Frank HERBERT Titre original : The Eyes of Heisenberg, 1966 Première parution : Galaxy Magazine, juin et août 1966. En volume : Berkley Medallion, novembre 1966ISFDB Traduction de Évelyne CARON-LOWINS & Alain GARSAULT
POCKET
(Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5545 Dépôt légal : mars 2014 Roman, 256 pages, catégorie / prix : 6,80 € ISBN : 978-2-266-25206-5 Format : 10,8 x 17,7 cm❌ Genre : Science-Fiction
Les Optimhommes sont virtuellement immortels. Par contre, ils sont stériles et doivent éviter les émotions pour préserver leur équilibre enzymatique : ils ne mourront pas, pourvu qu'ils n'aient pas peur de mourir. Alors, ils ont développé un régime policier : les gens qui pourraient leur faire peur sont tenus de les adorer.
Mais les Cyborgs, produits d'expériences génétiques abandonnées, en savent long sur les immortels et ont une stratégie : les amener à un état d'excitation tel qu'ils en perdraient leur équilibre enzymatique. Ce serait la fin de leur vie et de leur pouvoir – au profit des Cyborgs, bien sûr.
Qui dit Frank Herbert, le plus souvent, est en train de parler du roman Duneet de ses suites (ou bien de ses préludes produits par le fils, Brian Herbert, avec Kevin J. Anderson). La réédition toute récente de ces quatre romans « hors série », œuvres mineures certes, permet néanmoins un aperçu d'autres facettes d'un auteur assez complexe. [...] Les yeux d'Heisenberg, roman paru en 1966 dans la foulée de Dune, est beaucoup moins satisfaisant. Depuis 80 000 ans, les Optimhommes produits par les manipulations génétiques sont devenus quasiment immortels, mais stériles, et exercent une dictature sur le reste de la l'humanité à travers leur contrôle de la longévité et du droit à la reproduction. Une alliance entre Cyborgs et autres résistants humains cherche un moyen de subvenir l'ordre établi. Malgré quelques idées intéressantes, les personnages restent trop schématiques et l'intrigue trop confuse pour vraiment convaincre. [...] Voilà, quatre romans d'une qualité assez inégale, mais qui ont tous en commun une véritable capacité de provocation intellectuelle.
Dans sa préface au Livre d'or consacré à Frank Herbert (Presses Pocket), Gérard Klein parlait de l'« effet de moiré » stylistique obtenu par l'auteur en entrecroisant et en superposant des trames relativement simples. Ce faisant, le préfacier reconnaissait que le talent d'Herbert ne pouvait s'épanouir pleinement que dans des œuvres longues et toujours inachevées. Ainsi le prodigieux cycle de Dune. Voilà pourquoi sans doute Les yeux d'Heisenberg (écrit en 1966 et troisième roman de l'auteur) laisse cette impression d'inachevé, cet arrière goût de récit mal construit, voire même bâclé. Le lecteur peine à visualiser, à pénétrer ce monde que se partagent les Optimhommes, êtres immortels, hautains et maîtres de la planète, les Cyborgs, mi-hommes, mi-robots qui briguent le pouvoir, et les Ordinaires, simples esclaves frappés de stérilité. Pourtant, par sa réflexion sur l'immortalité et les manipulations génétiques, son intérêt tout écologique pour les interactions survenant, lors d'expériences, entre l'Homme et son environnement, sa dimension épistémologique et son contexte politique de lutte avec le pouvoir, Les yeux d'Heisenberg, riche de la thématique de l'auteur de Dune, est un roman profondément herbertien.