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Ainsi naissent les fantômes

Lisa TUTTLE

Textes réunis par Mélanie FAZI

Traduction de Mélanie FAZI
Illustration de Bastien LECOUFFE-DEHARME

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 488 suivant dans la collection
Dépôt légal : mai 2014, Achevé d'imprimer : 12 mai 2014
Recueil de nouvelles, 320 pages, catégorie / prix : F7b
ISBN : 978-2-07-044876-0
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Fantastique


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     Une petite fille séquestrée par un pervers parvient à lui échapper, niais personne ne la croit. Pour enfin parvenir à écrire, une femme s'aménage un bureau dans une pièce qui n'existe pas. Une génération entière d'enfants est dans l'incapacité d'apprendre à parler. Un homme féru d'alchimie fait un bébé d'un genre particulier à sa maîtresse. Une gravure mystérieuse semble surgie de nulle part. Sans trop savoir pourquoi, une étrange jeune femme, obnubilée par les dragons, refuse de se rendre en Angleterre. Une dame de quatre-vingt-seize ans se meurt paisiblement sur un lit d'hôpital à Houston, en pensant à son bon ami, le vieux M. Boudreaux.
 
     Mélanie Fazi, qui n'a jamais caché l'influence qu'a eue Usa Tuttle sur ses propres écrits, nous fait découvrir l'un des écrivains majeurs du fantastique contemporain en nous présentant, dans Ainsi naissent les fantômes, sept de ses textes parmi les plus puissants. Ce recueil a reçu le Grand Prix de l'Imaginaire en 2012.
 
     Lisa Tuttle naît aux États-Unis en 1952, mais vit au Royaume-Uni depuis le début des années 1980. Elle a écrit plus d'une centaine de nouvelles et une douzaine de romans dont Elle qui chevauche les tempêtes, écrit en collaboration avec George R. R. Martin.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Mélanie FAZI, Préface, pages 9 à 13, préface
2 - Rêves captifs (Closet Dreams, 2007), pages 15 à 38, nouvelle, trad. Mélanie FAZI
3 - L'Heure en plus (The Extra Hour, 1997), pages 39 à 73, nouvelle, trad. Mélanie FAZI
4 - Le Remède (The Cure, 1984), pages 75 à 100, nouvelle, trad. Mélanie FAZI
5 - Ma pathologie (My Pathology, 1998), pages 101 à 145, nouvelle, trad. Mélanie FAZI
6 - « Mezzo-tinto » ("The Mezzotint", 2003), pages 147 à 172, nouvelle, trad. Mélanie FAZI
7 - La Fiancée du dragon (The Dragon's Bride, 1986), pages 173 à 248, nouvelle, trad. Mélanie FAZI
8 - Le Vieux M. Boudreaux (Old Mr. Boudreaux, 2007), pages 249 à 280, nouvelle, trad. Mélanie FAZI
9 - Mélanie FAZI, Entretien, pages 281 à 308, entretien avec Lisa TUTTLE, trad. Mélanie FAZI
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DYSTOPIA (association), Workshop (2011)

     Sur une quinzaine d'années, entre 1987 et 2001, Lisa Tuttle fut publiée une demi-douzaine de fois par les éditeurs français, notamment par Jacques Chambon (en Denoël Présences et Présence du fantastique, puis au sein de Flammarion Imagine). Plutôt portée vers le fantastique, son œuvre se distinguait notamment par une sensibilité féminine certaine, qui lui faisait aborder les pires cauchemars qu'une femme peut imaginer, notamment ceux concernant la grossesse et la maternité. Toutefois, malgré un succès critique évident, depuis 2001, soit une décennie tout de même, plus rien. Pourtant, l'auteure américaine, qui a émigré en Angleterre et vit désormais en Écosse, a publié pas loin de dix romans et cent nouvelles, il y avait donc matière à d'autres livres. Il a malgré tout fallu attendre que naissent les éditions Dystopia (dont le premier livre publié fut le Bara Yogoï de Léo Henry, Jacques Mucchielli et Stéphane Perger) pour que l'on croise à nouveau Lisa Tuttle. Mais pas de n'importe quelle manière : les éditeurs ont eu la judicieuse idée de confier les clés de l'ouvrage à Mélanie Fazi, auteure et traductrice ; à elle de proposer un écrivain lui tenant particulièrement à cœur, et le sommaire d'un recueil de ses textes courts, et de le traduire. Comme Mélanie Fazi s'en explique dans la préface, c'est tout naturellement vers Lisa Tuttle, dont les textes l'avaient passablement marquée à son adolescence, que son choix s'est porté. Du reste cette influence perdure, et saute aux yeux de quiconque connaît les œuvres des deux femmes (ne serait-ce que pour la forme favorite, à savoir la nouvelle fantastique).
     Sous une extraordinaire couverture de Stéphane Perger, ce sont donc six nouvelles qui nous sont proposées ici, agrémentées d'un entretien. La période de publication s'étend de 1984 à 2007, ce qui permet de découvrir une œuvre cohérente par-delà les ans. « Rêves captifs » ouvre le recueil d'une manière magistrale ; prenant pour point de départ un fait divers (l'enlèvement et la séquestration d'une jeune fille), il tisse une toile faite d'incertitudes, faisant alterner inquiétude et soulagement, avant que le piège ne se referme sur le lecteur, KO debout. Dans « L'heure en plus », une femme dont le passe-temps est l'écriture se voit offrir une occasion inespérée de prolonger son hobby ; cette fois-ci, c'est elle qui se retrouvera piégée. Une nouvelle à la sensibilité toute féminine dans sa conclusion, et qui du coup frappera sans doute un peu moins le lectorat masculin. « Le Remède » est peut-être le texte le plus glaçant de l'ensemble : pour guérir de nombreuses maladies, on a inventé un vaccin dont l'effet secondaire est de rendre muet le patient ; Tuttle plaque sur ce cadre une dramatique histoire d'amour et de renonciation. Dans « Ma Pathologie », l'alchimie est reine ; mais, comme c'est Lisa Tuttle qui écrit, cette alchimie va concerner la femme dans ce qu'elle a de plus intime : la maternité. La juxtaposition de ces deux thèmes se traduit par une histoire cruelle, où les sentiments ambivalents amour/haine sont intimement mêlés. « Mezzo-Tinto » se veut un hommage à Montague Rhode James, dont l'une des nouvelles portait ce titre ; elle brode sur le thème du tableau vivant. On est ici en plein fantastique classique, nettement moins personnel que les autres textes du recueil ; sans doute le récit le plus anecdotique, malgré une fin en coup-de-poing qui tranche avec ce qui précède. Enfin, « La Fiancée du dragon » est une novella marquée par le personnage d'Isobel, héritière malgré elle de secrets enfouis, et qui devra se confronter à de douloureux souvenirs. Ce texte se distingue des autres par le narrateur, qui pour une fois est masculin, ce qui permet à Tuttle d'aborder ses thématiques par le biais d'un œil extérieur et autre.
     Au final, Ainsi naissent les fantômes est une très belle redécouverte d'un auteur perdu de vue depuis longtemps, un écrivain à l'univers très personnel, parfaitement cohérent, et dont le matériau fondamental reste la nature humaine dans tous ses contrastes. Un recueil qui s'inscrit dans la droite ligne des précédentes réussites qu'avaient été Le Nid et Sur les ailes du cauchemar, et qui bénéficie en outre d'un vrai travail éditorial et d'une présentation soignée. On ne pourra donc que remercier Dystopia et Mélanie Fazi de nous avoir proposé ce petit bijou.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 21/5/2011
nooSFere


Edition DYSTOPIA (association), Workshop (2011)

     C'est une des lois de l'édition : les écrivains un peu plus difficiles, un peu moins commerciaux que la moyenne, ont besoin de champions. S'ils n'en ont pas, ou plus, ils passent entre les mailles du filet. Lisa Tuttle, Américaine établie au Royaume-Uni, a longtemps eu deux alliés dans l'édition française : Alain Dorémieux, qui l'a abondamment publiée dans Fiction tout comme dans la série « Territoires de l'inquiétude », et Jacques Chambon, qui a accueilli deux de ses recueils et trois de ses romans dans ses collections. Depuis la disparition de ces deux fortes individualités, force est de reconnaître que personne, ici, n'avait pris le relais. Tuttle a continué de tracer sa route, mais elle œuvre dans un genre, le fantastique, devenu par le biais d'un de ces cycles aussi mystérieux qu'absurdes un véritable champ de ruines.

     On pourrait dire que la parution d'Ainsi naissent les fantômes tient donc du miracle : l'auteure a retrouvé des champions, en l'occurrence Mélanie Fazi, qui a conçu et, ce qui ne gâte rien, traduit ce recueil, et l'association Dystopia, qui lui a donné un superbe écrin, sans guère, on l'imagine, se soucier plus que de raison de rentabilité immédiate. Grâces leur en soient rendues.

     Les textes réunis dans ce volume balayent vingt ans et plus d'écriture. Tous inédits en français, ils rendent compte de la constance des obsessions de Tuttle. Le corps féminin y est enjeu, victime, champ de bataille ; le corps, mais aussi l'esprit. Les lieux, clos le plus souvent se chargent de sens, se gauchissent : un placard semble ouvrir sur un ailleurs, une fenêtre enfanter une tumeur, une pièce à éclipses fournir un havre, une grotte abriter un dragon. En six stations du cauchemar, ils nous poussent vers une nuit de l'âme que parfois, imparfaitement, pour un trop bref instant, le langage et l'amour peuvent percer. Dans ce choix aussi remarquable que cohérent, il paraît difficile de mettre en avant un unique texte, mais je crois que l'incroyable « Ma pathologie » justifie à lui seul l'achat de ce livre. Il est rare de lire quelque chose d'aussi tranquillement atroce.

     Le fantastique, c'est la musique du malaise. Lisa Tuttle joue à merveille de ses dissonances et on éprouve un plaisir fécond, quoique un peu inquiet, à renouer avec cette mélodie.

Pierre-Paul DURASTANTI (lui écrire)
Première parution : 1/10/2011
dans Bifrost 64
Mise en ligne le : 23/2/2013

Prix obtenus
Grand Prix de l'Imaginaire, Nouvelle étrangère, 2012


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