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Utopiales 2010

ANTHOLOGIE

Textes réunis par Jérôme VINCENT

Cycle : Utopiales  vol. 10 


Illustration de Philippe DRUILLET

ActuSF , coll. Les Trois Souhaits
Dépôt légal : novembre 2010
Première édition
Anthologie, 228 pages, catégorie / prix : 12 €
ISBN : 978-2-917689-27-1
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     La frontière...

     Qu'elle soit dans l’espace ou en nous, elle est le lieu de tous les fantasmes et de toutes les aventures.
     Le lieu de tous les possibles.

     Huit auteurs, cinq Anglo-saxons, un Suisse, un Espagnol et un Français se sont aventurés dans les marges pour explorer les frontières entre le possible et l’impossible, là où la réalité devient incertaine.

     L’anthologie officielle des Utopiales vous propose de passer de l’autre côté...
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Pierre BORDAGE, Frontières et paradoxes, pages 6 à 9, préface
2 - Vincent GESSLER, Miroirs du ciel, pages 10 à 49, nouvelle
3 - Peter WATTS, La Chose (The Things, 2010), pages 50 à 73, nouvelle, trad. Roland C. WAGNER
4 - Juan Miguel AGUILERA, La Fête de la comète, pages 74 à 95, nouvelle, trad. Sylvie MILLER
5 - Larry NIVEN, Reviens, Carol ! (By mind alone, 1966), pages 96 à 111, nouvelle, trad. Paul ALPÉRINE
6 - Ian McDONALD, Le Vieux cosmonaute et l'ouvrier du bâtiment rêvent de Mars (The Old Cosmonaut and the Construction Worker Dream of Mars, 2002), pages 112 à 149, nouvelle, trad. Sylvie DENIS
7 - Thomas DAY, La Ville féminicide, pages 150 à 173, nouvelle
8 - Lucius SHEPARD, Le Chasseur de jaguar (The Jaguar Hunter, 1985), pages 174 à 206, nouvelle, trad. William Olivier DESMOND
9 - Justine NIOGRET, Les Rivages extrêmes de la mer intérieure, pages 208 à 222, nouvelle
Critiques
     C'est la deuxième année que les jeunes éditions ActuSF, via leur collection « Les Trois souhaits », prennent en charge l'anthologie officielle du festival des Utopiales de Nantes, et, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'affiche est belle.

     Enfin, l'affiche...

     Entendons-nous bien : le programme. Sûrement pas la couverture scato-phallique et vomitive d'un Philou Druillet qu'on a quand même connu nettement plus en forme (aux environs du XIVe siècle).

     Non, non, le programme, donc ; voyez plutôt : Juan Miguel Aguilera, Thomas Day, Vincent Gessler, Ian McDonald, Justine Niogret, Larry Niven, Lucius Shepard et Peter Watts, c'est tout de même plutôt alléchant. Du beau monde.

     On ne félicitera par contre guère ActuSF pour ce qui est du travail éditorial, qu'on qualifiera gentiment de « léger », et ce dès la quatrième de couverture, qui fait, au choix, de Thomas Day ou de Justine Niogret un anglo-saxon... Première d'une série de petites boulettes un brin gênantes, même si pas insurmontables la plupart du temps : Ian McDonald que l'on tient à prénommer Iain, Peter Watts dont la nouvelle « Les Choses » se voit traduite par « La Chose » au prix d'un contresens fâcheux (bravo Roland Wagner), ou encore, gag, comme si les présentations des auteurs n'étaient pas déjà assez succinctes comme ça (généralement, cinq lignes et hop !), des oublis, ainsi dans celle de Larry Niven (p. 96), pour lequel on annonce « une mythique phrase d'ouverture : »... qu'on ne lira jamais. Sans parler, bien sûr, des coquilles, relativement nombreuses. Bref, pas terrible sous cet angle, pour le moins.

     Mais heureusement il y a les textes, et, autant le dire de suite, le niveau est dans l'ensemble bon à très bon (si l'on excepte la préface de Pierre Bordage, dont on ne retiendra pas grand-chose, si ce n'est quelques louables intentions anti-ghettoïsantes). Le thème, « Frontières », était pour le moins vaste, et susceptible de très nombreuses interprétations ; il n'a du coup guère constitué une contrainte pour les auteurs, et, pour y rattacher les nouvelles, il faudrait parfois se livrer à un petit exercice de capillotraction... Mais peu importe au final, tant c'est la qualité qui prime.

     Commençons par les textes les moins intéressants du lot — relativement — , qui n'ont cependant rien de dégradant. Ainsi du texte d'ouverture, la longue nouvelle de Vincent Gessler — doublement primé lors du festival pour son premier roman Cygnis (cf. critique in Bifrost n°61) — intitulée « Miroirs du ciel ». Une science-fiction de paysages et de mœurs, qui fait penser plus qu'à son tour à Jack Vance et surtout Ursula K. Le Guin par sa dimension ethnologique... mais la comparaison, sans surprise, joue un peu en défaveur du jeune auteur suisse, quand bien même le texte reste d'une lecture agréable et riche en images fortes. On classera de même parmi les textes simplement bons celui de Juan Miguel Aguilera, « La Fête de la comète », qui nous plonge dans les jours sombres de l'Allemagne hitlérienne, avant la seconde Guerre mondiale : joli cadre (le Bauhaus, les duels, etc.), très bien utilisé, mais la nouvelle n'en est pas moins un peu frustrante. Celle de Larry Niven, « Reviens, Carol ! », tranche sur le reste du recueil par sa dimension old school franchement assumée, qui peut désarçonner les lecteurs les moins indulgents ; mais, sous ses dehors farfelus, cette histoire de téléportation contient de vraies bonnes idées de science-fiction et mérite en définitive le détour. Quant à la nouvelle de Justine Niogret, « Les Rivages extrêmes de la mer intérieure », on ne lui confèrera certes pas le prix de l'originalité foudroyante — une civilisation post-apocalyptique souterraine... — , mais elle reste des plus lisibles, très visuelle, et en fin de compte tout à fait convaincante.

     Jusque-là, c'est déjà bien. Mais il y a mieux encore. A commencer par Peter Watts, dont « La Chose » (voir plus haut...) est un hommage bienvenu au film éponyme de John Carpenter — probablement son chef-d'œuvre, soit dit en passant — , vu cette fois à travers les yeux de la créature extraterrestre. C'est très bien ficelé, très bien vu, et tout à fait passionnant. Un superbe texte, ensuite, « Le Vieux Cosmonaute et l'ouvrier du bâtiment rêvent de Mars », de Ian McDonald ; deux points de vue qui se mêlent, un rêve et une réalité, pour un texte déstabilisant au premier abord, mais qui se révèle au final d'une poésie et d'une beauté remarquables. Thomas Day retourne ensuite à ses premières amours exotico-gores avec « La Ville féminicide », texte glauque et brillant sur les « mortes de Juárez » ; un des textes les plus en phase avec la thématique (supposée...) du recueil, qui ne saurait laisser indifférent. Et il faut enfin évoquer Lucius Shepard, dont « Le Chasseur de jaguar » est une fascinante nouvelle fantastique, superbement écrite et délicieusement ambiguë.

     Quatre textes au pire moyens, sinon bons, quatre autres très bons voire excellents : le bilan est clair. Utopiales 2010, en dépit de ses imperfections éditoriales aux échos d'ama-teurs, est une anthologie plus que recommandable ; elle vaut même sacrément le détour. 1

Notes :

1. Les titres des éditions ActuSF étant pas ou peu disponibles en libraires, on consultera leur site Internet afin de se procurer leurs ouvrages (editions-actusf.com) [NDRC]

Bertrand BONNET
Première parution : 1/4/2011 dans Bifrost 62
Mise en ligne le : 6/2/2013


     Depuis 2009, l'anthologie du festival Utopiales de Nantes est publiée par les éditions ActuSF. Au menu : les principaux auteurs invités par le festival, francophones ou non. Cette fois-ci, ils sont huit (deux Français, un Suisse, deux Américains, un Irlandais, un Canadien, et un Espagnol, ce qui n'est pas tout à fait ce qui est indiqué en quatrième de couverture). Avec une première constatation : Larry Niven et Lucius Shepard sont représentés par des rééditions, choix qu'on peut regretter quand on connaît le nombre de textes inédits de ces deux auteurs.
     À tout seigneur, tout honneur, c'est Vincent Gessler, primé à deux reprises à Nantes pour son premier roman, Cygnis, qui ouvre le bal, avec « Miroirs du ciel ». Un inspecteur de l'Organisation des Mondes Unis est un jour kidnappé sur une planète ; loin de toute acte de répression, il s'agit plus d'un enlèvement destiné à lui faire connaître de l'intérieur la vie de ces autochtones brimés par l'OMU. Malgré une trame prévisible, on retrouve ce qui faisait la force de Cygnis : une profonde tendresse pour les personnages, un rythme lent qui incite à la réflexion... Un beau texte d'ouverture.
     Vient ensuite « La chose », de Peter Watts, qui part d'un postulat original : raconter « La Chose », le film de John Carpenter... depuis le point de vue de la chose, justement ! Idée de narration intéressante, mais qui tournerait sans doute à vide assez rapidement si Watts ne s'était servi de ce prétexte pour proposer une réflexion, forcément iconoclaste puisqu'initiée par une entité extraterrestre, sur l'âme, la création, et l'Homme, ce « cancer pensant ».
     « La Fête de la comète » de Juan Miguel Aguilera, est étrange : lors de cette fête, sur le campus du Bauhaus à Weimar, en pleine montée du nazisme, un étudiant provoque en duel un de ces condisciples. Lors du combat, il entrevoit la possibilité d'existence d'univers parallèles, et ne sait comment réagir vis-à-vis de cette fracture. Une nouvelle d'ambiance, qui interpelle nos certitudes.
     Comme on pouvait s'y attendre, Larry Niven, en bon auteur de hard science, utilise dans « Reviens, Carol ! » un problème scientifique comme moteur de son intrigue. Il en ressort néanmoins un texte mineur, et on regrettera en outre une traduction non révisée alors que cela s'imposait, et une splendide coquille dans la courte introduction...
     « Le vieux cosmonaute et l'ouvrier du bâtiment rêvent de Mars » d'Ian McDonald (curieusement rebaptisé Iain ici) saura sans aucun doute toucher la fibre sentimentale de ceux qui rêvent de conquête spatiale, à une époque où celle-ci semble marquer le pas. À travers deux protagonistes que tout à peu près oppose (un cosmonaute à la retraite dont la mission sur Mars a été annulée au dernier moment, et un Indien qui travaille sur Mars mais uniquement par le truchement de réalité virtuelle et de pilotage à distance de robots), l'auteur irlandais livre une nouvelle empreinte de mélancolie douce-amère.
     Thomas Day s'empare avec « La villeféminicide » du mystère des Disparues de Juarez, et en livre sa propre vision, noire, forcément noire. Ce texte brutal – qu'on déconseillera aux âmes les plus sensibles – tente de marier ce drame de société au fantastique, avec comme toujours la dextérité qu'a l'auteur à évoquer des endroits avec une force peu commune.
     « Le chasseur de jaguar » est sans doute l'une des nouvelles les plus connues de Lucius Shepard : un homme au bord de la ruine doit aller tuer un jaguar qui sème la terreur. Lorsqu'il finit par le coincer, il s'aperçoit que la bête est une créature fantastique tout autant qu'un symbole de la terre de ses ancêtres. Une splendide métaphore sur le monde qui change et l'attachement aux racines. À quand une réédition des recueils de Shepard parus en Présence du Futur chez Denoël à la fin des années 80 et au début des années 90 ?
     Enfin, Justine Niogret livre avec « Les rivages extrêmes de la mer intérieure » sa vision du monde post-apocalyptique, alors que les hommes se sont réfugiés sous terre. La première partie du texte, à l'atmosphère pesante, est très bien rendue ; dommage que la deuxième partie, sous forme de quête du dehors, reprenne un thème maintes fois traité.
     Au final, cette anthologie très variée se révèle d'un niveau fort correct, sans réel chef-d’œuvre, mais avec quelques très bons moments (McDonald, Gessler, Watts).

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 12/12/2010 nooSFere

Prix obtenus par des textes au sommaire
La Chose : Shirley Jackson nouvelle / Short story, 2010

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