'épée.
C'est sans doute du côté d'Akira Kurosawa que Jérôme Noirez est allé chercher la tonalité tantôt sombre, tantôt enjouée de son roman, le Kurosawa de Yojimbo, Sanjuro, Les Sept samouraïs, évidemment, et La Forteresse cachée — films qui se distinguent par leur mélange de comédie, d'humanité et de flambées de violence (souvent très ramassées, les combats au katana ne durent que chez Quentin Tarantino). Et c'est sans doute du côté de Yasuzo Masumura et Yoshio Inoue (le diptyque Hanzo the razor) que Noirez a trouvé son personnage principal, Ryôsaku, bien que ces deux œuvres cinématographiques ne soient guère « jeunesse ».
Il y a donc de l'hommage dans ce livre — la scène dans les sables évoque La femme des sables d'Abé Kôbô — , mais il y a surtout une enquête qui, bientôt, se sépare en deux comme la langue du serpent. Et des personnages fort bien troussés (y compris les enfants, ce qui n'a rien d'évident). Le livre n'est pas sans défaut : la narration au présent se relâche de temps à autre (gisements de verbes être et avoir, forme passive lourdingue, description plate), le narration omnisciente donne parfois, notamment lors des scènes d'action, une impression d'éparpillement. Mais au final on se régale à lire cette enquête tissée de croyances, saupoudrée d'un fantastique d'autant plus percutant qu'il est léger, chevillé au corps même de la vie. Voilà un bon exemple de littérature jeunesse jubilatoire, un livre qui plane mille lieues au-dessus de ses défauts — et c'est aussi en cela que Jérôme Noirez est grand.
Dans le Japon du XVe siècle, des samouraïs sont tués. Chose surprenante quand on connaît les compétences de ceux-ci en art du combat. L'inspecteur Ryôsaku est chargé d'enquêter sur cette série de crimes ; ses capacités d'analyse et son recul sont en effet particulièrement bienvenus. Pour l'aider, on lui associe trois jeunes en difficulté et dont les personnalités sont clairement antagonistes.
Fleurs de dragon était paru à l'origine chez l'éditeur nantais Gulfstream, dans une collection jeunesse (la suite, Le shogun de l'ombre, vient d'ailleurs d'y paraître). Pour qui connaît l'univers assez glauque et déviant de Jérôme Noirez, cela paraît évident, car même si l'on trouve parfois quelques visions un peu effrayantes, la tonalité reste résolument tournée vers l'aventure. En outre, la présence de trois jeunes apprentis au tempérament et aux réactions très différentes (et parfois drolatiques) permet aux jeunes lecteurs une meilleure identification, à l'un ou à l'autre.
Dès lors, l'opportunité de republier ce roman dans une collection adulte peut faire débat. Les lecteurs habituels de la collection risquent en effet de trouver le livre un peu trop léger, du fait de ce côté jeunesse transparaissant aussi clairement. Mais, après tout, la perméabilité jeunesse/adulte n'a jamais été aussi forte dans la littérature, notamment de fantasy (que l'on pense à Harry Potter), alors cela ne devrait pas gêner grand-monde. Et ce d'autant plus que Noirez s'acquitte parfaitement du « cahier des charges » de ce type d'ouvrage : rythme enlevé, humour omniprésent (les coups de maillet) mais qui sait laisser place temporairement au suspense et à l'inquiétude, le tout servi par une écriture très visuelle. L'auteur a aussi fourni un effort documentaire préalable conséquent, qu'il a su retraduire sans alourdir le rythme ni rallonger la sauce (le livre fait tout juste 250 pages) ; le lecteur curieux pourra néanmoins consulter les notes de Noirez en fin d'ouvrage. Fleurs de dragon procure ainsi un plaisir de lecture certain, et se révèle in fine éminemment lisible, et ce par tous les publics.