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Neuf contes

Margaret ATWOOD

Titre original : Stone Mattress: Nine Tales, 2014
Première parution : Bloomsbury, 28 août 2014   ISFDB
Traduction de Patrick DUSOULIER

Robert LAFFONT (Paris, France), coll. Pavillons poche précédent dans la collection suivant dans la collection
Date de parution : 11 avril 2019
Dépôt légal : avril 2019
Réédition
Recueil de nouvelles, 432 pages, catégorie / prix : 10 €
ISBN : 978-2-221-24092-2
Format : 12,2 x 18,2 cm
Genre : Imaginaire


Quatrième de couverture

« Un grand vent d’humour noir souffle sur cette suite de contes défaits qui forment, pour ceux qui ne la connaissent pas encore, une parfaite introduction à l’univers de Margaret Atwood. » Hubert Prolongeau, Télérama

Une écrivaine de fantasy récemment veuve se laisse guider à travers un hiver glacial par la voix de son défunt époux. Une dame âgée, victime d’hallucinations, apprend peu à peu à accepter la présence des petits hommes qui ne cessent de surgir à ses côtés tandis que des militants populistes se rassemblent pour mettre le feu à sa maison de retraite. Une femme née avec une malformation génétique passe pour un vampire. Un crime commis il y a longtemps se voit vengé dans l’Arctique par un stromatolithe vieux de 1,9 milliard d’années…
Dans ce recueil composé de neuf contes poétiques et satiriques empreints d’une ambiance gothique, Margaret Atwood, la grande dame des lettres canadiennes, s’aventure dans des ténèbres explorées par des auteurs tels que Robert Louis Stevenson ou Daphné Du Maurier – ainsi que par elle-même, dans son roman Captive.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition Robert LAFFONT, Pavillons (2019)

 Dernière publication en date de l’auteure de La Servante écarlate (cf. Bifrost n°38), ces Neuf contes apparemment disparates dressent en réalité un passionnant panorama de son œuvre. Relevant des littératures de l’Imaginaire à une exception près — « Matelas de pierre » est une histoire criminelle —, ces nouvelles viennent notamment souligner la vision atwoodienne des genres chers à Bifrost.
 Trois d’entre elles témoignent ainsi du goût de l’écrivaine pour un certain réalisme fantastique. « Lusus naturae » a pour narratrice une jeune femme frappée d’une maladie aux conséquences singulières. Non seulement affublée d’une paire d’yeux jaunes et d’une considérable pilosité, l’héroïne se nourrit avant tout de sang. Ce mal — la porphyrie, comme le suggère quelques indices — la condamne à une existence cloîtrée et finalement tragique, ramassée en une dizaine de pages d’un gothique évoquant celui de Shirley Jackson. Tel Nous avons toujours vécu au château, « Lusus naturae » fait épouser le point de vue du « monstre », interrogeant ainsi de manière empathique la supposée normalité… D’une tonalité moins sombre mais pas moins inquiétante, « Le Marié lyophilisé » et « Je rêve de Zenia aux dents rouges et brillantes » participent encore de cet excitant métissage entre réalisme et étrange. Ces textes adoptent d’abord un regard documentaire et ironique. « Le Marié lyophilisé » s’ouvre sur les affres conjugales et profes-sionnelles d’un brocanteur de Toronto. « Je rêve de Zenia aux dents rouges et brillantes » décrit quant à lui le quotidien domestique et sentimental d’un trio de Canadiennes sexagénaires. Mais émaillée de notations bizarres, l’écriture sape peu à peu ces réels. Et ce jusqu’à ce qu’un événement insolite fasse basculer ces récits dans un fantastique composite. « Le Marié lyophilisé » réinterprète ainsi la figure de Barbe-Bleue en l’associant à celle du succube, en un geste évoquant Angela Carter. « Je rêve de Zenia aux dents rouges et brillantes » mêle pour sa part onirisme divinatoire et vengeance post-mortem… Se projetant dans un futur tout proche, « Les Vieux au feu » illustre la veine dystopique de Margaret Atwood. On y découvre Wilma, la pensionnaire d’une maison de retraite de luxe, un univers là encore précisément documenté. Mais outre les assauts du temps se traduisant par de surprenantes hallucinations, Wilma doit affronter ceux de « Notre Tour », un mouvement radicalement gérontophobe pratiquant l’extermination des personnes âgées au nom de la survie des plus jeunes. Marqué par un humour noir rappelant celui de C’est le cœur qui lâche en dernier (cf. Bifrost n°90), « Les Vieux au feu » dessine un futur aussi effrayant que la « Trilogie MaddAddam »(cf. Bifrost n°39, 67 et 77)… Enfin, un ensemble de contes réunissant « Alphinland », « Revenante », « La Dame en noir » et « La Main morte t’aime » explore la fabrique des littératures de l’Imaginaire. Les trois premiers ont pour héroïne Constance, créatrice de Alphinland, un cycle de fantasy à succès ayant fait d’elle une auteure culte. Un statut que partage Jack l’auteur de La Main morte t’aime, un classique du roman d’horreur adulé par des générations de fans. Les nouvelles dévolues à ces sortes d’alter-egos de Ursula K. Le Guin et de Stephen King brossent un tableau du métier d’écrivain. Parfois acides quant à ce dernier, ces nouvelles en affirment aussi le formidable pouvoir émancipateur. Car, comme l’ensemble des Neuf contes, elles illustrent la conviction de Margaret Atwood que les littératures de l’Imaginaire peuvent rendre meilleures aussi bien celles et ceux qui les écrivent que leurs lecteurs et lectrices.

Pierre CHARREL
Première parution : 1/1/2019
Bifrost 93
Mise en ligne le : 3/7/2023

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