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Mars ne veut pas la guerre

Louis DE WOHL

Titre original : The Second Conquest, 1954
Première parution : J. B. Lippincott & Co.   ISFDB
Traduction de Marcel GRANDCLAUDON
Illustration de (non mentionné)

SALVATOR (Mulhouse, France)
Dépôt légal : 3ème trimestre 1955
Première édition
Roman, 255 pages, catégorie / prix : 540 F
ISBN : néant
Format : 13,0 x 19,0 cm

Cet ouvrage a aussi fait l'objet d'une traduction en allemand en 1954 sous le titre "Die Erde liegt hinter uns".


Quatrième de couverture

[texte des rabats de couverture]

Tous les amateurs d’ouvrages d’anticipation, et ils sont de plus en plus nombreux en France depuis la fin de la guerre, seront heureux de lire le livre remarquable par la richesse d’imagination, l’ampleur des idées et la beauté du style que vient de faire paraître aux États-Unis, Louis de Wohl, grand voyageur et astronome réputé.
La chute d’une soucoupe volante a procuré au savant Marmon un mystérieux combustible : le celestium. Brandeis, un autre savant, construit un engin en forme de sphère, I’Argo, qui sera capable de faire le voyage aller et retour jusqu’à la planète Mars. Un pilote d’essai, Christopher, doit également prendre place à bord de I’Argo. Mais au moment du départ, Marmon est pris d’une crise d’épilepsie. Maximienne Armitage prend sa place pour se trouver avec le pilote Christopher qu’elle désire épouser.
Le débarquement sur Mars met immédiatement les trois voyageurs en contact avec les habitants de cette planète, des géants à l’aspect terrifiant, mais qui se montrent pleins d’amabilité. Leur intelligence et leur sens moral sont extraordinairement développés. C’est qu’ils n’ont pas été victimes du péché originel. Ils commettent toutefois l’erreur d’aller chercher Marmon sur la terre. Or celui-ci possédé par l’esprit du mal s’efforce d’amener les Martiens à attaquer la terre.
Christopher, Brandeis et Maximienne regagnent notre planète pour mettre en garde ses habitants contre l’attaque des Martiens. Mais Christopher puise dans sa foi la force et la lumière pour amener le chef des Martiens à ne pas se mêler des affaires de la terre et à regagner sa planète, conformément à la volonté divine qui interdit aux Martiens d’intervenir dans les choses terrestres.
Au cours de ce roman dont l’intérêt ne faiblit pas un seul instant l’auteur répond clairement à toute une série de questions qui seront peut-être un jour d’actualité.
Les voyages interplanétaires sont-ils possibles ? Existe-t-il des êtres raisonnables en dehors des humains ? Quelle est leur vie morale, intellectuelle et religieuse ? Ont-ils eu besoin d’une rédemption ? Peuvent-ils observer ce qui se passe sur terre ? Veulent-ils entrer en relations avec notre planète ?
A la différence de tant de romans d'anticipation aux descriptions terrifiantes et sanguinaires, le beau livre de LOUIS DE WOHL montre comment la pensée religieuse peut s'unir à la science pour présenter aux lecteurs une histoire vraisemblable, attachante, réconfortante et émouvante, une histoire qui tient en haleine et finit bien.

Critiques

[Critiques des livres suivants :

- Limbo de Bernard Wolfe, Ed Robert Laffont, Pavillons

- Mars ne veut pas la guerre de Louis de Wohl, Ed Salvator

- S.O.S. Galaxie de Maurice Limat, Ed Metal, Série 2000 n° 18

- Les Paladins du ciel de Jacques- Henry Juillet, Ed Grand Damier, Cosmos n° 5]

 

    1972. Date fatidique dans l’histoire de l’humanité, début de la troisième guerre mondiale. Esclaves de la cybernétique et de la sémantique, les hommes se livrent une lutte sans merci. Ou, plus exactement, l’E.M.S.I.A.G. (Electronic Military Strategy Iutegrator and Computor) américain, monstrueux cerveau électronique, fait la guerre à son équivalent eurasien, hommes et femmes n’étant que de simples pions sur un diabolique échiquier. Le Dr Martine, brillant chirurgien, opère des blessés quelque part dans une base occidentale en Afrique. On lui amène un jeune aviateur, grièvement atteint, adolescent à l’air angélique. Un vrai « Babyface », décide Martine, qui reconnaît soudain un des héros de la guerre, responsable de l’anéantissement de Paris, Varsovie et quelques autres capitales. Bien qu’ancien pacifiste, « Babyface » a donc à son actif vingt ou trente millions de morts. Comment a-t-il pu s’y résoudre ? Martine le soigne puis, dégoûté, vole un avion et s’enfuit. Même l’E.M.S.I.A.C., qui contrôle les mouvements de tous les aéronefs, ne parvient pas à le retenir.

    1990. Ère des Immobs, des pro-pros et des anti-pros, ère du Hinterland et de l’Union. Trente millions de survivants américains, autant de rescapés eurasiens, vivent face à face, appliquant à la lettre la philosophie qu’ils croient avoir dégagée du « Journal » du Dr Martine, porté tombé au champ d’honneur et considéré comme un nouveau Messie. Ces notes personnelles – amères, cruelles – le Dr Martine les avait oubliées à la base, mais son collègue, le prof. Helder, s’en est servi comme d’une Bible, non sans les avoir quelque peu « arrangées » pour les besoins de la cause – la sienne, évidemment. Devenu président du Hinterland et prenant prétexte d’une boutade du Dr Martine, il s’est fait couper les bras, afin de bien marquer sa détermination de ne plus porter d’armes. « Babyface », lui, qui avait perdu ses membres inférieurs, est son adjoint. Sur quoi une belle émulation s’est emparée des jeunes gens. C’est à qui se mutilera le plus complètement (les plus enragés parlent même de castration), tant à l’Ouest qu’à l’Est.

    Mais l’homme est inventif et crée des membres artificiels, bien plus perfectionnés que les naturels. Battus, les records sportifs ! Les pro-pros chantent les vertus de leurs bras et jambes en matière plastique (si on veut vous mobiliser, il est si facile de les enlever !), mais les anti-pros, dans leurs paniers, estiment que seule la position horizontale, l’Immob intégral, assure la paix parfaite et mènent à cet effet une campagne qui rappelle les plus beaux temps des suffragettes.

    Toujours 1990. Le Dr Martine n’est pas mort. Il a passé dix-huit ans dans une île de l’océan Indien, opérant les indigènes afin de chasser de leur cerveau tout esprit d’agressivité. Mais il s’aperçoit que l’intervention leur enlève aussi tout appétit sexuel. Un beau jour, des inconnus arrivent dans l’île, des Blancs aux membres en matière plastique. Et, autant par crainte que par nostalgie de la civilisation, le Dr Martine quitte son Éden et part pour Hinterland. Hélas, Immobs ou munis de prothèses, les hommes ne sont pas devenus des saints. L’espionnage est interdit, tout chef belliciste peut être légalement abattu, mais sémantique et cybernétique sont plus puissants que jamais. La nouvelle émulation sportive n’est peut-être qu’une variante camouflée de l’instinct guerrier. D’ailleurs, les Nègres continuent d’être brimés par les Hinterlandais ; on va jusqu’à leur refuser le droit de s’amputer volontairement, cependant que l’Union ne songe qu’à libérer les concitoyens de Helder de l’oppression et de l’exploitation capitalistes. J’attaque pour mieux me défendre, si vis pacem, para bellum… Et le Dr Martine assiste au déclenchement de ce qu’il croyait à jamais banni. Les responsabilités ? Partagées, bien sûr. Helder n’est qu’un masochiste ambitieux, un obsédé sexuel. Un jour, n’a-t-il pas violé une jeune fille ? Quant aux « ennemis », eh bien, ils ont, eux aussi, leurs petits travers.

    Ce résumé volontairement dépouillé ne vous donne qu’une faible idée de l’apocalyptique « Limbo », de Bernard Wolfe (Ed. Robert Laffont). On citera, à propos de ce livre, Aldous Huxley et George Orwell. Mais « Le meilleur des mondes » du premier, « 1984 » du second, sont de simples cauchemars d’intellectuels à côté du séisme à l’échelle planétaire qu’est « Limbo », tant sur le plan philosophique que sur celui de l’A.S. Anarchiste, l’auteur ? Il se peut. Il devrait l’être pour avoir imaginé un monde bâti sur un canular du genre des « notes » du Dr Martine. Wolfe laisse nombre de questions sans réponse – et pour cause – car, si on les connaissait, il n’y aurait peut-être jamais plus de guerre. Oserai-je dire que la collaboration qu’il a prêtée à Mezz Mezzrow pour « La rage de vivre » le prédisposait à écrire « Limbo » ? Le jazz n’est-il pas, lui aussi, la manifestation de certains « instincts » ? En tout cas, ici comme là-bas, on sent comme une espèce de désir de « se libérer ». L’on finit par se demander, après avoir tourné la dernière de ces 428 pages, s’il ne faut pas donner raison à ceux pour qui les sciences, même apparemment les plus utiles et les plus innocentes, ne portent pas en elles le germe de la damnation morale et de la destruction physique de l’espèce humaine. Malgré ses défauts, malgré ses silences, voilà une œuvre hallucinante, exceptionnelle. La traduction d’Alex Grall ne se sent pas – c’est le plus beau compliment que je puisse lui décerner – elle est à la hauteur de « Limbo ».

    « Mars ne veut pas la guerre », de Louis de Wohl (Ed. Salvator, Mulhouse), est un livre spiritualiste et symboliste. En effet, l’auteur y oppose des Martiens parvenus au plus haut stade de l’évolution morale à un savant terrien qui joue le rôle d’un diabolus ex machina, voire du diable tout court. Entre ces deux extrêmes se débattent un groupe d’astronautes qui finissent par y voir clair, mais non sans peine. Si les intentions de Louis de Wohl sont nobles, leur exploitation n’est pas dénuée d’une certaine naïveté qui a probablement séduit le lecteur américain moyen, mais qui risque de provoquer un sourire chez les sceptiques que sont nombre d’amateurs de S.F. français. (Je le regretterais d’ailleurs en pensant en particulier à la fin qui, par sa fraîcheur et par son innocence, m’a séduit). À l’intention de ceux qui, dans l’A.S., ne voient qu’un moyen d’évasion, j’ajoute que bien des aspects de ce roman, édité par une maison de province (trop blasées, les parisiennes !), leur plairont s’ils ne le lisent que dans ce but.

    « S.O.S. Galaxie », de Maurice Limat (Ed. Métal), est un space-opera dans tout le sens du terme. Nous sommes à bord d’un vaisseau-école interplanétaire que l’on détourne de son cours pour l’envoyer dans une lointaine galaxie, victime d’une nova, afin d’en sauver les populations. Malheureusement, un des aspirants, commandant le vaisseau à tour de rôle, aperçoit à la télévision une charmante jeune femme prisonnière sur un satellite voisin (façon de parler) et qui, elle aussi, veut sauver sa vie. Coup de foudre, désobéissance, menace de châtiment, fuite. Ajoutons que l’aspirant a un frère jumeau… Pas mauvais, si on n’exige pas de l’auteur plus qu’il ne veut en donner, mais un peu en retrait du niveau moyen de la collection.

    « Les paladins du ciel », de Jacques Henry-Juillet (Ed. Grand Damier), nous conte l’histoire de nos descendants qui, après un long, très long séjour, dans un autre univers, retournent sur notre planète, endormie par des Puissances Supérieures, pour la réveiller. Si l’on en croit le manuscrit de Hurt, membre du peuple des Invisibles, c’est le 21 juillet 1957 que nous risquons de nous endormir en expiation de nos turpitudes. Quant au réveil, la date n’en est pas fixée, mais, rassurez-vous, lorsque vous sortirez de cette léthargie, vous n’aurez l’impression d’avoir dormi que quelques jours. Le roman n’est jamais ennuyeux mais s’adresse davantage aux auditeurs de Radio-Luxembourg ou d’Europe N°1 qu’à ceux du Troisième Programme de la B.B.C.

Igor B. MASLOWSKI
Première parution : 1/3/1956 dans Fiction 28
Mise en ligne le : 21/4/2025

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