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Station : La chute

Al ROBERTSON

Titre original : Crashing Heaven, 2015
Première parution : Gollancz, 18 juin 2015   ISFDB
Traduction de Florence DOLISI
Illustration de MANCHU

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 646 suivant dans la collection
Date de parution : 7 novembre 2019
Dépôt légal : octobre 2019, Achevé d'imprimer : 14 octobre 2019
Réédition
Roman, 576 pages, catégorie / prix : F9
ISBN : 978-2-07-286073-7
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction


Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture

Après sept ans de Guerre Logicielle entre les intelligences artificielles rebelles de la Totalité et l’humanité – dirigée par les dieux du Panthéon, des consortiums qui se manifestent très rarement à leurs adorateurs –, la Terre n’est plus qu’un gigantesque champ de ruines. La plupart des humains ayant échappé au conflit vivent à bord de Station, un immense complexe spatial. 
Jack Forster a combattu les IA de la Totalité pour le compte du Panthéon, secondé par Hugo Fist, une marionnette virtuelle, un logiciel de combat ultra-sophistiqué installé en lui. Considéré comme un traître parce qu’il s’est rendu à la Totalité, Jack revient des confins du système solaire pour laver son honneur et trouver sur Station les réponses aux questions qui le taraudent depuis sept ans. 
Mais le temps presse : le contrat de licence de Fist arrive bientôt à échéance ; au-delà, c’est la marionnette qui prendra le contrôle, effaçant irrémédiablement l’esprit de Jack, le condamnant au néant. 

Avec son univers original et ses personnages hors du commun – dont l’inénarrable Hugo Fist –, Station : La chute se lit comme un thriller. C’est LE roman cyberpunk du XXIe siècle.

Al Robertson est conseiller en communication. Il commence à publier des nouvelles en 2004. Station : La chute est son premier roman.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2022)

La collection Lunes d’encre entame l’année 2018 avec un thriller cyberpunk de bon aloi, non seulement lisible, ce que ce sous-genre de SF ne garantit pas toujours, mais de plus original. Loin des sophistications hasardeuses des dernières productions gibsoniennes, Al Robertson propose un premier roman nerveux emmené par un duo de personnages épatants. Saluons le travail de traduction et de relecture et écartons d’emblée le sujet qui fâche. Qu’est ce que c’est que ce titre incompréhensible Station : la chute ? L’ouvrage raconte la lutte prométhéenne d’un humain contre les Dieux qui gouvernent un complexe spatial abritant les derniers survivants d’une Humanité en guerre contre des IA. Le titre original Crashing Heaven semble explicite : c’est le Ciel qui tombe, pas la station…

La littérature de science-fiction n’est jamais aussi intéressante que lorsqu’elle remplit son rôle de poil à gratter de la modernité. Considérant d’un œil narquois les gentils assistants virtuels qui polluent nos portables et écrans, Al Robertson ressuscite la marionnette Hugo Ficht issue d’un vieux film d’horreur des années 50 et en fait le compagnon logiciel et insupportable d’un aventurier dégoûté de la guerre. Jack Foster revient  régler ses comptes sur la Station et retrouver la belle Andrea, une chanteuse de bar.

Déambulant entre Homeland et Dockland l’Humanité rescapée tente d’oublier son triste sort en s’absorbant dans la réalité virtuelle de la Trame et en remettant son destin aux mains de consortiums divinisés. A sa manière l’auteur crée une sorte de Divine Comédie 2.0. A Heaven siègent les Dieux du Panthéon. Sandal est responsable des transports, Kingdom entretient les infrastructures, East, Venus des temps futurs, gère la communication etc … Tous entretiennent des relations privilégiés avec certains de leurs adorateurs. « Tout en bas », dans l’Allée des Cercueils circulent les Revenants. En effet dans cette espèce de rond de serviette orbitant autour d’une Terre défunte, nul ne meurt jamais complètement.

La quête de vérité du héros et l’évolution des rapports entre marionnette et marionnettiste constituent la trame de la narration. Mais ils n’occultent pas le plaisir de l’immersion propre au genre. En mode cyberpunk nos vies sont elles autre chose qu’un peu de tôle froissée peuplée d’images ?

 

SOLEIL VERT (site web)
Première parution : 1/11/2022
dans nooSFere


Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2018)

   Depuis qu’elle a été expulsée de la Terre par des IA militaires devenues incontrôlables, l’humanité s’est réfugiée dans l’espace. Entre les bases sur la Lune, Mars ou d’autres astres telluriques, et plusieurs habitats artificiels, les hommes ont confié leur destin aux dieux du Panthéon, autrement dit un conglomérat d’entités numériques collectives. Sur Station, la principale colonie humaine, le confort s’achète désormais à prix d’or. Des licences qui permettent d’enrichir la réalité augmentée de la Trame, un filtre bienvenu permettant de masquer la froideur et la décrépitude des lieux. Un bon moyen aussi d’oublier l’exil et le spectacle déprimant offert par le clair de Terre. Pour le commun des mortels, la Trame est devenue indispensable. Elle donne accès au réseau, revêt l’architecture de la station de textures riches et variées, s’ajustant aux préférences des habitants, et elle permet de communiquer avec les dieux. Elle socialise et exclut à la fois, proscrivant de l’environnement visuel des usagers les personnes indésirables. Elle héberge enfin dans ses serveurs la conscience téléchargée des défunts, procurant à leurs proches un peu de réconfort. Longtemps, la Guerre Logicielle contre la Totalité, des IA entrées en rébellion, a menacé cet équilibre. Une trêve fragile a fini par être signée, au prix de concessions difficilement acceptées par tous et du retour des prisonniers de guerre. Tout juste libéré, Jack Foster entend goûter à son amnistie pour se réconcilier avec ses parents et retrouver la femme qu’il a aimée jadis. Quatre mois d’existence avant d’être chassé de son corps par Hugo Fist, le logiciel de combat implanté dans sa chair. La licence d’utilisation arrivant bientôt à échéance, le contrat prévoit en effet l’effacement de sa psyché au profit du parasite numérique, dont le sale caractère et le peu d’empathie constituent un fardeau de plus en plus lourd à porter. Mais les événements le poussent à reprendre le fil d’une enquête que son engagement dans l’armée l’avait obligé à abandonner.

   Crashing Heaven, reprenons le titre original, entretient une parenté très forte avec le roman noir. En d’autres temps, d’aucuns auraient invoqué le cyberpunk, courant initié et définit par Bruce Sterling et ses confrères neuromantiques. Mais les temps changent, et si l’univers d’Al Robertson se nourrit d’ultra-technologie, transhumanisme et vision post-singularité y compris, il n’en reste pas moins empreint d’un classicisme indéniable, jusque dans son intrigue lorgnant de manière évidente vers le roman noir. On y retrouve ainsi le sempiternel duo d’enquêteurs, bon flic/méchant flic, ici incarnés par Foster, un vétéran de la Guerre Logicielle, et Fist, l’IA bagarreuse. Blade runner n’est pas loin, mais aussi Dashiell Hammett, Foster reprenant l’archétype du dur-à-cuire, bien sûr désabusé, et pourtant prêt à rétablir un tort, même s’il sait que cela ne changera pas grand chose à la réalité sociale. Face aux puissances du Panthéon, ces entités logicielles tutélaires faisant la pluie et le beau temps sur Station, et face à la Totalité, le duo doit se garder des complots et manipulations sans oublier la pression hostile des anciens collègues de Foster, les flics de l’InSec. Al Robertson use et abuse des poncifs du roman noir, saupoudrant le tout d’un vernis mythologique, les manigances du Panthéon rappelant en effet beaucoup celles des dieux antiques. On pense toutefois aussi beaucoup à Destination ténèbres de Frank M. Robinson, où l’équipage de l’Astron use de falsifs, des environnements virtuels qui embellissent coursives et cabines du vaisseau-génération. Le traitement de la conscience des défunts et la marchandisation de l’existence évoquent Noir, le roman de K.W. Jeter, où le héros dispose d’ailleurs d’implants oculaires lui faisant appréhender la réalité à la manière d’un roman noir des années 1940-1950. Bref, s’il ne fait pas toujours montre d’une extrême originalité, Al Robertson n’en construit pas moins un monde cohérent, sous-tendu par une intrigue nerveuse. Et même si l’on peut regretter cent pages de trop, un déchaînement pyrotechnique et hyper-technologique interminable, Station : la chute n’en demeure pas moins un divertissement stimulant qui s’acquitte de son tribut à ses prédécesseurs avec efficacité. À suivre, peut-être, avec Waking Hell, second roman de l’auteur et nouvelle incursion dans l’univers mis en place avec Crashing Heaven.

Laurent LELEU
Première parution : 1/4/2018
Bifrost 90
Mise en ligne le : 21/4/2023

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