BLACK COAT PRESS
, coll. Rivière Blanche - Fusée n° 18 Dépôt légal : juin 2011 Première édition Recueil de nouvelles, 438 pages, catégorie / prix : 28 € ISBN : 978-1-61227-022-7 Format : 12,8 x 20,3 cm
Quatrième de couverture
Apparu au milieu des années soixante-dix dans les pages de revues telles que Fiction ou Univers, dans les principales anthologies de la période, ainsi qu'avec ses premiers romans, Jean-Pierre Hubert (1941-2006) demeure l'un des auteurs français de science-fiction les plus originaux et possède l'un des plus beaux palmarès puisqu'il a été récompensé à de nombreuses reprises par le Grand Prix de la SF française ou le Prix Rosny Aîné.
Le présent recueil rassemble ses seize meilleures nouvelles, sur les quatre-vingts que compte son œuvre. Publiées dans les supports les plus prestigieux, sous la houlette de rédacteurs en chef et d'anthologistes tels que Michel Jeury, Alain Dorémieux, Élisabeth Gille ou Joëlle Wintrebert, elles reflètent un univers intérieur dur et sombre à ses débuts, poétique et surréalisant par la suite : villes tour à tour désertées, détruites ou aux contours fluctuants, personnages crevant de solitude, enfants abandonnés explorant un monde inhospitalier, humanité endormie sous une couche de gélatine, artistes du futur d'un genre étrange, voyageurs explorant les couloirs du temps, scientifiques étudiant des extra-terrestres aux objectifs mystérieux...
Cette sélection est complétée par une préface de Daniel Walther, un entretien fleuve et une bibliographie exhaustive.
Richard Comballot est l'auteur de nombreuses anthologies, parmi lesquelles Dimension Philip K. Dick et Dimension Alain Dorémieux. Il a en outre rassemblé des recueils de Serge Brussolo, Maurice G. Dantec, Michel Jeury et Catherine Dufour, et a publié une monographie sur Philippe Caza.
1 - Richard COMBALLOT, Introduction, pages 5 à 7, introduction 2 - Daniel WALTHER, Jean-Pierre Hubert (1941-2006) - L'amitié, la littérature & la mort, pages 9 à 16, préface 3 - V.V., pages 17 à 38, nouvelle 4 - Le Destructeur regardait son maître avec des yeux humides, pages 39 à 53, nouvelle 5 - Relais en forêt, pages 55 à 69, nouvelle 6 - Retour au pays natal, pages 71 à 84, nouvelle 7 - Tout au long de l'île au long de l'eau, pages 85 à 133, nouvelle 8 - Gélatine, pages 135 à 154, nouvelle 9 - Navigation en tour close, pages 155 à 169, nouvelle 10 - Pleine peau, pages 171 à 187, nouvelle 11 - Disciple ?, pages 189 à 203, nouvelle 12 - Où le voyageur imprudent tente d'effacer..., pages 205 à 222, nouvelle 13 - Connais-tu cette petite mort ?, pages 223 à 231, nouvelle 14 - Le Trou de 8, pages 233 à 248, nouvelle 15 - Décaleur de réalité, pages 249 à 278, nouvelle 16 - Les Quais d'Orgame, pages 279 à 309, nouvelle 17 - Jip et Riluk, pages 311 à 337, nouvelle 18 - L'Aube des autres, pages 339 à 373, nouvelle 19 - Richard COMBALLOT, Entretien avec Jean-Pierre Hubert, pages 375 à 411, entretien avec Jean-Pierre HUBERT 20 - Alain SPRAUEL, Bibliographie, pages 413 à 425, bibliographie
Critiques
Jean-Pierre Hubert nous a quittés en 2006 dans une indifférence quasi générale. Dans les années 80, il a pourtant récolté pas mal de récompenses : deux fois le Grand prix de l'Imaginaire et quatre fois le Rosny Aîné dont un doublé pour son roman Le Champ du rêveurpublié en « Présence du Futur » chez Denoël.
Mais le creux de la vague (et la disparition presque totale de la SF) du début des années 90 eut raison de lui. Lorsqu'il tenta de nouveau sa chance à la fin des années 90, les francs-tireurs dans son genre n'avaient plus trop leur place et même ceux qui avaient opté pour une SF plus classique commençaient à se voir pousser hors des étagères par les premières vagues de la fantasy. Seule la littérature jeunesse avait un avenir dans le genre. Voie qu'il emprunta un peu à son corps défendant. Il récolta certes de nouveaux prix, mais les années passant, le brillant auteur des années 80 finit par être oublié.
Avec le présent recueil, Richard Comballot comble enfin ce manque.
Que notre spécialiste de la science-fiction française poursuive ce travail éreintant de revalorisation du patrimoine absolument seul et dans un silence si assourdissant est totalement hallucinant. Très peu de signes d'encouragement — sinon par les éditeurs indépendants (le Bélial', la Volte, Rivière Blanche ou Eons) qui lui permettent d'exister et on ne saurait trop les en remercier — pas le moindre prix pour récompenser son travail (et donc celui des auteurs disparus qu'il fait revivre l'espace d'un recueil ou d'une monographie : Dorémieux, Demuth...). Celui de Jean-Pierre Hubert est composé de seize nouvelles (dont une inédite), publiées de 1975 à 2001. De deux préfaces : une de Richard Comballot et une de Daniel Walther, découvreur puis ami de Jean-Pierre Hubert, d'une longue et passionnante interview extraite de Bifrost, et d'une bibliographie exhaustive d'Alain Sprauel.
Les quatre premiers textes, issus des années 70, sont représentatifs de la première période de l'auteur. Avec une forte composante « politique », comme la quasi-totalité des textes de ces années-là. L'une d'elles est d'ailleurs extraite de l'anthologie de Joël Houssin et Christian VilaBanlieuesRouges : un titre sans appel. Mais Jean-Pierre Hubert fait toujours preuve d'un style très personnel et d'un ton humaniste malgré la noirceur imposée par la composante dystopique des textes. Dans les années 80, il se détache de toute contrainte et livre alors une série de nouvelles éblouissantes au ton très personnel. Certaines (utopies/dystopies), comme « Tout au long de l'île au long de l'eau », « L'Aubedesautres », sont proches d'auteurs comme Pierre Pelot ou Jean-Pierre Andrevon, d'autres, plus délirantes, sur le thème du temps ou de la mémoire, telles « Gélatine », « PleinePeau », « Disciple ? », « Navigationentourclose », et « Où le voyageur imprudent tente d'effacer... » larguent un peu plus les amarres et on arrive enfin aux plus étonnantes d'entre elles, d'ambiance onirique, « Les Quais d'Orgame » et « Jip et Riluk », que l'on pourrait qualifier de « psycho-fictions », expression choisie par Francis Berthelot pour qualifier son roman La Villeaufonddel'œil (roman incontournable également en quête de réédition). Une certaine mélancolie plane sur la plupart des textes où l'humain est au cœur du sujet et non pas le simple véhicule de l'action et des idées, évoquant ainsi l'ombre tutélaire de Simak, Disch ou Sturgeon.
Une excellente sélection donc, qui illustre bien le côté franc-tireur d'un des meilleurs auteurs du siècle dernier.
Un livre-document essentiel (en attendant la réédition d'Ombromanies,Le Champ du rêveur,Couples de scorpions, ou Scènes de guerre civile, le roman préféré de l'auteur), disponible uniquement par correspondance (< www.riviereblanche.com >) ou dans quelques librairies spécialisées, et que les centaines d'ouvrages formatés de fantasy et de bit lit' qui s'empilent sur les présentoirs des grandes surfaces n'étoufferont donc pas.
Après Alain Dorémieux, c’est à Jean-Pierre Hubert, disparu en 2006, que Rivière Blanche s’attaque en publiant une anthologie de ces meilleurs textes courts. Copieux volume de plus de 400 pages et composé de seize nouvelles (alors que le premier recueil de l’auteur, roulette mousse (présence du futur, 1987) n’en contenait que six), d’une préface de Daniel Walther, d’une bibliographie complète signée Alain Sprauel et enfin de la reprise d’une longue interview de Jean-Pierre Hubert (Bifrost n° 33), ce Dimension est composé principalement de textes parus dans diverses anthologies ou revues et représente une occasion unique de découvrir un écrivain peu réédité.
Sur des thématiques situées entre Jean-Pierre Andrevon (écologie, monde post-apocalyptique) et James Ballard (onirisme et surréalisme), ce recueil livre une dizaine de récits de très grande qualité. A coté de variations réussies sur des sujets classiques (notamment le voyage dans le temps dans navigation en tour close ), d’autres textes ( Tout au long du pays de l’eau , Gélatine , Pleine peau , Disciple , Les quais d’Orgame ) sont autant de pépites représentatives d’une voix profondément originale. Entre errances dans des territoires désertés et questionnements métaphysiques, JP Hubert s’attache à des personnages perdus, énigmatiques, voire torturés. Certes l’ambiance est globalement à la mélancolie, mais les incursions de l’auteur dans le fantastique ( Le trou de 8 ) ou la fantasy parodique ( Décaleur de réalité ) sont autant d’occasions de passer dans l’absurde et l’humour. Seuls deux ou trois textes sont un ton en dessous et ne doivent leur présence qu’à la volonté de l’anthologiste de donner une vision globale du travail de l’auteur.
Plus qu’un recueil de nouvelles, Dimension Jean-Pierre Hubert est un véritable hommage à l’immense talent d’un auteur dont on peut regretter que son œuvre n’ait pas rencontré un plus grand succès. Remercions Rivière Blanche et Richard Comballot de le rappeler à nos mémoires.