Mars est à la mode. Ces douze derniers mois, on a pu recenser deux films (
Mission to Mars de Brian de Palma et
Planète rouge d'Anthony Hoffman, en attendant
The Ghosts of Mars de John Carpenter), un Festival (Roanne), près d'une demi-douzaine de romans (
Sable rouge de Paul J. McAuley,
Les Martiens de Kim Stanley Robinson,
Voyage vers la planète rouge de Terry Bisson
, Le Souffle de Mars de Christophe Lambert,
Mars blanche ou la libération de l'esprit de Brian Aldiss et Roger Penrose), une Bande Dessinée (
Amenophis IV de Dieter et Le Roux,
designée par Manchu) et même une sonde (
Mars Odyssey, lancée le 7 avril par la NASA). Les marsophiles vérifieront si je n'ai pas oublié de raton laveur sur l'excellent site de Jacques Garin dédié à “ Mars et la SF ” :
http://www.multimania.com/starmars L'intrigue des Enfants de Mars est minimaliste. Après l'accident au décollage de la première mission martienne, la NASA déclare forfait. Le milliardaire Axelrod se met sur les rangs et réussit à monter une expédition. Celle-ci découvrira de la vie sur Mars.
Hélas, Benford débarque sur la planète rouge après tout le monde. Question préparation minutieuse de l'expédition, le roman ne soutient absolument pas la comparaison avec le chef-d'œuvre de Stephen Baxter, Voyage. On pouvait néanmoins espérer un point de vue original car, pour une fois, ce n'est pas la NASA qui s'y colle, mais des fonds privés, avec tout ce que cela comporte de sponsors, de pression médiatique, etc. Mais Terry Bisson avait déjà largement déblayé le terrain dans son sarcastique (bien qu'à moitié réussi, cependant) Voyage vers la planète rouge. Quant au suspense, on ne s'attendait évidemment pas à ce que Benford fasse du Lambert, mais le roman est d'un ennui pesant. Tout au plus le rythme s'accélère-t-il un peu vers la moitié de l'ouvrage avec l'arrivée sur Mars de la mission concurrente.
Les Enfants de Mars est de la hard science, certes, mais fort laborieuse, ce qui étonne sous le clavier de Gregory Benford. Est-ce parce que l'auteur s'aventure cette fois sur le terrain de la biologie, domaine qui n'est pas de son ressort, alors qu'avec La Sphère (NDLR : voir la critique de ce dernier livre dans Galaxies n° 15), il avait réussi à être passionnant sur un sujet encore plus aride ? Est-ce parce que l'absence de point de vue alterné avec la Terre dédramatise à l'excès les situations ? En effet, alors que les media terriens sont en ébullition suite à la découverte d'une forme de vie martienne, le lecteur, cinquième membre de l'expédition, n'en a que quelques pâles échos via les messages d'Axelrod. Et puis, il faut bien avouer que les personnages sont sans grande épaisseur psychologique.
“ On n'est pas dans un mauvais film de science-fiction, ici ” s'exclame un des astronautes. Hélas, on n'est pas pour autant dans un bon roman de science-fiction.