Edwin ABBOTT Titre original : Flatland: A Romance of Many Dimensions, 1884 Première parution : Seeley & Co, 1884ISFDB Traduction de (non mentionné)
RROYZZ
(Yutz, France) n° 2 Date de parution : 1er septembre 2013 Dépôt légal : septembre 2013 Réédition Roman, 132 pages, catégorie / prix : 9 € ISBN : 978-2-36372-001-6 Format : 16,0 x 22,0 cm❌ Genre : Science-Fiction
Un carré ne peut que vivre à Flatland, l’univers à zéro, une ou deux dimensions. Pointland, Lineland et Surfaceland, sont les trois composantes du pays Flatland. Dans ce pays plat, les figures ont des habitudes, ont développé des croyances, des certitudes et des mœurs fondés sur de bonnes raisons ou des expériences plus ou moins vérifiables, mais bien en vigueur.
Mais l’arrivée d’une sphère va éveiller la conscience du carré, bouleversant sa vision du monde. Ce monde si bien ordonné est-il en danger ? Et s’il existait une 4e dimension ?
Edwin A. Abbott était le fils de Edwin Abbott (1808–1882), directeur de l’école philologique de Marylebone. Il suit les cours de la City of London School puis du St John’s College de l’université de Cambridge, où il reçoit les plus prestigieuses récompenses dans tous les domaines, avant de devenir
« fellow » de son college (Université). Après avoir obtenu son Master à la King Edward’s School à Birmingham, il succède à G. F. Mortimer comme directeur de la City of London School, en 1865 ; il n’a alors que vingt-six ans. Il se retire en 1889 et se consacre à l’écriture et aux études théologiques. Les inclinations théologiques libérales du Dr. Abbott sont évidentes à la fois dans sa vision pédagogique et ses livres.
Classique inclassable, longtemps ignoré en France 1, Flatland séduit par sa logique mathématique qui, elle seule , autorise la prouesse de décrire la société d'un univers à deux dimensions, plat, sans haut ni bas, peuplé de figures géométriques ayant leurs moeurs, leur religion, leurs classes sociales. On y apprend ainsi que les Triangles, obtus militaires, sont moins irréfléchis lorsqu'ils se rapprochent de l'isocèle, que la hiérarchie sociale est affaire de segmentation : les formes les plus segmentées se rapprochent toujours plus du cercle, modèle inaccessible de perfection.
Discret pamphlet de l'époque victorienne, ce récit d'un Carré (pas très haut dans l'échelle sociale, donc) appréhendant la troisième dimension, acquiert de fait une dimension universelle quand il s'en prend aux esprits étroits qui refusent d'imaginer quelle perception ils auraient d'un univers doté d'une dimension supplémentaire, autrement dit qui refusent les jeux spéculatifs tels qu'en propose la science-fiction. Message de tolérance, plaidoyer pour l'ouverture d'esprit et la liberté d'opinion, la leçon d'Abbott conserve, plus d'un siècle après, toute son actualité. Mais l'œuvre était indubitablement en avance sur son temps : la façon dont un habitant d'un monde à deux dimensions appréhenderait un être venu de la troisième développe des concepts qu'on ne retrouvera que trente ans plus tard, dans la théorie de la Relativité.
Comme son confrère Lewis Carroll, né six ans avant lui, Abbott est un clergyman qui a développé dans sa littérature un délire basé sur la logique.
Pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture, il est déconseillé de commencer par la préface de Manganelli, qui paraphrase plus qu'il ne commente l'oeuvre. Lisez-la ensuite si ça vous chante, mais ne manquez surtout pas ce petit bijou fascinant qu'est Flatland. Toute l'essence de la S-F est là et, dans la description d'un univers à deux dimensions, on n'a encore jamais fait mieux !