SOLARIS
(Québec, Canada), coll. Solaris (revue) n° 220 Date de parution : 28 octobre 2021 Dépôt légal : octobre 2021, Achevé d'imprimer : octobre 2021 Première édition Revue, 162 pages, catégorie / prix : 13,95 $CDN ISBN : néant Format : 13,3 x 21,9 cm✅ Genre : Imaginaire
Côté fiction, c’est Jean-Louis Trudel qui ouvre le bal avec « Le Matin, les arbres et leurs cadeaux ». Dans ce texte, un changement de paradigme politique a eu lieu. Un souverain mondial a été élu pour contrer l’influence démente des transnationales et autres Gafams. Des arbres nouvelle génération forment un réseau d’information, de surveillance électronique mais aussi un réseau social. Dans ce monde étrange, un peu déboussolant, Anghia est envoyée au Chili pour récupérer une dette. Si l’intrigue centrale n'a guère d’intérêt, elle permettra au lecteur de découvrir graduellement un futur des plus étranges, où le progrès social a pris une forme inattendue.
« L’Artisan du déluge » de Dave Côté intrigue. Un aveugle a un problème avec son interface de vision et ce problème va le pousser à remonter la piste d’un programmeur malheureux et incompris. De bonnes idées, notamment sur l’aide quotidienne que peut offrir la technologie aux handicapés, malheureusement la fin est loupée et le soufflé, qui n’était pas monté bien haut, retombe.
« L’Autre trame du temps » de Hugues Lictevout peine à convaincre, provoque vite l’ennui et, une fois la dernière page tournée, ne reste en mémoire que le temps d’un battement d’ailes de papillon. À oublier. C’est déjà fait.
Orson Scott Card surprend avec sa nouvelle de zombies : « Le Carrousel ». On y suit Cyril, un père de famille dont la femme a trouvé la mort de façon idiote. Ce qui n’a a priori guère d’importance puisqu’elle a ressuscité presque aussitôt, privée de ses besoins élémentaires comme la nourriture ou le sexe, ce qui est le processus normal dans cet univers presque semblable au nôtre. Visiblement contente de son sort, la « zombie façon Nouveau Testament » entraîne plus ou moins volontairement ses deux enfants dans la mort. C’est tellement mieux. La suite de l’histoire est encore plus inattendue. Cyril tombe sur un carrousel dont la gérante, Dorcas, va lui apporter quelques réponses, mais peut-être encore plus de questions. Un texte très étrange, sur les paradoxes de la foi, qui fait beaucoup réfléchir malgré son apparente simplicité.
Mario Tessier clôt la partie fictions avec une visite dans plusieurs couches du multivers ; une nouvelle courte qui fait furieusement penser au récent second roman de Romain Lucazeau, La Nuit du faune. Si une certaine ambition est au rendez-vous, la poésie est quasi-absente et le catalogue ne fonctionne pas, ni en tant que fiction ni même en tant que boîte à idées. Décevant.
Après, c’est comme un tour de carrousel, on passe de Mario Tessier novelliste à Mario Tessier essayiste. C’est le gros morceau de ce Solaris, un long article, très fouillé, très documenté, sur les cartes, les mappemondes et les territoires imaginaires ; on passe de Tolkien à Alberto Manguel, de Borges à Thomas Harris. Un fabuleux voyage, pour le moins, qui donne un peu le tournis (c’est dense).
Les rubriques habituelles complètent ce numéro ; certaines critiques sont hilarantes.