Quatrième de couverture
Une dynastie de bouchers régnant sur un empire de viande crue. Une forteresse abattoir perdue au coeur des sables où l'on thésaurise la chair et le sang des « montagnes vivantes », ces animaux fabuleux endormis pour mille ans et qui ne s'éveillent que pour mourir. Une société décadente où les ethnies, les castes, ont été remplacées par les systèmes d'alimentation, confrontant en luttes sourdes les carnivores, les végétariens, et les autonomes qui se nourrissent de leur propre corps ! Mais quel complot se trame donc au sein des sables acides opposant en un duel sanglant les Maîtres des abattoirs, leurs esclaves dépeceurs et les nomades des oasis pliables ? Quel secret — brusquement redécouvert — risque donc de faire trembler la planète sous le formidable piétinement né du balancement cadencé des montagnes en marche ? Critiques des autres éditions ou de la série Edition DENOËL, Présence du futur (1982) Serge Brussolo avait déjà conquis la faveur du public avec ses deux recueils Vue en coupe d'une ville malade et Aussi lourd que le vent tous deux parus en « Présence du Futur ». Nous connaissions déjà la qualité du style de cet écrivain, véritable artisan du verbe. Brussolo nous plonge ici dans un univers insolite avec ses propres lois, ses propres règles. Il bâtit une nouvelle création qu'il maîtrise dans ses moindres détails. Et pourtant, qu'il est complexe cet univers de la planète Almoha, planète entièrement couverte d'un vaste désert de sables acides. L'auteur nous introduit dans une civilisation divisée en trois castes : celle des Bouchers carnivores qui emmagasinent la viande des montagnes-animaux, celle des Nomades végétariens qui voyagent à dos de chameaux-carapaces ou campent sur les peaux des animaux-montagnes, et celle des dépeceurs autonomes qui se nourrissent de leur pilosité. A travers les péripéties de l'héroïne. An, une femme autonome qui s'est jointe à une tribu nomade, Brussolo se livre à une critique sociale qui débouche sur le problème du racisme. Dans un cadre qui rappelle étrangement la Palestine, comment ne pas y voir une critique de l'antisémitisme ? Même les noms des personnages rappellent le peuple élu : Sarah la nourrice, An l'héroïne, Natanesh Natân... Mais, comme dans ses écrits précédents, Brussolo développe un thème qui lui est cher : l'écologie. C'est d'ailleurs dans ce domaine que ce roman trouve son apothéose. Les dernières lignes constituent un tableau noir, sans avenir, marqué par l'ombre de la pollution. « Il savait qu'au début du XXIe siècle on avait placé en orbite nombre de ces terres artificielles avec l'idée d'en faire en quelque sorte des annexes du vieux continent de cette antique Terre ravagée par la pollution, crevant sous ses déchets plus sûrement que sous le pilonnage d'une autre guerre mondiale », (p. 216). Il va sans dire qu'il est nécessaire de lire ce livre, la meilleure production française de ces dix dernières années. Frédéric KURZAWA Première parution : 1/3/1982 dans Fiction 327 Mise en ligne le : 13/1/2009
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