Il y aura toujours, à l'orée d'une forêt menaçante, un château enchanté où dort une princesse. A la lisière de notre vie d'adulte, il y aura toujours ce livre, qu'il suffit d'ouvrir pour réveiller notre enfance. Ce pays de grands bois obscurs, de rivages désolés, de jardins où les fleurs se mettent à parler, nous est plus familier que tout autre. Que les renards se transforment en princes et les princes en corbeaux ne nous paraît pas si étonnant. Et quoi de plus normal que de voir triompher le bien, de voir les coupables mourir dans des tonneaux emplis d'huile bouillante et de serpents venimeux, de voir le courage et la loyauté permettre à d'humbles inconnus d'épouser des princesses ? La vérité est du côté des contes. Si le monde ne ressemble pas à leur univers fabuleux, c'est qu'il est mal fait...
Lire un conte est un peu comme jouer au jeu de l'oie en solitaire. Avant de parvenir au but, avant d'enlever l'oiseau d'or ou le cheval plus rapide que le vent, il faut affronter un certain nombre d'épreuves. Il faut, avec l'orpheline du récit intitulé La Vraie Fiancée, ébarber douze livres de plumes dans une seule journée pour satisfaire la marâtre qui veille. Il faut choisir la bonne auberge (dans L'Oiseau d'oi) qui n'est pas celle que l'on pense. Il faut savoir se taire sept ans comme la princesse au front marqué d'une étoile pour sauver ses douze frères. Il faut accepter son sort sans se plaindre et toujours croire à l'intervention d'une providence qui prend parfois les traits d'une mendiante ou d'un nain facétieux. Patience, astuce, générosité : telles sont les qualités du héros.
Au terme de ce voyage initiatique vous pourrez vous reposer dans le palais que la vieille fée a construit en une nuit pour « la vraie fiancée ». Parmi les volières emplies de petits perroquets verts, sous de merveilleux lustres en pierreries, vous vous rafraîchirez l'imagination à cette inépuisable fantaisie. Chacun de ces contes semble, comme la coquille de noix dans laquelle Peau d'Ane enferme ses robes de soleil et de lune, contenir un monde. En ouvrir un, c'est pénétrer dans un labyrinthe dont nous déroulons le fil d'Ariane, au fur et à mesure que la mémoire nous revient du temps, pas si lointain, où nous étions enfants. Où nous tremblions en imaginant le chasseur entraînant Blanche-Neige dans la forêt pleine de bêtes féroces, et respirions enfin quand apparaissaient la petite maison et sa table garnie de sept assiettes miniatures comme un refuge à notre mesure parmi les dangers du monde extérieur. En nous conduisant ' dans des contrées en apparence si éloignées de la réalité, c'est en nous que les contes nous font voyager.
1 - L'Oiseau d'or, pages 7 à 17, nouvelle 2 - Blanche-Neige, pages 19 à 31, nouvelle 3 - Les Deux frères, pages 33 à 63, nouvelle 4 - Les Douze frères, pages 65 à 72, nouvelle 5 - Les Six cygnes, pages 73 à 80, nouvelle 6 - La Vraie fiancée, pages 81 à 90, nouvelle 7 - Le Choix d'une femme, pages 91 à 91, nouvelle 8 - Le Fidèle Jean, pages 93 à 105, nouvelle 9 - Rose et blanche, pages 107 à 117, nouvelle 10 - Jean le chanceux, pages 119 à 125, nouvelle 11 - Les Trois fileuses, pages 127 à 129, nouvelle 12 - La Gardeuse d'oies, pages 131 à 142, nouvelle 13 - Le Roi de la montagne d'or, pages 143 à 152, nouvelle 14 - Les Sept corbeaux, pages 153 à 156, nouvelle 15 - Jeannot et Annette, pages 157 à 165, nouvelle 16 - La Lumière bleue, pages 167 à 173, nouvelle 17 - Histoire de celui qui s'en alla, pages 175 à 188, nouvelle