Alors que des armadas galactiques s’affrontent pour retrouver une ancienne flotte de vaisseaux interstellaires qui pourrait appartenir aux légendaires Progéniteurs, une race brutale d’extraterrestres s’empare de la planète écologiquement meurtrie de Garth. Les colons terriens sur place – des humains et leurs clients néochimpanzés élevés au stade de la pleine intelligence – doivent mener une résistance désespérée contre ces envahisseurs. L’existence même de la Terre et de ses habitants, ainsi que le sort de la civilisation des Cinq Galaxies, sont en jeu.
En 1988, Élévation a reçu les prix Hugo et Locus, ce qui fait peut-être un peu trop pour un livre de ce calibre. Il s'agit de la « suite » de Marée stellaire, ou plutôt d'un roman parallèle. Le cycle tout entier repose sur le principe de l'« élévation » vers la conscience d'espèces pré-cognitives par des races « patronnes », elles-mêmes redevables à une autre civilisation. Mais les humains se seraient « élevés » tout seuls — pas assez au gré de différentes races extraterrestres. Pire encore : ils ont pris l'initiative d'élever les deux autres espèces terriennes les plus développées : les dauphins (au centre du premier volume du cycle) et les chimpanzés, héros du deuxième. Ces trois races sont des cousins gênants pour les sociétés respectables du reste de la galaxie, des électrons libres embarrassants. Assez peu contrôlables, ils sont même perçus comme une menace pour l'ordre colonial galactique. Sur la planète Garth, hommes et néo-chimps doivent affronter les Gubrus, une race d'« oiseaux » décidés à rétablir l'ordre et les convenances.
Élévation n'a pas le charme de Marée stellaire ; l'histoire est sans doute mieux construite, plus solide, mais son âme est plus fade, presque simpliste. Les chimpanzés ne font guère le poids face aux dauphins du Streaker. Ils sont futés, oui, mais prévisibles, et encore trop simiesques — l'antiracisme aurait-il du mal à s'étendre aux singes ? Le rythme à trois temps de la langue des Gubrus, pour n'être pas dénué de charme, déçoit après le délicieux ternaire delphinien aux haïkus à la fois énigmatiques et évidents. Le manichéisme ambiant peut décevoir — et étonner — chez un auteur qui fait de l'humanisme une valeur fondamentale. Les méchants sont très cruels, les gentils presque naïfs, les chimpanzés une version sur-cortiquée de ceux qu'on trouve dans nos zoos, et l'écologie se voit repeinte en rose-bonbon. Certes, les Tymbrimis méritent de passer à la postérité, race élégante et caustique dont les glyphes insaisissables sont un chef-d'œuvre de poésie et d'inventivité, mais l'ensemble est paradoxalement trop classique pour vraiment impressionner. Ce roman a vingt ans, pas quarante.