MNÉMOS
(Saint-Laurent d'Oingt, France), coll. Stellaire Date de parution : 6 novembre 2024 Dépôt légal : novembre 2024, Achevé d'imprimer : octobre 2024 Réédition Roman, 560 pages, catégorie / prix : 25 € ISBN : 978-2-38267-159-7 Format : 14,2 x 20,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Alors qu'elle a commis une faute grave, la jeune Birana est bannie de la Cité des femmes et se retrouve livrée au monde extérieur et à la barbarie des hommes qui y errent en hordes.
Que peut-elle attendre de ces sauvages qui la considèrent comme une déesse, mais qui découvriront sa nature humaine et ses faiblesses ? Résistera-t-elle longtemps à Arvil, cet homme partagé entre l'adoration et le désir, l'amour et la perte progressive de sa foi envers la Dame ? Que découvrira-t-elle enfin de si bouleversant sur cette société coupée en deux, sur cette autre moitié de l'humanité, tout comme sur elle-même ?
L'avis de l'éditeur
Après avoir été une anthologiste renommée de la SF américaine écrite par des femmes, Pamela Sargent nous livre cette œuvre pionnière de la science-fiction féministe, à la fois militante et sensible, dans la droite ligne de Ursula K. Le Guin ou Margaret Atwood. Elle tisse un grand roman humaniste sur la tolérance, traçant une voie fragile et exigeante où chaque genre ne peut s’élever et s’épanouir qu’avec le soutien de l’autre.
Pamela Sargent est une autrice américaine de science-fiction née en 1948.
Elle a remporté le Nebula et le Locus Award, et a été finaliste du prix Hugo.
« Pamela Sargent dissèque et révèle les peurs, passions et espoirs des personnages intensément humains qui peuplent chacun de ses romans »
Michael Bishop
La Terre, il y a des siècles, a été ravagée par une guerre nucléaire due à la violence des hommes, et les femmes, douées de sensibilité, pacifistes et porteuses de vie, ont chassé les mâles des villes. C'est le point de départ du roman. Les hommes sont des brutes assoiffées de sang méritant à peine le titre d'humains, au contraire des femmes qui possèdent la technologie et le comportement d'êtres supérieurs, bien loin de la violence et de la barbarie.
Il est toujours très difficile de construire un roman sur ces thèmes sans tomber dans le caricatural. L'auteur s'en sort honorablement, tout en nuances, malgré des échouements sans gravité sur quelques-uns des écueils qui parsèment ce genre quelque peu démonstratif.
Les hommes, relégués à l'extérieur, ont tout oublié, depuis les sciences jusqu'à l'existence des femmes elles-mêmes. Ils sont soumis par le biais du culte de la Dame, dont les sanctuaires, répartis dans le monde, sont des centres reliés télépathiquement aux villes. Les Mères de la cité peuvent y sélectionner ceux qui présentent un comportement et un patrimoine génétique favorables à la reproduction et à l'amélioration de l'espèce humaine.
La structure même de cette civilisation féminine présente quelques subtiles failles qui faussent son cadre idyllique et donnent au récit la crédibilité qui le sauve de la caricature. La description des clans et tribus des hommes est un peu plus grossière, moins élaborée que celle des cités féminines, mais leur sexualité est évoquée tout en finesse, ce qui est très rare et fort remarquable.
Pour donner de l'envergure à cette aventure, Pamela Sargent traite les problèmes des cités par le biais de personnages secondaires impliqués dans l'errance des protagonistes. Elle nous montre ainsi les dessous d'une société dont la survie est finalement due au sacrifice de certaines femmes qui acceptent de faire naître des hommes, de les élever durant les premières années et ensuite, une fois qu'ils sont chassés à l'extérieur, de les surveiller et de les réprimer quand ils osent quitter le stade barbare de la société néolithique pour s'organiser en villages et faire renaître l'agriculture. Malheureusement, cette tension sous-jacente à l'équilibre des cités est seulement effleurée et jamais approfondie. C'est dommage, car un traitement plus fouillé de cet aspect aurait donné une autre ampleur au roman.
De fait, en 700 pages, l'auteur n'a jamais réussi à m'émouvoir ni à m'impliquer. Je ne me suis pas ennuyé, loin de là, mais cette absence d'ambition dans l'élaboration dramatique fait que jamais le monde créé ne prend vie. Il reste morne, et une fois le livre fermé, il s'éteint, au contraire de Chroniques de Pays des Mères d'Elisabeth Vonarburg, qui traite le même sujet de manière autrement plus efficace (c'est d'ailleurs un des plus beaux romans de SF que j'ai jamais lus). Finalement Le Rivage des femmes est un livre honorable, bien fait, sensible, mais sans passion. Pour ne pas finir sur une note trop négative, je reconnais que ce genre de thème est souvent très diversement ressenti, selon la sensibilité propre du lecteur.