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Le Voyage de Simon Morley

Jack FINNEY

Titre original : Time and Again, 1970
Première parution : Simon & Schuster, 1970
Cycle : Simon Morley vol. 1 

Traduction de Hélène COLLON
Illustrations intérieures de (non mentionné)

DENOËL (Paris, France), coll. Présences n° (11)
Dépôt légal : avril 1993
Première édition
Roman, 480 pages
ISBN : 2-207-24049-5
Format : 14,0 x 20,5 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Pour remonter physiquement dans le passé lointain, nul besoin d'une machine temporelle à la H. G. Wells. C'est une affaire de concentration mentale. Telle est la théorie du Pr Danziger.
     Reste à la mettre en pratique en recrutant des individus possédant les aptitudes requises pour basculer dans le temps que l'on croyait perdu.
     Simon Morley, jeune dessinateur dans une agence de publicité new-yorkaise, fait partie de ces « élus ». Informé du projet du Pr Dantziger, il doute, hésite. Mais la médiocrité de son existence, la curiosité, et le mystère qui entoure la mort d'un aïeul de son amie Kate finissent par le décider à tenter l'expérience d'un glissement dans le New York de 1882...
 
     Evocation historique conjuguant le témoignage écrit et visuel (la narration est accompagnée de dessins et photographies d'époque), enquête policière, histoire d'amour, aventure fantastique, Le Voyage de Simon Morley articule harmonieusement tous les genres romanesques pour aboutir à un livre unique : l'équivalent d'une superproduction cinématographique qui ferait revivre sous nos yeux un New York encore dans son enfance mais aussi riche de surprises et de poésie que celui que nous connaissons.
 
     Jack Finney, né en 1911 et venu à l'écriture sur le tard, est l'auteur de nombreuses nouvelles et d'une dizaine de romans touchant à tous les genres. Surtout connu par le livre adapté à l'écran sous le titre L'Invasion des profanateurs (Don Siegel, 1956 ; Philip Kaufman, 1978), il est aujourd'hui l'objet d'une redécouverte qui fait mesurer toute l'ampleur de son talent. Le Voyage de Simon Morley, considéré comme son chef-d'oeuvre, fait désormais partie des classiques de la littérature américaine.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2000)

     Le voyage de Simon Morley... Ni « extraordinaire » ni « merveilleux », c'est un voyage « ordinaire  » que semble nous promettre ce titre d'une inhabituelle simplicité. Pourtant il est loin d'être banal, ce voyage  : d'abord il se passe non dans l'espace mais dans le temps  ; ensuite, il ne demande ni machine, ni technologie complexe, car il suffit de soigner la reconstitution, de se mettre dans l'ambiance, de s'imprégner de ces mille détails qui caractérisent une époque... L'esprit fait le reste : quand vous y croyez, vous y êtes !

     L'artifice est bien sûr assez peu vraisemblable, et en particulier il paraît difficile de croire que des scientifiques et des organismes sérieux ait fourni les sommes nécessaires à un projet aussi extravagant. Pourtant, par la qualité de la narration, par la richesse des détails, par le soin apporté à la reconstitution d'une époque perdue, Finney parvient à rendre l’incroyable parfaitement crédible.

     Vient alors un lent récit de voyage, qui se déroule au rythme du XIXème siècle, avec documents, croquis ou photographies en noir et blanc à l'appui. Simon Morley n'hésite pas à peindre les scènes qu'il découvre ou à tirer le portrait des personnages qu'il croise, et cette riche iconographie contribue évidemment beaucoup à l'impression d'authenticité.
     S'il est un mot qui caractérise parfaitement cette balade, c'est « nostalgique ». Finney ne cherche pas à porter un œil critique sur le XIXème siècle. Ce qu'il nous montre, c'est une époque douce et heureuse, où l'optimisme règne, où l'on prend le temps de vivre... Une époque idéalisée à l'extrême, mais qui demeure réaliste, très éloignée des fantasmes steampunk.

     Ce lent voyage n'enthousiasmera sans doute pas tout le monde. Les amateurs d'une SF trépidante, du space opera échevelé au cyberpunk halluciné, seront sans doute déroutés par le rythme très particulier de ce séjour dans un univers sorti tout droit de la douce rêverie qu'engendre la contemplation d'un daguerréotype, quand on se souvient que la personne qui nous regarde si intensément n'est plus que poussière depuis longtemps.
     Pour soutenir l'intérêt, Finney a cependant ajouté une enquête policière, des histoires de corruption, des intrigues sentimentales, etc. Mais si ces péripéties animent le roman, le véritable intérêt demeure dans l'évocation fascinante de ce passé ramené à la vie, évocation d'une telle profondeur qu'elle rend ce récit inoubliable, tant il ne ressemble à aucun autre.
     Le voyage de Simon Morley a obtenu le Grand Prix de l'Imaginaire lors de sa précédente parution (collection Présences), et c'est l'un des rares ouvrages à paraître pour la seconde fois dans une collection de moyen format, signe supplémentaire de son caractère hors norme. C'est sans nul doute un grand roman, qui comblera tous les amateurs de livres différents  !

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 10/7/2000
nooSFere


Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2000)

     Simon Morley mène une petite vie tranquille et morne. Son travail de dessinateur pour une agence de publicité n'est guère stimulant, et il se remet doucement de son divorce. Aussi, lorsqu'il se voit proposer de participer à un projet gouvernemental mystérieux dirigé par le Pr. Danziger, il est intrigué et intéressé malgré lui.
     Le professeur a une théorie surprenante sur le temps. Il considère que le passé et le futur sont toujours là, mais que nos perceptions nous limitent à n'appréhender que le présent. Tout dans notre environnement nous rappelle à quelle époque nous vivons. Le professeur est persuadé que pour voyager dans le temps, il suffirait de recréer les conditions les plus exactes possibles d'une période du passé afin de se conditionner mentalement à y vivre. Simon se retrouve donc à étudier le XIXe siècle et passe son temps, seul dans un vieil immeuble, à se persuader qu'il vit en 1882. L'expérience est difficile et le découragement n'est pas loin, jusqu'au jour où, sortant faire une promenade, il se retrouve vraiment en 1882 pendant une demi-heure. Cette courte expérience est la première réussite du projet et Simon devient le fer de lance du programme d'étude. Il retourne dans le passé en s'impliquant chaque fois un petit peu plus dans ce temps révolu.

     Le voyage de Simon Morley est sans doute l'une des histoires les meilleures et les plus originales qui aient été écrites sur le thème du voyage temporel. Tout d'abord, cette manière de voyager dans le temps en se débarrassant de toute technologie permet au lecteur de se plonger avec Simon Morley dans le New York de 1882, si différent de celui d'aujourd'hui qu'il apparaît d'abord comme une lointaine contrée exotique, lorsque le héros et narrateur de l'histoire parcourt la ville pour la première fois, comme un touriste se promènerait dans un décor de carte postale en s'émerveillant du moindre détail. Puis, au fur et à mesure de ses contacts avec les gens qu'il croise, Simon s'aperçoit que ces derniers sont aussi réels que lui et le décor perd définitivement son côté carte postale pour devenir plus concret encore. Lorsqu'il s'installe dans une petite pension pour quelques jours, on découvre avec lui les pensionnaires et leur quotidien, dans lequel Simon se coule peu à peu. L'identification du lecteur à Simon Morley est totale, le récit nous permettant de nous immerger dans le passé en même temps et avec la même intensité que le protagoniste, ou presque.

     Ce roman a la particularité de contenir de nombreuses illustrations  : des dessins effectués par le narrateur ou des photos prises par lui ou par un autre personnage. Simon Morley commente ces illustrations dans son récit et on a parfois l'impression de lire un reportage, tellement les détails sur le XIXe siècle sont nombreux. On se prend à rechercher sur une photo tel détail signalé par le narrateur, à retracer le chemin qu'il a parcouru, à s'attarder sur le dessin d'un personnage, bref, quelle magnifique idée que ces illustrations qui renforcent un texte déjà extraordinaire  !

     Mais le roman est bien loin de se limiter à la description étonnamment réaliste et un brin nostalgique d'un temps révolu. C'est aussi une très belle histoire d'amour à travers le temps, une enquête sur un mystère du passé, sans oublier les inévitables questions sur les modifications de l'histoire, ainsi que bien d'autres rebondissements qui laissent le lecteur émerveillé et abasourdi jusqu'au dénouement, implacable de logique. Lorsqu'après cinq cents pages d'un voyage intense on referme enfin le livre, un seul mot s'impose à l'esprit pour le qualifier  : chef-d'œuvre  !


Frédéric BEURG (lui écrire)
Première parution : 1/9/2000
nooSFere


Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2000)

     Exemple supplémentaire de la fascination de l'avant 1914, ce voyage vers le New York de 1882, déjà paru il y a sept ans sous le bleu neutre de la feue collection « Présences », parle certes de chantage, de corruption politique, d'incendie spectaculaire. Mais tout comme les intéressantes réflexions éthiques sur les modifications possibles de l'Histoire, l'intrigue, au-delà de ses qualités, de son intérêt, est avant tout prétexte à description, à reconstitution, à nostalgie. Gravures et photographies anciennes contribuent à accentuer un plaisir de même nature que celui que l'on éprouve en feuilletant d'anciens guides de voyage. L'archaïsme assumé se retrouve dans l'absence de toute technologie imaginaire, le glissement temporel, bien que matériel, se faisant par reconstitution du passé et absorption par ce décor, méthode relevant en fait du fantastique. Et ce qui est regretté, c'est une sorte de douceur de vivre et non un rêve modernisateur, ceci sans doute autant du fait de la personnalité de l'auteur que d'une rédaction antérieure aux actuelles apparences de sortie de crise.
     Sur ces bases, on a un grand livre, justement salué lors de sa première publication. Un livre à s'offrir, et aussi à offrir à des gens qui ne sont pas spécifiquement amateurs de SF, tant il permet de convergences. Un livre qui fait espérer la prochaine réédition du Balancier du temps, qui en est la suite.

Éric VIAL (lui écrire)
Première parution : 1/6/2000
dans Galaxies 17
Mise en ligne le : 1/11/2001


Edition DENOËL, Lunes d'Encre (2000)

     Ce qui nous immerge dans le présent, ce sont les multiples fils que tissent l'environ­nement, l'architecture des bâtiments, le lan­gage, les objets... Les rompre, en reconsti­tuant l'atmosphère et le décor d'une époque révolue, en s'imprégnant du passé, permet de voyager vers ce passé. C'est ainsi que Simon Morley, dans le cadre de recherches secrètes du gouvernement américain, effectue plusieurs missions dans le New York de 1882. Il s'isole dans un immeuble de l'époque, y vit comme un citoyen du XIXe siècle jusqu'à ce que, se sentant prêt, il effectue ses premiers pas à l'extérieur...

     Au cours de ces voyages, Simon tente d'élucider le mystère du suicide de l'aïeul de son amie Kate, ce qui l'amènera à découvrir des malversations inconnues des historiens. Il tombe également amoureux de Julia, la jeune fille de la pension où il est descendu.

     Malgré la minceur de l'intrigue, l'intérêt est soutenu de bout en bout grâce à la richesse des détails restituant la fin du XIXe siècle à New York. Chaque événement permet de mesurer à quel point la société a changé. Le comportement, les modes de pensées, la psychologie des gens de l'époque sont par moments aussi éloignés des nôtres que ceux d'un extrater­restre, ce que Simon paraît être parfois. Malgré son imprégnation de l'époque, il commet de menues erreurs — ainsi quand il exécute le portrait de Julia, portrait qui déroute car les traits de son esquisse ne se touchent ni ne se ferment, ce qu'un œil du XIXe siècle est incapable d'interpréter comme étant un dessin réussi.

     La lecture de ce roman abondamment illustré est un réel bonheur. Les descrip­tions dont il fourmille ne sont en rien pesantes, au contraire : elles constituent la matière même du livre. Grâce à elles, l'imprégnation est totale. C'est le lecteur qui, désormais, voyage dans le temps.

     Ce roman de Jack Finney qui a obtenu le Grand Prix de l'Imaginaire en 1994, a depuis été suivi d'un autre, Le Balancier du temps, tout aussi passionnant. Sa réédition s'imposait.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/10/2000
dans Bifrost 20
Mise en ligne le : 13/9/2003

Prix obtenus
Grand Prix de l'Imaginaire, Roman étranger, 1994


Cité dans les pages thématiques suivantes
Voyages dans le temps

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