Ray Bradbury, né en 1920. est l'écrivain de science-fiction le plus connu au monde. Ses romans et ses nouvelles ont été lus à des millions d'exemplaires dans presque toutes les langues de la Terre. Passionné par l’image, il est aussi l'auteur de plusieurs scénarios pour le cinéma, dont celui de Moby Dick pour John Huston.
Un soir, l'homme dit à la femme : « Comme ce serait bien s'il n'y avait plus que nous et notre fils sur cette pauvre terre... » Et le lendemain, il n'y a plus qu'eux. Mais pour le petit garçon ce n'est pas si bien que ça... Machines à bonheur, vingt et un récits écrits entre 1949 et 1964, où vibrent la mélancolie humaniste et l’humour crépusculaire qui ont fait le succès mondial de Ray Bradbury.
1 - Les Machines à bonheur (The Machineries of Joy, 1962), pages 17 à 34, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 2 - Celui qui attend (The One who Waits, 1949), pages 35 à 42, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 3 - Tyrannosaurus Rex (Tyrannosaurus Rex / The Prehistoric Producer, 1962), pages 43 à 61, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 4 - Vacance (The Vacation, 1963), pages 63 à 72, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 5 - Le Petit tambour de Shiloh (The Drummer Boy of Shiloh, 1960), pages 73 à 80, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 6 - "Jeunes Amis, faites pousser des champignons dans votre cave…" (Boys! Raise Giant Mushrooms in Your Cellar! / Come Into My Cellar, 1962), pages 81 à 102, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 7 - Presque la fin du monde (Almost the End of the World, 1957), pages 103 à 114, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 8 - On s'en va peut-être (Perhaps We Are Going Away, 1962), pages 115 à 120, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 9 - Retour de la mer (And the Sailor, Home from the Sea / The Forever Voyage, 1960), pages 121 à 131, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 10 - El dia de muerte (El Dia de Muerte / Sombra y Sol, 1947), pages 133 à 145, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 11 - La Dame tatouée illustrée (The Illustrated Woman, 1961), pages 147 à 161, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 12 - Certains vivent comme Lazare (Some Live Like Lazarus / Very Late in the Evening, 1960), pages 163 à 176, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 13 - Un miracle d'architecture (A Miracle of Rare Device, 1962), pages 177 à 194, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 14 - Ainsi mourut Riabouchinska (And So Died Riabouchinska, 1953), pages 195 à 212, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 15 - Le Mendiant d'O'Connell Bridge (The Beggar on O'Connell Bridge / The Beggar on the Dublin Bridge, 1961), pages 213 à 232, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 16 - La Mort et la jeune femme (Death and the Maiden, 1960), pages 233 à 243, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 17 - Un vol de corbeaux (A Flight of Ravens, 1952), pages 245 à 259, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 18 - Le Meilleur des mondes possibles (The Best of All Possible Worlds, 1960), pages 261 à 269, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 19 - L'Oeuvre de Juan Diaz (The Life Work of Juan Diaz, 1963), pages 271 à 284, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 20 - L'Abîme de Chicago (To the Chicago Abyss, 1963), pages 285 à 299, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON 21 - Les Sprinters à l'Antienne (The Anthem Sprinters / The Queen's Own Evaders, 1963), pages 301 à 317, nouvelle, trad. Jean-Pierre HARRISON
Et si vous vous réveilliez et que l’humanité avait totalement disparu ? Si l’absence de télévision et de radio poussait une ville dans une folie colorée ? Si l’avenir d’un couple résidait dans un tatouage, une parcelle de peau nue laissée à l’inspiration de son conjoint ? Si la Mort venait, le temps d’une journée, discuter avec vous ?
Qu’est-ce que le bonheur ? Est-ce être seul au monde ? Devenir célèbre ? Ou bien vivre, tout simplement ? A travers vingt-et-une nouvelles écrites entre 1949 et 1964, Ray Bradbury nous embarque dans son univers aussi poétique que troublant. Chacun y est à la recherche d’un bonheur inaccessible, jusqu’à ce que l’impossible prenne forme. Terre vidée de son humanité, prêtres en quête de spiritualité, fructueuse culture de champignons sont autant de vœux de bonheur. Le tout imprégné de la patte bradburienne : une poésie mélancolique qui s’accorde à merveille aux thèmes abordés. Les rêves tournent parfois aux cauchemars, montrant le revers d’une médaille déjà ambigüe. Les nouvelles s’enchainent et le lecteur admire à la fois l’audace et le style, fluide et poétique.
Il n’est pas exclu, cependant, de se sentir un peu perdu à la lecture de certains des textes de ce recueil. En effet, si ces nouvelles ne manquent jamais d’éveiller l’attention, la prose parfois sibylline de l’auteur peut déstabiliser. Un « flottement » qui s’avère toutefois une force plus qu’une faiblesse, tant il permet au lecteur de projeter ses propres désirs dans l’interprétation du récit.
A la frontière entre les genres, Bradbury nous livre ici des nouvelles très différentes les unes des autres. Proche du conte, « On s’envapeut-être» raconte l’histoire d’un vieillard et d’un enfant de culture indienne faisant face à une menace indistincte. Dans un registre plus réaliste, « La Femme illustrée » ne manquera pas de faire sourire le lecteur devant cette femme dévouée corps et âme à son artiste d’époux. Ou encore « Ainsi mourut Riabouchinska », dans laquelle la relation entre un ventriloque et sa marionnette tend à la fusion de deux êtres en un.
Qu’est-ce que le bonheur, donc ? Une succession d’envies, de désirs, de cauchemars qui font que l’on est, tout simplement. L’attente aussi, comme dans « Celui qui attend », justement. Ou la mort, personnage admirable et succulent dans « La Mortetlajeunefemme». Le bonheur, dit-on, quelque chose comme le simple voyage à travers les pages de ce volume…
« Voici que vient la réalité. Voici que vient l’espace, le temps, l’entropie, le progrès ; voici que défilent sans cesse autourdenousunmilliondechosesplus étonnanteslesunesquelesautres. » Telle est « La Machine à bonheur » de l’immense Ray Bradbury.
Bénédicte COUDIÈRE Première parution : 1/10/2013 Bifrost 72 Mise en ligne le : 1/4/2020